lundi 4 mars 2013

Rêves de chaque nuit


Entraineuse dans un bar pour marins, Omitsu (Sumiko Kurishima) rentre à son domicile, elle en rencontre deux marins qui espèrent la voir le lendemain mais les regards condescendants des passants connaissant sa profession sont moins joviaux que ceux des clients. Elle a un fils de six ans, Fumio (Teruko Kojima), sage bambin qui l’attend gentiment chez sa voisine (Mitsuko Yoshikawa), épouse d’un pharmacien (Jun Arai). Ils considèrent l’enfant comme leur petit-fils, il les rend heureux. Un homme est venu rendre visite à Omitsu. Il s’agit de Mizuhara (Tatsuo Saitô), son époux qui a quitté le domicile conjugal trois ans plus tard. A cause de son départ, elle a été obligée de travailler dans un bar. La voisine ajoute qu’il reviendra pour la voir. Le père prodigue (comme l’était la mère Sans lien de parenté) veut retrouver son fils et recréer le noyau familial.

La pauvreté du mari est montrée comme dans Bon courage, larbin ! et Après notre séparation : ses chaussures sont trouées. L’enfant va aider son papa en collant, avec son chewing-gum, un morceau de journal à la place du trou. Le père passera un peu de temps avec son fils, jouera au base-ball avec les gamins alentour. En revanche, il aura toujours beaucoup de mal à trouver un emploi. Pour Omitsu, c’est la seule condition pour qu’elle accepte de revenir au foyer. Acculé par son manque de chance dans ses recherches, il décide cambrioler le patron à qui il demander du travail. Le drame de Rêves de chaque nuit se noud autour du chômage chronique consécutif de la crise économique qui touche le Japon alors. Mais c’est surtout la honte de sa position sociale qui pousse Mizuhara à agir ainsi. Il plonge dans un cercle vicieux dont il n’arrivera pas à s’échapper.

C’est la voisine qui était parvenu à conviancre Omitsu de donner une nouvelle chance à son époux, avec comme objectif qu’elle puisse enfin quitter son travail. Plusieurs scènes montrent à quoi consiste la profession d’Omitsu. Elle doit entrainer les clients, des marins donc, à consommer. Un soir, un capitaine de navire (Takeshi Sakamoto) lui donne quelques billets. Cet homme va ensuite tenter d’abuser d’elle mais les deux marins (Kenji Oyama et Shigeru Ogura), vus dans la première scène vont lui porter secours. La vie d’Omitsu est difficile, d’un côté avec un métier honteux et un mari minable. Pour accentuer encore plus le drame et la crise familiale, comme dans Bon courage, labrin !, l’enfant va avoir un accident. On trouve donc dans ses films successifs tournés au sein de Shochiku les mêmes thèmes et la même manière vive et rythmée de filmer cette chronique familiale où le désespoir et la pauvreté règnent. Les rêves d’Omitsu ne vont pas se réaliser.

Rêves de chaque nuit (夜ごとの夢, Japon, 1933) Un film de Mikio Naruse avec Sumiko Kurishima, Tatsuo Saitô, Teruko Kojima, Jun Arai, Mitsuko Yoshikawa, Takeshi Sakamoto, Kenji Oyama, Shigeru Ogura, Choko Iida.

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