Pour
finir ce mois d’avril consacré à Wong Kar-wai à l’occasion de la sortie de The Grandmaster, je reviens rapidement
sur ses débuts au cinéma dans les années 1980. Ses tous premiers pas de
scénariste, Wong Kar-wai les a fait pour l’acteur producteur réalisateur
Frankie Chan. Les deux hommes ont collaboré sur cinq films, dont cet Unforgettable fantasy. Frankie Chan est
surtout connu comme compositeur de musique de films : il en a écrit plus
de 300 depuis le début des années 1970. C’est tout naturellement qu’il a
composé les musiques des premiers films de Wong Kar-wai (Chungking Express, Les Anges
déchus et Les Cendres du temps).
Frankie
Chan (pseudo à la Jackie Chan) est un homme de taille normale plutôt fin,
petite moustache, jambes archées, il représente le middle class de Hong Kong. Ah,
détail important : il porte des pulls invraisemblables. La première partie
du film se concentre sur Robert (Frankie Chan) qui vit avec son oncle (Stanley
Fung), ce dernier faisant la leçon à son neveu qui réplique immédiatement.
Puis, on découvre que Robert travaille dans la publicité et qu’il trouve sa
nouvelle patronne Cleo (Joyce Ngai) tout à fait à son goût mais que la
concurrence est rude face à son collègue (Charlie Cho) qui ne rate pas une
occasion pour rabaisser Robert. Mais comme dans tout film comique, c’est le
retour à l’envoyeur et le collègue se fait humilier devant tout le monde.
En
attendant, Robert doit payer l’addition salée du restaurant chic où il a invité
Cleo. Son oncle va chercher de l’argent chez un antiquaire (Lai Ying-chau, pour
qui Wong Kar-wai écrira aussi des scénarios) et en profite pour voler un miroir
circulaire doté de pouvoirs magiques. Quand Cleo se regarde dans cette glace,
des petites étoiles en sortent et créent un esprit aussi espiègle que
facétieux. En l’occurrence, c’est la même actrice qui joue cet esprit qui va
tendre quelques pièges à Robert dans le décor en carton pâte de la
publicité : une statue de la liberté, un sphinx géant, des gratte-ciels
qui se mettent à vivre et à assaillir Robert. Les effets spéciaux sont
particulièrement pauvres, sous les décors on devine les figurants qui doivent
tant bien que mal se déplacer.
La
troisième partie du film œuvre à l’accomplissement de la romance entre Cleo et
Robert. Il faut d’abord que son esprit joyeux retourne chez Cleo qui est en
contradiction avec sa vraie nature profonde. Voyant dans quelle situation
« l’esprit » a mis Robert, elle va se matérialiser et créer quelques
quiproquos comiques : le miroir affecte Monica (Wong Wan-si), régisseuse
du tournage et fiancée de l’oncle, puis une vieille dame qui assaille Robert
sexuellement. Enfin, c’est sur un mode tragique quand Robert a un accident de
voiture et que l’esprit de Cleo doit tout réparer grâce à la magie. Unforgettable fantasy est surtout une
romance très fauchée et pas franchement réussie où l’on aurait du mal à trouver
la marque de Wong Kar-wai, si ce n’est dans l’idée que l’accomplissement de l’amour
entre un homme et une femme dépasse la raison.
Unforgettable
fantasy (小狐仙, Hong Kong, 1985) Un film de Frankie Chan avec Frankie Chan,
Joyce Ngai, Stanley Fung, Wong Wan-si, Charlie Cho, Kitty Chan, Guy Lai Ying-chau,
Law Ho-kai, Jamie Luk, Stephan Yip, Joh Chung-sing, Sarah Lee, Si Gaai-keung.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire