Eté
1958, le Japon entre dans l’ère moderne. La Tour de Tokyo est en train d’être
bâtie. Norifumi Suzuki (Shinichi Tsutsumi) en est fier, il affirme que ce sera
la plus haute tour du monde. Il est allé chercher à la gare la jeune Mutsuko
Hoshino (Maki Horikita) pour l’embaucher dans son petit garage. L’homme,
costaud et rustre, est mécanicien. Elle quitte sa campagne et sa famille
nombreuse pour que ses parents aient une bouche de moins à nourrir. Suzuki,
c’est un nom connu au Japon. Elle pensait travailler pour la marque de voitures
parce qu’il avait indiqué « Entreprise Suzuki », il l’avait engagé
parce qu’il avait cru lire sur son CV qu’elle savait réparer les autos. Chacun
pense avoir grugé l’autre, Norifumi prend une grosse colère et sa furie
débarque chez son voisin d’en face. Il faudra toute la sagesse de son épouse
Tomoe (Hiroko Yakushimaru) pour le calmer.
Ce
voisin s’appelle Ryunosuke Chagawa (Hidetaka Yoshioka). Célibataire, il tient
une petite épicerie mais il se rêve écrivain. Chaque semaine, il attend le
facteur pour découvrir s’il a enfin été publié dans une revue littéraire.
Chaque semaine, il est déçu de ne pas l’être. Il est la risée de tous et des
enfants en premier ordre qu’il rudoie quand ils viennent acheter des bonbons
dans sa boutique. Il écrit des récits pour les enfants, mais il considère cette
activité comme strictement alimentaire et en a un peu honte. Ce qu’il veut,
c’est faire de la grande littérature. Le soir, Chagawa va noyer son amertume
dans le saké au bar que tient Hiromi (Koyuki), jeune femme à la beauté simple.
Elle vient de s’installer et personne ne connait son passé mais tous les
habitants du quartier l’ont adoptée. Voici le petit monde d’Always. Tous habitent dans la troisième
rue de ce quartier de Tokyo, tous se connaissent et chacun a ses petits soucis.
Les
enfants jouent un grand rôle dans le récit. Tout d’abord Ippei Suzuki (Kazuki
Koshimizu), garçonnet de huit ans, capricieux et espiègle. Chaque jour il
réclame à sa mère un poste de télévision, objet qui commence à débarquer dans
les foyers. C’est lui qui donne au film ses moments les plus drôles. A
l’opposé, le petit Junnosuke (Kenta Suga) est un orphelin que sa mère,
prostituée, a confié à Hiromi. Cette dernière ne peut pas l’élever seule et le
confie à Chagawa qui ne sait pas que faire de cet enfant au regard triste et
taciturne. Ce bon bougre de Chagawa, derrière sa mauvaise humeur, va cependant
s’attacher à l’enfant et inversement. Junnosuke se rend compte que son tuteur
est l’auteur de ses histoires pour enfants préférées, il va devenir son idole.
L’un des moments les plus touchants est celui où les deux garçons tentent de
partir à la recherche de la mère de Junnosuke. Tous les deux prennent le
tramway pour une aventure douloureuse tandis que les parents se font un sang
d’encre. A leur retour, Chagawa comprend qu’il aime cet enfant et qu’il veut
l’adopter. Mieux, il tombe amoureux d’Hiromi et lui propose d’élever le petit
ensemble.
Le
petit quartier dans lequel se déroule Always
est un concentré de la population du Japon. On y trouve le facteur, le boucher,
la grand-mère (Yôichi Nukumizu)qui tente la modernité en faisant du vélo
(personnage haut en couleur), le marchand de blocs de glace, le médecin Saburo
(Masaya Takahashi) que Ippei surnomme le Diable parce qu’il n’aime pas les
piqûres. Le film brasse de nombreux sujets. La pauvreté (celle de Chagawa qui
emprunte de l’argent à Suzuki pour offrir un beau stylo à Junnosuke, celle
d’Hiromi qui doit quitter la rue pour trouver de l’argent pour soigner son père,
celle de Mustuko qui a quitté sa famille trop pauvre). L’entrée dans l’ère de
la grande consommation : les Suzuki achètent une télévision, puis un frigo
et encore un lave-linge. La place de la femme : tout oppose Hiromi,
Mutsuko et Tomoe, chacune incarnant une femme au caractère différent.
Si
l’on est très bien luné (ce qui était mon cas), on rira à l’humour des
situations, on sera ému par les soucis des personnages et on sera emporté par
le récit foisonnant. En revanche, il est possible de trouver démagogique certains
passages du film, de penser que la musique appuie trop les scènes de tristesse
et que les bons sentiments ne font pas forcément les bons films. Always, dans sa manière de parler d’un
passé qui est dans les esprits de tous les Japonais, aborde sans doute trop de
sujets de manière anecdotique et parfois superficielle mais la méthode est
pleine de tendresse pour ses personnages et chaque spectateur peut se
reconnaitre dans leurs tribulations. Le film se termine sur le départ du
quartier de certains personnages pour d’autres lieux, dans une fin ouverte qui
laisse un goût amer. Always a été un
tel succès populaire que deux suites ont été tournées. L’une en 2007 (située en
1959) et l’autre en 2012 (située en 1964, lors des Jeux Olympiques de Tokyo).
Always
: Sunset on Third Street (ALWAYS 三丁目の夕日, Japon, 2005) Un film de Takashi Yamazaki avec Maki Horikita, Shinichi Tsutsumi, Hiroko
Yakushimaru, Hidetaka Yoshioka, Koyuki, Kazuki Koshimizu, Kenta Suga, Masaya
Takahashi, Yôichi Nukumizu.
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