samedi 27 avril 2013

Unforgettable fantasy


Pour finir ce mois d’avril consacré à Wong Kar-wai à l’occasion de la sortie de The Grandmaster, je reviens rapidement sur ses débuts au cinéma dans les années 1980. Ses tous premiers pas de scénariste, Wong Kar-wai les a fait pour l’acteur producteur réalisateur Frankie Chan. Les deux hommes ont collaboré sur cinq films, dont cet Unforgettable fantasy. Frankie Chan est surtout connu comme compositeur de musique de films : il en a écrit plus de 300 depuis le début des années 1970. C’est tout naturellement qu’il a composé les musiques des premiers films de Wong Kar-wai (Chungking Express, Les Anges déchus et Les Cendres du temps).

Frankie Chan (pseudo à la Jackie Chan) est un homme de taille normale plutôt fin, petite moustache, jambes archées, il représente le middle class de Hong Kong. Ah, détail important : il porte des pulls invraisemblables. La première partie du film se concentre sur Robert (Frankie Chan) qui vit avec son oncle (Stanley Fung), ce dernier faisant la leçon à son neveu qui réplique immédiatement. Puis, on découvre que Robert travaille dans la publicité et qu’il trouve sa nouvelle patronne Cleo (Joyce Ngai) tout à fait à son goût mais que la concurrence est rude face à son collègue (Charlie Cho) qui ne rate pas une occasion pour rabaisser Robert. Mais comme dans tout film comique, c’est le retour à l’envoyeur et le collègue se fait humilier devant tout le monde.



En attendant, Robert doit payer l’addition salée du restaurant chic où il a invité Cleo. Son oncle va chercher de l’argent chez un antiquaire (Lai Ying-chau, pour qui Wong Kar-wai écrira aussi des scénarios) et en profite pour voler un miroir circulaire doté de pouvoirs magiques. Quand Cleo se regarde dans cette glace, des petites étoiles en sortent et créent un esprit aussi espiègle que facétieux. En l’occurrence, c’est la même actrice qui joue cet esprit qui va tendre quelques pièges à Robert dans le décor en carton pâte de la publicité : une statue de la liberté, un sphinx géant, des gratte-ciels qui se mettent à vivre et à assaillir Robert. Les effets spéciaux sont particulièrement pauvres, sous les décors on devine les figurants qui doivent tant bien que mal se déplacer.

La troisième partie du film œuvre à l’accomplissement de la romance entre Cleo et Robert. Il faut d’abord que son esprit joyeux retourne chez Cleo qui est en contradiction avec sa vraie nature profonde. Voyant dans quelle situation « l’esprit » a mis Robert, elle va se matérialiser et créer quelques quiproquos comiques : le miroir affecte Monica (Wong Wan-si), régisseuse du tournage et fiancée de l’oncle, puis une vieille dame qui assaille Robert sexuellement. Enfin, c’est sur un mode tragique quand Robert a un accident de voiture et que l’esprit de Cleo doit tout réparer grâce à la magie. Unforgettable fantasy est surtout une romance très fauchée et pas franchement réussie où l’on aurait du mal à trouver la marque de Wong Kar-wai, si ce n’est dans l’idée que l’accomplissement de l’amour entre un homme et une femme dépasse la raison.

Unforgettable fantasy (小狐仙, Hong Kong, 1985) Un film de Frankie Chan avec Frankie Chan, Joyce Ngai, Stanley Fung, Wong Wan-si, Charlie Cho, Kitty Chan, Guy Lai Ying-chau, Law Ho-kai, Jamie Luk, Stephan Yip, Joh Chung-sing, Sarah Lee, Si Gaai-keung.

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