samedi 30 mars 2013

Chinese Zodiac (CZ 12)


Tentons de faire le point sur Jackie Chan. Carrière américaine : après l’horrible Kung-fu nanny et le démagogique Karaté kid, il semble qu’elle soit complètement terminée. Pourvu qu’il ne fasse pas un quatrième Rush hour ! Carrière à Hong Kong : rien depuis Shinjuku incident (2009) de Derek Yee. Carrière en Chine Populaire : c’est le public chinois que Jackie Chan vise désormais. Courte apparition dans Looking for Jackie et le nationaliste Founding of a republic, co-réalisation de 1911, l’un des seconds rôles dans Shaolin, conventionnel film de kung-fu avec un fond historique. Bref, depuis quelques années Jackie Chan déçoit fortement et énerve parfois dans ses propos quand il critique Hong Kong et soutient la politique de Pékin. Le constat n’est pas plaisant mais l’envie de voir CZ 12 est plus forte que le souvenir de ses films récents. Jackie Chan reprend dans CZ 12 le personnage de chasseur de trésors qu’il avait dans et Mister Dynamite et Opération Condor.

25 ans plus tard, il reprend du service en se faisant engager par Lawrence (Olivier Platt), milliardaire amateur de trésors de l’antiquité. En l’occurrence, douze têtes de bronze représentant les douze signes zodiacaux. Ces bronzes datent de la période Qing et avaient volées par les colons européens dans les années 1860. Il lui propose également de voler un petit tableau « Les roses » et il ajoutera un zéro à la somme. L’appât du gain étant tout ce qui motive JC, il se lance immédiatement à l’aventure et part en France, là où se déroulent les enchères des œuvres antiques, avec ses trois jeunes et fidèles assistants, Bonnie (Zhang Lanxin), David (Liao Fan) et Simon (Kwon Sang-woo). Comme à son habitude, Jackie Chan lance de jeunes acteurs même s’ils ne sont là que comme faire valoir de l’acteur. Leurs histoires personnelles sont vaguement développées mais demeurent très conventionnelles. Grâce à de nombreux gadgets technologiques, ils vont confectionner de faux bronzes qu’ils vont substituer aux vrais. JC se transforme en James Bond avec ses lunettes qui voient les empreintes, son parachute caché dans sa veste et j’en passe. Les gadgets sont clairement destinés à satisfaire un public tant ils ressemblent à des jouets.

Les quatre mercenaires rencontrent Coco (Yao Xingtong), jeune archéologue qui travaille sur une péniche ancrée juste en face de la Tour Eiffel. Ils vont demander son aide en se faisant passer pour des journalistes et aller dans le château de Marceau puis dans celui de Catherine (Linda Weissbecker). Coco milite pour que les musées occidentaux restituent aux pays d’origine leurs antiquités. Avec une poignée d’amis, elle manifeste pour cela. Le film se veut d’ailleurs radical à ce sujet. Dans un des dialogues du film, Coco reproche à Catherine, la riche châtelaine, le passé de voleur d’œuvres de son arrière arrière grand-père. Elle lui dit avec virulence que les Européens ont violé la Chine pendant des années mais JC traduit ses propos de manière totalement différente, créant un peu d’humour. Catherine reconnait l’erreur de son ancêtre. Les propos sur ce sujet des antiquités vendues aux enchères et conservés dans les musées occidentaux manquent tellement de finesse qu’on en viendrait presque à oublier les ravages écologiques, et donc archéologiques, que Pékin fait subir à son pays depuis 60 ans. Mais passons. Pour Coco, il s’agit surtout de convaincre JC et ses comparses que sa cause est la bonne. Ils seront convertis.

Coco et Catherine vont suivre JC dans ses recherches des antiquités. Dans le château de Catherine, une peinture indique l’emplacement d’un rocher. Là se trouve sans doute le navire où son ancêtre a transporté les bronzes et autre trésors. Ils se retrouvent sur une île déserte au large des côtes chinoises. Cette partie de CZ 12, d’une durée d’environ une demi-heure, est la plus réussie. Elle s’apparente à une attraction de fête foraine, à une chasse au trésor. Ils trouvent, après avoir longuement exploré la faune luxuriante, l’épave du navire dans une grotte. Coco et Catherine, non sans une certaine dose de misogynie, provoquent catastrophe sur catastrophe et, chaque fois, JC doit venir à leur secours. Une fois l’épave découverte, les ennuis commencent. Pierre (Rosario Amedeo), le garde du corps de Marceau que JC a volé, débarque avec ses hommes de main tous vêtus de chemise hawaïenne. Ils menacent de leur pistolet JC et les autres, mais ils ont oublié de mettre des balles. Puis, c’est une bande de pirates menés par Ken Lo qui arrive. Là aussi ils sont aussi incompétents que loufoques, habillés comme dans les films de pirates hollywoodiens (l’un d’eux ressemble à Jack Sparrow/Johhny Depp). Seulement ils sont armés et bien armés. On est à la fois dans la parodie pure et dans le plus grand sérieux par rapport aux enjeux.

A vrai dire, cette séquence concentre tout ce que Jackie Chan sait faire de mieux. C'est-à-dire parvenir à mêler humour, action et aventure. Compte tenu des personnages tous plus dégénérés sur cette île (Catherine ne pense qu’à garder son chapeau sur la tête, Pierre décide de ne plus bouger et de choisir son camp une fois la bataille finie, les pirates de pacotille), on a beaucoup de situations amusantes et de dialogues comiques. C’est la raison pour laquelle on continue de regarder les films de Jackie Chan. Les scènes d’action sont de divers ordres. La première (Jackie est sur des patins à roulette) se fonde sur la rapidité. La deuxième est d’ordre comique, il est poursuivi dans un labyrinthe d’arbres par des chiens féroces. La troisième est sur l’île. La quatrième se déroule dans le repère secret de Lawrence (car tous les méchants qui veulent dominer le monde ont un repère secret) et se déroule en plusieurs parties. JC affronte un voleur d’antiquités concurrent (Alaa Safi), Bonnie affronte la petite amie de ce concurrent (Caitlin Dechelle) puis JC affronte les gardiens du repère. Chaque fois le style spécifique de Jackie Chan est mis en avant : chaque objet sert d’armes pour se battre. De ce point de vue, la chorégraphie est parfaite et chaque combat impressionne. Le générique final est, comme il se doit, un florilège des gamelles de Jackie Chan. Il veut ainsi montrer qu’il est le meilleur dans le genre malgré ses 58 ans et, malgré quelques longueurs, un discours politique sans nuance et un trop nombre de personnages secondaires et caricaturaux, CZ 12 est un divertissement agréable sans atteindre le génie d’Opération condor, son chef d’œuvre de comédie d’action.

CZ12 (十二生肖, Hong Kong – Chine, 2012) Un film de Jackie Chan avec Jackie Chan, Kwon Sang-woo, Liao Fan, Zhang Lanxin, Yao Xingtong, Linda Weissbecker, Vincent Sze, Oliver Platt, Jonathan Lee, Caitlin Dechelle, Rosario Amedeo, Ken Lo, Yoo Seungjoon, Christian Bachini, Cary Woodworth, Andrew Dasz, Steven Dasz, Pierre Boudard, Jill Kelsey, Wilson Chen, Kenny G, Zheng Wei, Poon Bo-yee, Alaa Safi.

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