Tentons de faire le point sur Jackie Chan. Carrière
américaine : après l’horrible Kung-fu nanny
et le démagogique Karaté kid,
il semble qu’elle soit complètement terminée. Pourvu qu’il ne fasse pas un
quatrième Rush hour ! Carrière
à Hong Kong : rien depuis Shinjuku
incident (2009) de Derek Yee. Carrière en Chine Populaire : c’est
le public chinois que Jackie Chan vise désormais. Courte apparition dans Looking
for Jackie et le nationaliste Founding
of a republic, co-réalisation de 1911,
l’un des seconds rôles dans Shaolin,
conventionnel film de kung-fu avec un fond historique. Bref, depuis quelques
années Jackie Chan déçoit fortement et énerve parfois dans ses propos quand il
critique Hong Kong et soutient la politique de Pékin. Le constat n’est pas
plaisant mais l’envie de voir CZ 12
est plus forte que le souvenir de ses films récents. Jackie Chan reprend dans CZ 12 le personnage de chasseur de
trésors qu’il avait dans et Mister
Dynamite et Opération
Condor.
25 ans plus tard, il reprend du service en se faisant engager par
Lawrence (Olivier Platt), milliardaire amateur de trésors de l’antiquité. En
l’occurrence, douze têtes de bronze représentant les douze signes zodiacaux.
Ces bronzes datent de la période Qing et avaient volées par les colons
européens dans les années 1860. Il lui propose également de voler un petit
tableau « Les roses » et il ajoutera un zéro à la somme. L’appât du
gain étant tout ce qui motive JC, il se lance immédiatement à l’aventure et
part en France, là où se déroulent les enchères des œuvres antiques, avec ses
trois jeunes et fidèles assistants, Bonnie (Zhang Lanxin), David (Liao Fan) et
Simon (Kwon Sang-woo). Comme à son habitude, Jackie Chan lance de jeunes
acteurs même s’ils ne sont là que comme faire valoir de l’acteur. Leurs
histoires personnelles sont vaguement développées mais demeurent très
conventionnelles. Grâce à de nombreux gadgets technologiques, ils vont
confectionner de faux bronzes qu’ils vont substituer aux vrais. JC se transforme
en James Bond avec ses lunettes qui voient les empreintes, son parachute caché
dans sa veste et j’en passe. Les gadgets sont clairement destinés à satisfaire
un public tant ils ressemblent à des jouets.
Les quatre mercenaires rencontrent Coco (Yao Xingtong), jeune
archéologue qui travaille sur une péniche ancrée juste en face de la Tour
Eiffel. Ils vont demander son aide en se faisant passer pour des journalistes
et aller dans le château de Marceau puis dans celui de Catherine (Linda
Weissbecker). Coco milite pour que les musées occidentaux restituent aux pays
d’origine leurs antiquités. Avec une poignée d’amis, elle manifeste pour cela.
Le film se veut d’ailleurs radical à ce sujet. Dans un des dialogues du film,
Coco reproche à Catherine, la riche châtelaine, le passé de voleur d’œuvres de
son arrière arrière grand-père. Elle lui dit avec virulence que les Européens
ont violé la Chine pendant des années mais JC traduit ses propos de manière
totalement différente, créant un peu d’humour. Catherine reconnait l’erreur de
son ancêtre. Les propos sur ce sujet des antiquités vendues aux enchères et
conservés dans les musées occidentaux manquent tellement de finesse qu’on en
viendrait presque à oublier les ravages écologiques, et donc archéologiques,
que Pékin fait subir à son pays depuis 60 ans. Mais passons. Pour Coco, il s’agit
surtout de convaincre JC et ses comparses que sa cause est la bonne. Ils seront
convertis.
Coco et Catherine vont suivre JC dans ses recherches des
antiquités. Dans le château de Catherine, une peinture indique l’emplacement
d’un rocher. Là se trouve sans doute le navire où son ancêtre a transporté les
bronzes et autre trésors. Ils se retrouvent sur une île déserte au large des
côtes chinoises. Cette partie de CZ 12,
d’une durée d’environ une demi-heure, est la plus réussie. Elle s’apparente à
une attraction de fête foraine, à une chasse au trésor. Ils trouvent, après
avoir longuement exploré la faune luxuriante, l’épave du navire dans une
grotte. Coco et Catherine, non sans une certaine dose de misogynie, provoquent
catastrophe sur catastrophe et, chaque fois, JC doit venir à leur secours. Une
fois l’épave découverte, les ennuis commencent. Pierre (Rosario Amedeo), le
garde du corps de Marceau que JC a volé, débarque avec ses hommes de main tous
vêtus de chemise hawaïenne. Ils menacent de leur pistolet JC et les autres,
mais ils ont oublié de mettre des balles. Puis, c’est une bande de pirates
menés par Ken Lo qui arrive. Là aussi ils sont aussi incompétents que loufoques,
habillés comme dans les films de pirates hollywoodiens (l’un d’eux ressemble à
Jack Sparrow/Johhny Depp). Seulement ils sont armés et bien armés. On est à la
fois dans la parodie pure et dans le plus grand sérieux par rapport aux enjeux.
A vrai dire, cette séquence concentre tout ce que Jackie Chan sait
faire de mieux. C'est-à-dire parvenir à mêler humour, action et aventure.
Compte tenu des personnages tous plus dégénérés sur cette île (Catherine ne
pense qu’à garder son chapeau sur la tête, Pierre décide de ne plus bouger et
de choisir son camp une fois la bataille finie, les pirates de pacotille), on a
beaucoup de situations amusantes et de dialogues comiques. C’est la raison pour
laquelle on continue de regarder les films de Jackie Chan. Les scènes d’action
sont de divers ordres. La première (Jackie est sur des patins à roulette) se
fonde sur la rapidité. La deuxième est d’ordre comique, il est poursuivi dans
un labyrinthe d’arbres par des chiens féroces. La troisième est sur l’île. La
quatrième se déroule dans le repère secret de Lawrence (car tous les méchants
qui veulent dominer le monde ont un repère secret) et se déroule en plusieurs
parties. JC affronte un voleur d’antiquités concurrent (Alaa Safi), Bonnie
affronte la petite amie de ce concurrent (Caitlin Dechelle) puis JC affronte
les gardiens du repère. Chaque fois le style spécifique de Jackie Chan est mis
en avant : chaque objet sert d’armes pour se battre. De ce point de vue,
la chorégraphie est parfaite et chaque combat impressionne. Le générique final
est, comme il se doit, un florilège des gamelles de Jackie Chan. Il veut ainsi
montrer qu’il est le meilleur dans le genre malgré ses 58 ans et, malgré
quelques longueurs, un discours politique sans nuance et un trop nombre de
personnages secondaires et caricaturaux, CZ
12 est un divertissement agréable sans atteindre le génie d’Opération condor, son chef d’œuvre de
comédie d’action.
CZ12 (十二生肖, Hong Kong – Chine, 2012) Un film
de Jackie Chan avec Jackie Chan, Kwon Sang-woo, Liao Fan, Zhang Lanxin, Yao Xingtong,
Linda Weissbecker, Vincent Sze, Oliver Platt, Jonathan Lee, Caitlin Dechelle, Rosario
Amedeo, Ken Lo, Yoo Seungjoon, Christian Bachini, Cary Woodworth, Andrew Dasz,
Steven Dasz, Pierre Boudard, Jill Kelsey, Wilson Chen, Kenny G, Zheng Wei, Poon
Bo-yee, Alaa Safi.
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