La
famille est nombreuse. Les deux parents, sept enfants, six garçons et une
fille, le grand-père et la grand-mère. Tous vivent ensemble dans une
maisonnette d’un quartier modeste de Tokyo. Toute la famille travaille développe les habitudes de cette famille
: prendre le petit-déjeuner le matin, la mère prépare le riz, les plus jeunes
enfants vont à l’école ou jouent à la guerre (la seule allusion à la guerre
sino-japonaise), départ à l’usine pour le père et les trois fils les plus âgés,
le jeu du papier ciseau caillou pour savoir s’ils courent ou marchent pour
prendre le tramway, le transport en tramway bondé et enfin le travail dans
l’usine. Métro, boulot dodo. Le train-train quotidien est répété plusieurs fois
pendant le film, appuyant le caractère monotone de la vie des gens modestes.
Ils vivent conditionnés par leur statut social, par exemple la fillette
n’envisage pas d’autre vie que celle d’épouse. C’est cette immuabilité que deux
enfants de la famille veulent briser, pour changer leur destin est envisager un
modèle de vie différent.
Tout
le film va tourner autour du choix de Kiichi (Akira Ubukata), le fils aîné âgé
de 22 ans, d’abandonner le travail en usine pour reprendre ses études dans le
but de venir électricien. Puis de quitter le cocon familial étouffant et fonder
une famille. Si le père (Musei Tokugawa) estime que cela est tout à fait
légitime, la mère (Noriko Honma) s’offusque de l’intention de son fils. La mère
ne pense qu’à la rentrée d’argent que procure le travail de ses enfants. Son
regard dur culpabilise les réfractaires avec cette pensée qu’elle leur a donné
naissance et qu’ils doivent maintenant rembourser leur dette à la famille. Son
personnage est un peu chargé mais permet de comprendre le désir d’émancipation
de son fils. Il est évident que Mikio Naruse adopte le point de vue du fils et
non celui de la mère. Ce choix crée une onde de choc dans la famille puisque
Eisaku (Takeshi Hirata), douze ans, veut désormais lui aussi aller au collège
plutôt que d’entrer à l’usine.
Toute la famille travaille est constitué en grande partie de scènes de
dialogues entre les membres de la famille où chacun cherche à argumenter ses
positions. Dans la famille, la mère reste sourde à tout cela et il faudra que
le professeur des enfants (Den Obinata) vienne soutenir Kiichi au sein même du
foyer, agent extérieur agissant comme un élément contaminateur. L’une des
scènes les plus pathétiques du film se déroule dans le bar tenu par la jeune
Mitsuko (Sumie Tsubaki). Kiichi convonque ses frères au café pour leur faire
part de son choix mais la discussion tourne court comme si les arguments de sa
mère semblaient irréductible. La belle Mitsuko est amoureuse de Kiichi, ce qui
n’est pas réciproque, mais Genji (Kaoru Itô), le deuxième frère est charmé par
elle, achevant de briser le rêve de la mère de voir Kiichi épouser la jeune
femme. Il se dégage du film un grand pessimisme qui renvoie à cette époque de
grand trouble au Japon en cette veille de seconde guerre mondiale.
Toute
la famille travaille (成瀬巳喜男 - はたらく一家, Japon, 1939) Un film de Mikio Naruse avec Musei Tokugawa, Noriko
Honma, Akira Ubukata, Kaoru Itô, Seikichi Minami, Takeshi Hirata, Seiichiro
Bando, Kiyoko Wakaba, Den Obinata, Sumie Tsubaki.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire