La
sortie en DVD de La Guerre
des yokai de Takashi Miike (qu’on connait sous son titre anglais The Great yokai war) est l’occasion de
découvrir les trois « yokai » originaux tournés par la Daei en 1968
et 1969. La Malédiction des yokai
pose les bases de la légende des 100 monstres, même si le public japonais de
l’époque les connaissait parfaitement. Les principes sont énoncés en ouverture
par un récit dans le récit où un vieil homme raconte avoir rencontré un monstre
(ici un cyclope géant et couvert de poils).
Ce
que l’on apprend ensuite, c’est qu’il faut pratiquer une séance d’exorcisme pour
être certain qu’aucun monstre ne viendra hanter la demeure. Le vieil homme est
écouté silencieusement par tous les villageois. Assez vite, le film va séparer
en deux entités irréductibles les villageois qui croient dans les légendes et
le gouverneur qui n’y croit pas. Ce dernier a décidé de s’approprier les
masures des habitants sous la menace pour construire une maison de jeu. Plus
grave, il décide de démolir le sanctuaire.
Le
scénario est des plus classiques dans le traitement des injustices. Le
gouverneur, aidé par une bande de gros bras patibulaires ne veut pas seulement
les terrains, il convoite aussi la jeune femme innocente qui défend les
opprimés. L’argent et le sexe sont les deux points faibles du gouverneur. Pas
de chance pour lui, un jeune homme vaillant va tout mettre en œuvre pour faire
échouer ces plans. Le gouverneur est un homme sans paroles. Il promet de
laisser le terrain au propriétaire s’il s’acquitte de sa dette. Il prendra
l’argent et le tuera.
En
revanche, ce qui lie le gouverneur et les villageois est leur passion à écouter
les histoires des monstres. Il invite un conteur dans sa demeure. Le conteur,
dans un deuxième récit dans le récit, narre l’histoire de deux samouraïs venus
pêcher dans un étang. Arrogants, ils refusent d’écouter un vieux bonze qui les
prévient de ne pas rester là. Rentrées chez eux, la femme de l’un d’eux se
transforme en monstre au long cou et les terrifie. Les deux hommes seront retrouvés
morts le lendemain.
Le
gouverneur, dans sa grande arrogance, ne veut pas que le conteur pratique
l’exorcisme. Comme les deux samouraïs, il ne croit pas aux monstres. Le conteur
avait pourtant décrit que ceux qui s’emparent des biens qui ne leur appartient
pas méritent une punition. Avec tous les méfaits qu’il a engendré, il aurait
pourtant du se méfier car les monstres vont venir dans sa demeure. Ils se
vengent de son absence de respect des traditions et du vol des villageois. Les
apparitions ne sont pas effrayantes, se plaçant dans une poétique avec les
déguisements faits de bric et de broc.
Ce
qui est plus intéressant est que seuls les méchants du film verront les
monstres. Ils n’apparaitront jamais aux villageois alors que ce sont eux qui y
croient le plus. Un autre personnage les verra, le fils du gouverneur qui a un
esprit simple et qui se lie d’amitié avec le monstre parapluie (il tire une
longue langue qui chatouille le personnage). Les apparitions sont peu
fréquentes. Le film étant très court (75 minutes), le récit joue précisément
sur l’attente du spectateur de voir les montres et éventuellement de croire à
leur existence.
La
Malédiction des yokai (妖怪百物語, Japon, 1968) Un film de
Kimiyoshi Yasuda avec Shinobu Araki, Jun
Fujimaki, Ryûtarô Gomi, Jun Hamamura, Tatsuo Hanabu, Shozo Hayashiya, Masaru
Hiraizumi, Takashi Kanda, Miwa Takada, Shôsaku Sugiyama.
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