vendredi 26 mars 2010

Promenade en Chine


Élisabeth Sauvy-Tisseyre, alias Titaÿna, était une journaliste française, reporter, dans la France des années 1930. Cette parisienne décide de partir avec son compagnon Lugeon en Chine. Il sera caméraman du film, elle en sera la vedette navigant sexy dans son beau tailleur et avec ses talons hauts. On va vite comprendre que son documentaire, Promenade en Chine, va effectivement être du style mondain et n’aura rien à voir avec une vision ethnologique. Titaÿna fait du tourisme et son film ressemble, y compris dans le commentaire badin, à ce que pourrait produire un touriste aujourd’hui quand il va en Chine avec son caméscope.


Titaÿna et Lugeon ne s’emploie à ne filmer pratiquement que des monuments, des statues, des palais et des temples. Elle ne s’attache pas aux gens qui l’entourent, au peuple si ce n’est des habitants qui pourraient avoir des fonctions typiques telles qu’elle l’entend. Il faut de l’authentique à la sauce des années 1930, c'est-à-dire un peu de colonialisme. Les Chinois sont encore un peuple soumis ou à soumettre, les Occidentaux sont forcément bien meilleurs. Un exemple tout simple. Elle remonte le fleuve Yang Tsé à bord d’un navire français pour être certaine d’être en sécurité. Elle craint les pirates en haut du fleuve. Certes on ne verra pas de pirates. Les marins français assurent la sécurité et on voit un boy chinois tenir un plateau avec des verres et des bouteilles d’alcool pour les marins et madame.


Le commentaire en voix off est volontiers condescendant et rarement admiratif, sauf pour Confucius dont on voit le tombeau et les stèles qui seront, par ailleurs, largement détruites lors de la Révolution Culturelle. Le couple se promène au Tibet (ou pas loin) et filme une cérémonie bouddhiste en habits traditionnels. Elle filme la Mongolie. Et quelques villes où elle se fait tirer en pousse-pousse et où, accessoirement, elle rencontre un Français. Bref, Titaÿna fait du tourisme et ne regarde que les choses que regardent les touristes.


Le film date de 1932 et je parie que Hergé l’a regardé à l’époque pour écrire le fond historique, géographique et social pour son album le Lotus Bleu, sorti en 1934. Plusieurs points communs sont frappants. L’inondation du fleuve avec les cadavres charriés par les eaux tempétueuses, les remarques sur les pieds des femmes écrasés pour qu’ils restent minuscules et les architectures des villes. Ce qui frappe le plus, c’est surtout la naïveté et l’aveuglement de Titaÿna et de Lugeon. Plus tard, la cinéaste deviendra une partisane des théories nazies et fascistes. Elle ira interviewer Hitler ce qui lui amènera quelques gros problèmes à la Libération.


Promenade en Chine (France, 1932) Un film de Titaÿna. Documentaire.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

pourquoi pas:)