A
son arrivée au foyer « Lys blanc », la fière et élégante Yukawa (Mitsuko Miura) doit troquer sa superbe robe pour une salopette
de travail. Ce foyer, qui sera l’unique décor de La Bête blanche, est tenu par Ryosuke Izumi (Sô Yamamura),
trentenaire célibataire assisté de la femme médecin Nakahara (Kimiko Iino). La maison est grande mais toutes les filles du
foyer dorment dans une chambre collective. Elles font des travaux des champs ou
de la couture. Le but est de les réhabiliter à la société. Elles ont toutes un
passé de prostituées et le choix leur a été donné de venir un an dans ce foyer
ou de passer devant un tribunal. Les méthodes d’Izumi sont douces, il considère
les prostituées qu’il héberge comme ses égales, ce qui n’est pas le cas de ses
mécènes, qui, dans une scène en fin de film, les condamnent à la damnation si
elles ne se repentent pas. Cela met Yukawa hors d’elle qui les traite
d’hypocrites.
Elle
a son petit caractère et ses tenues provoquent quelques railleries parmi ses
camarades de chambrée. Elle se disputera violemment avec l’une d’elle, bataille
dans la chambre, crêpage de chignons et gifles bien senties. Yukawa cherche
leur amitié en leur offrant des cigarettes, or le règlement interdit de fumer.
Elle cherche à connaitre les limites d’Izumi. Ce dernier ne fera que la gronder
bien gentiment. Elle pose de nombreuses questions à Nakahara sur son célibat,
histoire de savoir si elle pourrait séduire Izumi. Elle ira jusqu’aà voler le
journal intime du médecin. Lascivement, elle tentera de le séduire en ondulant
en jupe sur son lit quand il vient la chercher pour venir faire une promenade
un jour de repos. Sa provocation sensuelle n’a aucun effet sur lui. La Bête blanche cherche à créer un
triangle amoureux un peu trop limpide pour qu’il soit vraiment intéressant.
Le
film est très théâtral à la fois dans son scénario et dans ses effets mais
aussi dans son décor dont on ne sortira guère. La jeune Mari (Kumiko Mokusho),
arrivée en même temps que Yukawa se retrouve enceinte d’un de ses clients resté
fou amoureux d’elle mais elle refuse de le voir. Masuda (Tanie
Kitabayashi) se rend compte qu’elle a attrapé la syphilis et qu’elle risque de
bientôt mourir. Chaque coup de théâtre est annoncé avec une musique très
appuyée qui dramatise à l’extrême chaque scène et en annule la portée. Mikio
Naruse, qui a toujours aimé soutenir ses personnages même les moins engageants,
semble ici un peu coincé par son scénario progressiste qui dénonce autant les
hypocrites indiqués plus haut que la prostitution. Ses arguments manquent de
finesse pour vraiment convaincre.
La
Bête blanche (白い野獣, Japon, 1950) Un film de Mikio
Naruse avec Sô Yamamura, Kimiko Iino, Mitsuko Miura, Tanie Kitabayashi, Kumiko Mokusho, Haruko Ashida, Tatsuya Ishiguro, Eiji
Okada, Chieko Nakakita.
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