jeudi 14 mars 2013

Cold war


Un attentat a lieu au beau milieu du quartier de Mongkok dans le cinéma Broadway Circuit. La police est en alerte. Ailleurs, sur l’autoroute, un homme alcoolisé roule à toute vitesse. Cold war démarre sur les chapeaux de roue avec une scène rapide et inspirée, ce qui en cette période de vache maigre est très agréable. Rien à voir entre les deux faits si ce n’est que les cinq policiers, venus arrêter le chauffard, vont être enlevés par des terroristes masqués. Le commissaire en chef (Michael Wong, qui comme à son habitude parle anglais mais qui par chance vient juste faire une courte apparition) est absent. Il confie les rênes de l’enquête à ses deux divisionnaires : Sean Lau (Aaron Kwok), responsable du personnel, et MB Lee (Tony Leung Ka-fai), responsable des opérations. C’est ce dernier qui chapeaute le tout et décide de d’appeler l’opération « Cold war ». Une cellule de crise se met en place dans les locaux immenses et glaciaux des quartiers généraux de la police.

Ce qui impressionne également est le casting pléthorique du film : Lam Ka-tung, Andy On, Charlie Yeung, Terence Yin, Chin Ka-lok et un caméo d’Andy Lau. Chacun a une spécialité dans la police qu’il va utiliser pour tenter de retrouver les flics disparus. Cold war est une course contre la montre où les ravisseurs demandent une rançon. Les policiers sont menés d’un lieu à un autre. La cale d’un bateau est remplie de dynamite. Les matelots sont interrogés avec violence, torturés à l’ancienne par Kwong (Lam Ka-tung) et Shek (Andy On). Un paquet est déposé à la police, il contient un portable pour communiquer avec les bandits. To (Terence Yin), l’informaticien, va tenter de tracer le portable et les GPS des flics enlevés. Le thriller se met en place avec un grand renfort d’effets sonores, la musique tonitruante de Peter Kam appuie chaque moment de suspense et de tension. Quand Vincent (Chin Ka-lok), le fidèle homme de main de Lau meurt sous les balles, sa veuve se crispe de douleur et se met en colère. L’émotion qui devait se dégager de son chagrin ne parvient pas à se créer.

Seulement voilà, la guerre des chefs s’empare de la police. En effet, l’un des policiers enlevés est Joe Lee (Eddie Peng), le fils de MB Lee. Lau estime qu’il a outrepassé ses pouvoirs et qu’il ne peut plus diligenter les investigations. Le film s’engage alors dans de longues scènes de dialogues, ou plutôt d’engueulades entre les deux divisionnaires. Tony Leung Ka-fai est impressionnant avec son crâne rasé et sa barbe. Comme à son habitude, il sait donner du poids à son personnage, élevant la voix avec un regard de fou furieux. Mais le problème réside moins dans le jeu des acteurs (ils sont tous bons) que dans le statisme de ces scènes. Longman Leung et Sunny Luk, qui tournent leur premier film en tant que réalisateurs, ne savent pas comment filmer les dialogues si ce n’est en champ contre-champ des personnages qui parlent entre eux. Le rythme retombe donc fréquemment jusqu’au coup de théâtre suivant qui amène une nouvelle scène d’action.

Une fois les cinq policiers retrouvés, Cold war change de cap avec l’arrivée de deux nouveaux personnages venus mettre leur nez dans toute cette histoire. Mak (Alex Tsui) et Cheung (Aarif Lee) pensent qu’une taupe est responsable de l’enlèvement des cinq policiers. Le film repart donc sur une nouvelle enquête où chaque policier est un suspect en puissance. La tension passe cette fois dans les joutes verbales entre Cheung et les autres, que le jeune policier interroge. Le climax étant l’affrontement avec MB Lee qui, grâce à son sens du discours, parvient à retourner l’interrogatoire en contre-interrogatoire. Evidemment, Tony Leung Ka-fai fait tout le boulot, Aarif Lee fait ce qu’il peut face au talent monstre de son aîné.  Cold war évoque dans cette deuxième partie les luttes de pouvoirs à l’intérieur de la police. MB Lee, comme Lau, veulent la place de chef. Le film, avec son scénario rempli de rebondissements, est malin et, ce qui ne gâche rien, est esthétiquement agréable. Les deux cinéastes lorgnent du côté d’Infernal affairs mais en éludant totalement la vie privée des personnages ce qui les prive d’une complexité psychologique qui aurait permis qu’on se sente plus proches d’eux. Eux aussi veulent la place de chefs du film policier d’action depuis qu’Andrew Lau, parti faire des romances en Chine, a laissé la place vacante.

Cold war (寒戰, Hong Kong, 2012) Un film de Longman Leung et Sunny Luk avec Aaron Kwok, Tony Leung Ka-fai, Aarif Lee, Eddie Peng, Charlie Young, Terence Yin, Chin Ka-lok, Andy On, Ma Yi-li, Lam Ka-tung, Tony Ho, Andy Lau, Alex Tsui.

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