Comme
j’avais, la semaine dernière, écrit sur Only God survives qui se déroule en Thaïlande, je parle aujourd’hui de La Dernière fois que j’ai vu Macao. Les
deux cinéastes portugais ont déjà filmé la ville, ex colonie portugaise
rétrocédée à la Chine en 1999. Le cinéma filme finalement peu Macao, ville
dédiée aux casinos (le Las Vegas chinois comme il est dit dans le film) et dont
l’architecture portugaise est encore très présente. Plusieurs films hongkongais
s’y déroulent (Exilé de
Johnnie To, Isabella de
Pang Ho-cheung, Butterfly
de Mak Yan-yan), bien d’autres y font référence notamment les films de gambling.
Le
micro récit tourne autour de la disparition d’une chanteur travestie de cabaret
nommée Cindy que l’on découvre en ouverture de film mimant une chanson de Lana
Turner dans le Macao de Josef Von
Sternberg, navet de fin de carrière du cinéaste, devant des tigres en cage.
Cindy cherche à rencontrer Da Mata mais ils n’arrivent jamais à se trouver dans
cette ville où pourtant « tout le monde se connait » (je cite les
dialogues du film). Da Mata passe de lieu en lieu à la recherche de Cindy,
traversant la ville de fond en comble. Une cage d’oiseau recouverte d’un linge
circule de main en main, cachant un secret.
On
menace Da Mata de ne pas poursuivre sa recherche, de partir immédiatement de
Macao. La violence des rapports est au cœur du récit. Des coups de feu
retentissent. Tout est hors champ si bien qu’il est inutile de filmer à la fois
la scène « d’action » et son résultat (les corps criblés de balles. On
ne verra jamais le visage du moindre protagoniste, la tête est toujours hors
champ. Tout est narré en voix off monocorde et en portugais. En revanche, le
film permet de découvrir cette ville méconnue, la ville et ses néons, les
chiens errants, les nouveaux immeubles modernes comme la campagne isolée. Le
tout filmé dans une grisaille automnale (les nuages surplombent toujours
Macao).
On
sent les intentions des réalisateurs : construire un récit mental que le
spectateur pourra reconstruire avec les souvenirs des films noirs connus et que
le film cite nonchalamment. L’autre intention est plus clairement assonée :
pour João Rui Guerra da Mata, il s’agit de revenir dans la ville de son
enfance, son père travaillait à Macao et de se rappeler un passé révolu.
Seulement voilà, les images rapportées de ce voyage sont très ternes, le
filmage en petit caméra n’arrange rien. Le film est un essai cinématographique
où le montage est souverain (la déconnexion entre le son et l’image) mais qui distille
régulièrement un ennui gêné de voir cette tentative de film noir échouer.
La
Dernière fois que j’ai vu Macao (La Ultima vez que vi Macau, Portugal – France,
2012) Un film de João Pedro Rodrigues et João Rui Guerra da Mata avec Cindy
Scrash, João Pedro Rodrigues et João Rui Guerra da Mata.
2 commentaires:
bonsoir jean,
de retour sur le blog après avoir lu ta critique d infernal affaire 3 il y a longtemps :-) mais comme blogspot rame en Chine....sauf que maintenant je suis en France à cause d un petit cancer, j ai du temps et de la lecture à rattraper ! j aurai aimé que ce soit dans d autres occasions mais avoir près de 3 ans de post à rattraper miam miam :-)
Bonsoir Maître Shifu,
désolé pour les raisons de ton retour en France. Merci d'avoir donné des nouvelles.
Bonnes lectures des chroniques.
Jean
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