Tous
les habitants du village représenté dans Quelle
vie agréable ! se demandent qui va être leur nouveau voisin. Avant
qu’il ne s’installe, Mikio Naruse nous présentent ces villageois dans leur
cadre naturel. Le barbier (Entatsu Yokoyama) se dispute avec sa femme qui a oublié d’apporter
de l’eau pour rincer son client. L’horloger (Atsushi Watanabe) a de nombreuses
pendules mais aucune n’indique l’heure. Le photographe n’a aucun client. Le
tonnelier empêche un bébé de dormir avec le bruit de son marteau. Le
restaurateur voit un client se faire disputer par sa femme parce qu’il vient
boire au lieu de s’occuper de leur fils. Chaque jour semble être le même que le
précédent, le coq chante le matin, un voisin part l’air triste travailler à la
ville, les couples se disputent, personne ne sourit, le village ronronne.
Un vent va souffler sur le village avec
l’arrivée de Taro Soma (Kingorô Yanagiya) et de ses deux filles Eiko (Hisako
Yamane) l’aînée et Megumi (Meiko Nakamura), encore enfant. C’est d’abord
littéralement que le vent s’abat sur les maisons quand Soma débarque sur sa
carriole. Puis, c’est lui-même qui crée une tornade dans la vie de tous les
jours de ses voisins. Ces derniers le trouvent bizarre. Il leur annonce qu’il
va ouvrir une boutique où il peut tout réparer, y compris les peines de cœurs. Evidemment,
surtout l’horloger, voient tous d’un mauvais œil ces étrangers qui ne cessent
jamais de sourire, de remettre un portrait en place, de redresser la casquette
d’un enfant, de balayer la rue pour enlever les feuilles. Personne n’avait jamais
vu cela. L’optimisme de Soma se déclare à chaque moment et notamment lorsqu’il
invite deux de ses voisins et qu’il leur sert le maigre repas qu’il peut se
payer en période de rationnement du à la guerre. Il leur donne à manger des
épluchures et un œuf mais il leur demande d’imaginer manger la poule autour de
l’œuf.
Le film est merveilleux au sens propre
comme au sens figuré. Au sens propre parce qu’il est une comédie très réussie
où les gags se succèdent. Il est impossible de ne pas sourire (et parfois rire
franchement aux éclats) devant les agissements des villageois tous un peu
mesquins mais tellement attachants. Comme il est difficile de résister aux recommandations
loufoques de Soma qui trouve toujours une solution à chaque souci. Il organise
une chasse aux trésors pour réconcilier tout le monde. Les deux filles
organisent un spectacle pour tout le village. Il est merveilleux dans son sens
propre avec l’arrivée de la magie. Tandis que le tonnelier bat son baquet au
marteau, Eiko se met à chanter comme dans une comédie musicale. Quand le jeune
fils de l’horloger est malade, la petite Megumi fait apparaitre des lutins qui
se lancent dans une danse pour le guérir. Soma et sa famille ne sont pas
bizarres, ils sont peut-être des magiciens. Le film, tourné en pleine guerre,
avait sans doute été conçu pour remonter le moral de la population mais son
absence total de mièvrerie et son humour constant en font l’un des films les
plus étonnants et plaisants de Mikio Naruse.
Quelle
vie agréable ! (楽しき哉人生, Japon, 1944) Un film de Mikio
Naruse avec Kingorô Yanagiya, Hisako Yamane, Meiko
Nakamura, Entatsu Yokoyama, Kikuko Hanaoka, Atsushi Watanabe, Tamae Kiyokawa,
Takashi Kotaka.
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