Bon courage, larbin ! est le plus ancien film encore visible de Mikio
Naruse. Tourné pour la Shochiku et d’une durée de 28 minutes, son huitième film
sur un schéma à la mode au Japon au début des années 1930 : la comédie
burlesque. Le sujet est l’argent, celui qu’on a et celui qu’on cherche à avoir.
Le thème est illustré donc autour de deux familles. Celle d’Okabe (Isamu
Yamaguchi) est pauvre. Marié à une épouse pas commode, père de deux enfants, il
vit dans une cabane faite de planches qui tiennent à peine (il se cache avec
son fils dans un placard et les portes tombent), l’une de ses chaussures est
percée, le propriétaire vient les harceler pour avoir son loyer, il a du mal à
ramener de l’argent au foyer. L’autre famille est riche, c’est celle de Madame
Toda (Shizue Akiyama), mère de cinq enfants qui a une maison cossue et qui peut
offrir des jouets à ses rejetons.
Comment
gagner de l’argent ? Okabe décide d’aller vendre sa police d’assurance à
Madame Toda. Problème, un concurrent (Tokio Seki) est également là pour la même
chose. Ce dernier essaie de soudoyer la bonne avec un billet, Okabe veut donner
des pièces aux enfants mais ils sortent de leur poche une somme plus
importante. Okabe va alors jouer avec eux pour montrer à la mère qu’il est
gentil. Sa physionomie joue une part importante dans le comique de la
situation. Okabe est plutôt replet, porte des lunettes rondes, bref il est un
peu maladroit dans ses actes mais est tout de suite sympathique aux yeux du
public à l’inverse de l’autre vendeur à l’aspect plus sec et au visage ingrat.
Notre homme s’humilie en jouant à saute-mouton avec les petits. L’humour se
fait alors burlesque quand le concurrent se fait passer pour un gamin :
Okabe tombe sous les moqueries de tous. Tous les moments de comédie reposent
sur un rythme au montage alerte.
L’argent
est aussi la cause de soucis. Susumu (Seiichi Kato) se dispute avec le fils
Toda (Shizue Akiyama), ce dernier possède un avion et il refuse de lui prêter
ce jouet. Le film s’ouvre d’ailleurs sur les premiers résultats d’une dispute,
les deux mêmes ont un œil au beurre noir. Plus tard dans le film, alors que
l’avion s’est planté sur le toit d’une cabane, Susumu accepte d’aller le
cherche si Toda lui permet de jouer avec. Mais Toda ne tiendra pas sa promesse.
Susumu s’en saisit et sème ses amis en sa cachant dans des énormes tuyaux éparpillés
dans un champ voisin dans une scène comique. L’humour partira quand la police
annonce que Susumu a été percuté par un train. Okabe revit mentalement
l’accident dans une séquence qui mêle, dans un montage extrêmement rapide, le split screen, des plans du gamin en
négatif, toute une série d’images cut
montrant l’histoire qui vient de se vivre. La fin est convenue mais le film est
très maîtrisé et procure un certain enchantement.
Bon
courage, larbin ! (腰弁頑張れ, Japon,
1931) Un film de Mikio Naruse avec Isamu Yamaguchi, Tomoko Naniwa, Seiichi Kato,
Shizue Akiyama, Hideo Sugawara, Tokio Seki.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire