« J’ai
abattu Zatoichi avec mon mousquet », crie le jeune Seiroku à ses
compagnons yakuza qui demandent des preuves. Le corps du masseur aveugle est
introuvable. Il a été touché dans le dos mais n’est pas mort. Remis de ses
blessures, Zatoichi (Shintarô Katsu) part à la recherche de Kuni (Naoko Kubo),
sa bienfaitrice qui a payé le médecin. Il se trouve qu’elle est la fille du
chef Bunkichi du village de Kajikazawa. Elle ignore qui est l’homme qu’elle a
sauvé puisqu’il n’a pas pu donner son nom. C’est donc tout naturellement
qu’elle l’accueille dans sa demeure.
Elle
vit avec son père Bunkichi et sa jeune sœur Shizu. Depuis un an, leur frère a
quitté le foyer, parti pour des aventures plus viriles : il est devenu
yakuza. Il s’agit de Seiroku qui, tel un fils prodigue, fait son retour à
Kajikazawa, humilié de n’avoir pas trouvé le corps de Zatoichi. Shizu
n’apprécie pas le retour de Seiroku d’autant qu’elle juge son frère immature,
vantard et violent. Ce qu’il est. Cependant l’humeur chez les Bunkichi est à la
fête car tout le village s’apprête à célébrer l’été avec des beaux feux
d’artifices.
Tout
se passerait pour le mieux si une rivalité avec le chef du village voisin,
Yasugoro (Tatsuo Endô) ne compromettait cette ambiance. Yasugoro veut la
concession du gué de la rivière qui sert de limite entre les deux clans,
concession qui appartient aux Bunkichi. Pour cela, il est prêt à tous les coups
bas, l’un d’eux sera de capturer Seiroku tout en faisant croire à son père que
le jeune homme impétueux a blessé le chef Yasugoro. Zatoichi, pas rancunier,
ira le délivrer et ne recevra aucun remerciement.
Cette
septième aventure de Zatoichi, réalisée comme la sixième par Kazuo Ikehiro,
revient sur les conflits entre clans rivaux au milieu desquels Zatoichi se trouve
mêlé bien malgré lui. Cette fois, le masseur aveugle prend clairement parti
pour les Bunkichi. Le chef Yasugoro, avec son bégaiement et ses éructations,
est montré comme un homme sournois. Zatoichi reconnait les gens aux grands
cœurs. Parmi eux, Kuni, femme célibataire, est d’une moralité à toute épreuve.
Le film évite pourtant la romance entre Kuni et Zatoichi.
La Lame retrouve, le temps d’une séquence, la beauté d’une
mise en scène des combats parfaitement maîtrisée. Zatoichi se bat de nuit. A
l’extérieur, les feux d’artifices sont lancés et crépitent. A l’intérieur, les
bougies éclairent le couloir de la demeure des Yasugoro. La lame de Zatoichi
les tranchent les unes après les autres, seul son visage dans l’obscurité reste
à peine visible. Ce seront les lumières des feux d’artifices qui éclaireront
les adversaires dans un couloir, filmés dans un travelling latéral.
Le
film est volontiers sanglant et les morts s’accumulent. Pour contraster avec
cette funeste atmosphère, La Lame
dissémine çà et là quelques courts moments burlesques. Zatoichi s’énerve contre
une mouche qu’il tranche avec son sabre. Des enfants lui font acheter des
sucreries par malice. Il tombe dans un trou dans une route. Il se fait porter
pour traverser la rivière à gué et son porteur est bien encombré avec le corps
massif du masseur. Ces saynètes comiques permettent au spectateur de reprendre
son souffle entre deux combats violents
La
Légende de Zatoichi : La Lame (座頭市あばれ凧, Japon, 1964)
Un film de Kazuo Ikehiro avec Shintarô Katsu, Tatsuo Endô, Takashi Etajima, Ryûtarô
Gomi, Bokuzen Hidari, Jun Katsumura, Naoko Kubo, Ikuko Môri, Mayumi Nagisa,
Yutaka Nakamura, Koh Sugita, Teruko Ômi.
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