samedi 13 mars 2010

Le Prince Nezha triomphe du Roi Dragon


Il était une fois… les studios d’animation de Shanghai qui n’avaient pas pu tourner de film depuis le début de la Révolution Culturelle. Quinze ans sans dessin animé depuis 1964 et la seconde partie du Roi singe. De toute façon, aucun film n’avait été tourné pendant ces sinistres années, puis lentement un cinéma de stricte propagande s’était développé et quelques courts métrages d’animation que l’on redécouvre parfois en France. Le Prince Nezha triomphe du Roi Dragon est présenté hors compétition au Festival de Cannes 1980 sous le titre Nezha dompte le Roi Dragon.


Il était une fois, un général qui attendait que sa femme accouche enfin. Deux ans de grossesse, c’est long. Et quand elle met au monde son enfant, un œuf est là d’où sort un minuscule enfant, Nezha. L’enfant a déjà des cheveux et a grandi dans cet œuf. Il revêt une blouse rouge et un dieu arrive sur sa cigogne pour lui donner des pouvoirs magiques. Avec son anneau d’or, il peut se battre contre les méchants. Et tout ce que veut Nezha, c’est faire le bien dans le monde légendaire dans lequel il vit.


Le mal est incarné par quatre dragons de quatre couleurs, respectivement blanc, noir, vert et rouge. Ils vivent sous l’océan et font régner la terreur sur terre en créant une sécheresse. Les dragons en veulent toujours plus et envoient des créatures marines faire leurs basses œuvres, notamment terrifier le bon peuple qui ne veut que travailler leur jardin pour manger à leur faim. Les offrandes n’y feront rien, les dragons veulent devenir les maîtres du monde.


Compte tenu du contexte politique de l’époque, il n’est pas interdit, bien au contraire, de voir dans ces quatre dragons les membres de la bande des quatre qui furent jugés seuls responsables de l’échec de la RévoCul. Le film dénonce les vieilles croyances, les superstitions et les abus de pouvoir. Nezha représente le bon peuple qui avec l’idéologie acceptable va libérer les paysans du joug insupportable des dragons dictateurs, menteurs et arrogants. Car le problème principal de ces quatre dragons et qu’ils font des promesses qu’ils ne tiennent pas.

Passé le cap de l’habituelle propagande inhérente au cinéma de Chine, le dessin animé est splendide. Picturalement, l’animation est très fluide et rythmée. Les vagues que provoquent les dragons et qui submergent les humains rappellent les estampes ancestrales. C’est surtout un festival de couleurs auquel assiste le spectateur exhaussées par le format scope. D’une certaine manière, la belle forme annule le fond politique.


Le Prince Nezha triomphe du Roi Dragon (哪吒, Chine, 1979) Un film de Yan Dingxiang, Wang Shuchen et Xu Jingda. Animation.

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