Au
Japon, Shokuzai était une mini-série
télé en cinq épisodes diffusée en janvier 2012, en France, ce sont deux films
qui sortent à une semaine de distance. La scène primitive de la série se
déroule quinze ans avant le récit principal. Emili, écolière de neuf ans, est
nouvelle dans l’école d’une petite ville japonaise. Très vite, elle se lie avec
quatre amies de sa classe, elle les invite chez elle pour le goûter. Une fin de
journée, elles jouent ensemble dans la cour de récré quand un homme, prétendant
venir réparer quelque chose, vient demander de l’aide à l’une d’elles. Emili se
dévoue pour l’aider. Quelques minutes plus tard, la fillette est découverte
morte par ses camarades dans le gymnase.
Très
vite, les quatre enfants réagissent. L’une appelle la police, une autre va chez
Asako (Kyôko
Koizumi), la mère d’Emili, une autre tente de trouver l’institutrice et la dernière reste près du corps. Une
enquête commence, les policiers interrogent les enfants mais aucune d’elles ne
garde en souvenir le visage de l’assassin. Six mois plus tard, Asako invite les
quatre fillettes pour l’anniversaire d’Emili. Une photo de l’enfant morte trône
sur un meuble, fixant ses camarades. C’est alors que la mère leur fait le
reproche inouï de ne pas avoir été capables de reconnaitre le meurtrier et,
qu’en conséquence, il court toujours. Elle leur fait promettre de trouver cet
assassin. Les deux premiers chapitres de Shokuzai,
celles qui voulaient se souvenir sont consacrés respectivement à Sae (Yû
Aoi) et Maki (Eiko Koike), devenues adultes. Les deux chapitres sont scénaristiquement indépendants.
Désormais
adultes, chacune d’elles a désormais un métier et a quitté la ville de leur
enfance. Sae est esthéticienne et Maki est enseignante. La première, peu sûre
d’elle, est célibataire et se décide à épouser Takahiro (Mirai Moriyama),
riche héritier qui était justement dans la même école que Sae. Il va chaque
soir lui imposer de se déguiser dans la même tenue que la poupée qu’elle avait
étant enfant. La deuxième est au contraire une femme très forte d’esprit, très
rigoureuse dans son travail et devenue la bête noire des parents d’élève. Elle
apprend le kendo et va se servir de cet art martial pour frapper un dément venu
agresser les enfants lors d’une sortie à la piscine. Elle devient alors une
héroïne aux yeux de tous mais son geste d’une violence extrême commence
inquiéter
Ce
sont deux traumatisées de la vie que filme Kiyoshi Kurosawa. Il énumère leur
dysfonctionnement respectif en les mettant face à deux dégénérés, l’un sexuel (le
mari de Sae) l’autre mental (l’agresseur) mais ce ne sont que des miroirs qu’il
tend à ces deux personnages, rappelant constamment que le traumatisme ne vient
pas seulement de la scène primitive mais aussi de la promesse à la mère. J’imagine
que dans les trois autres parties dans le film qui sort la semaine prochaine,
les deux autres enfants ainsi que la mère auront droit à leur lot de pervers en
tout genre. La mère d’Emili fait office de fantôme qui hante l’esprit des
jeunes adultes et erre au beau milieu des décors ternes et sans âme. Elle vient
chaque fois constater si les anciennes amies de sa fille ont remboursé leur
part de dettes pour avoir laissé mourir Emili. Pour l’instant, le récit est un
peu indolent et très bavard avec un vague air de déjà-vu, il me faut donc
attendre quelques jours pour juger de l’ensemble de Shokuzai.
Shokuzai,
celles qui voulaient se souvenir (贖罪, Japon, 2012)
Un film de Kiyoshi Kurosawa avec Kyôko Koizumi, Hazuki Kimura, Yû Aoi, Mirai Moriyama,
Eiko Koike, Kenji Mizuhashi, Sakura Andô, Chizuru Ikewaki, Ayumi Itô, Tomoharu
Hasegawa, Teruyuki Kagawa.