Deux
ans après Tourments, Mikio Naruse,
avec L’Etranger à l’intérieur d’une femme, adapte pour la première fois un
roman non japonais, The Thin line d’Edouard
Atiyah (qui sera également mis en scène par Claude Chabrol en 1970 dans Juste avant la nuit). Isao Tashiro (Keiju
Kobayashi) est un salaryman bien conformiste. Marié avec Masako (Michiyo
Aratama), gentil papa de deux enfants qui se chamaillent et fils d’une vieille
mère qui habite dans la coquette maison de banlieue, il apprend un soir que
l’épouse de son vieil ami de vingt ans, Sugimoto (Tatsuya Mihashi) a eu un
accident. Les deux hommes s’étaient rencontrés dans l’après-midi à Tokyo, ont
bu un verre ensemble et sont rentrés chez eux tous les deux. Ce que Sugimoto
découvre est que sa femme, la belle et aguicheuse Sayuri (Akiko Wakabayashi) a
été étranglée dans l’appartement d’une voisine.
La mère de Tashiro, sans délicatesse, juge
mal la défunte et ne regrette pas sa disparition. Elle pense qu’elle a fait les
yeux doux à son fils. Masako rétorque qu’elle était myope. Puis, la voisine,
lors de l’enterrement, reconnait Tashiro comme l’un des hommes qui venaient
visiter Sayuri. On découvre la morte dans des courts flasbacks qui confirment
la liaison qu’elle avait avec Tashiro. Le film ne fait pas mystère de
l’identité de l’assassin. Il s’agit bel et bien de Tashiro qui pratiquait avec
elle le jeu sexuel de l’étranglement. L’homme culpabilise de plus en plus, sent
que la justice ne va pas s’appliquer à son cas. Ce sentiment d’injustice est
d’autant plus fort quand son patron lui demande d’aller voir la femme d’un
collègue parti avec l’argent de l’entreprise et une maîtresse. Lui, l’assassin
doit rendre la justice.
Il ne reste qu’une solution à
Tashiro : se rendre à la police. Parce qu’il est un lâche, il va d’abord
confesser son crime à son épouse puis à Sugimoto, chacun d’eux lui conseiller
de ne rien dire, de respecter l’honneur et de préserver la famille. L’ambiance
déprimante reste le meilleur de ce film de fin de carrière (l’antépénultième de
Naruse). Dans la première demi-heure, la pluie ne cesse de tomber et un
terrible orage coupe la lumière. Le couple n’est plus éclairé que par une
chandelle dans un noir et blanc contrasté où le mari avoue son adultère. De
même, son deuxième aveu, celui du meurtre, se déroule dans un tunnel. L’Etranger à l’intérieur d’une femme
est à part dans la filmographie de Mikio Naruse pour au moins deux
raisons : la première est sa fin non ouverte, elle est même très
brutale ; la deuxième est que le personnage est non seulement un homme
(alors que le cinéaste a surtout mis en avant les femmes) mais aussi négatif.
L'Étranger
à l'intérieur d'une femme (女の中にいる他人, Japon, 1966)
Un film de Mikio Naruse avec Keiju Kobayashi, Michiyo Aratama, Mitsuko Kusabue,
Tatsuya Mihashi, Akiko Wakabayashi, Daisuke Katô, Toshio Kurosawa.
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