lundi 1 mars 2010

Mongolian pingpong


Des enfants trouvent une balle de ping-pong dans une rivière. Ils ne savent pas ce que c'est et le considèrent comme un " trésor des esprits ". Les enfants attribuent à la balle des pouvoirs magiques, notamment celui de faire des éclairs et du tonnerre. Petit à petit, grâce à la télé qu'ils entendent sans réussir à capter l'image, ils comprennent que le ping-pong est le sport national chinois. Les enfants décident d'aller à Pékin rendre la " balle nationale ", mais se trompent de direction et manquent de mourir de soif dans le désert de Gobi.


Il y a deux manières de voir le film de Ning Hao. La première consiste à apprécier tranquillement un gentil récit initiatique qui permet à des enfants de devenir plus adultes, de le voir se confronter à la réalité de la vie. Enfants qui déjà ont des activités d'adultes : aider les parents, conduire, mener le troupeau, boire de la bière. Mongolian pingpong permet aussi d'admirer les paysages magnifiques et de rencontrer une civilisation trop méconnue, comme l'avait permis Le Chien jaune de Mongolie . Tout le monde est à peu près sympa, il n'arrive pas grand-chose de très grave à quiconque et l'histoire de la balle de ping-pong est rigolote et pleine d'esprit.


Et il y a aussi la lecture idéologique, puisque derrière chaque film chinois il y a l'idéologie. Mongolian pingpong commence par une séquence où les personnages se font prendre en photos en habits occidentaux Place Tien Anmen. On comprend vite qu'ils ne sont pas à Pékin, quand la toile peinte de l'Arc de Triomphe apparaît devant eux. Puis, ils se débarrassent des costumes européens pour reprendre leurs vêtements traditionnels. Cela permet de donner à ce récit une universalité, d'avertir que l'histoire qui va suivre s'adresse à tous, que l'on soit de Pékin ou de Paris. Dans le même temps, on est averti que l'on ne va pas sortir des sentiers du cliché pour occidentaux.


On connaît le pouvoir qu'a eu la balle de ping-pong dans la politique d'ouverture de la Chine de Mao Tsé-toung. L'industrie du ping-pong a permis à Pékin de s'ouvrir sur l'Occident, et en premier lieu les Etats-Unis d'Amérique. Tout ce processus économique est très bien décrit par Robert Zemeckis dans son film Forrest Gump. Finalement, la balle de ping-pong, c'est la civilisation nous dit précisément Mongolian pingpong. Et cette balle va sauver ces Mongoles de leurs croyances primitives et rétrogrades, qui ne sont que des superstitions.


De ces deux lectures, qui ne se contredisent pas mais au contraire se fondent l'une dans l'autre, l'idéologie passant mieux sous une forme badine, chacun pourra juger. Mais on a de plus en plus l'impression désagréable que le cinéma chinois formaté par Pékin est un cinéma de propagande lourdaud et nauséabond. Et évidemment sans talent.


Mongolian pingpong (绿草地, Chine, 2005) Un film de Ning Hao avec Hurichabilike, Bilike, Geliban, Badema, Yidexinnaribu, Dawa.

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