Zatoichi
a le chic pour se mettre dans des situations périlleuses. Il ne cherche
pourtant qu’à gagner sa vie. Il joue aux dés mais on veut l’arnaquer, et il
sort son sabre. Un homme lui propose un travail, lui paie les repas et le saké,
mais trois samouraïs viennent lui chercher des noises et tue son guide. Dans la
forêt, une horde de mercenaires est à la recherche d’une jeune fille et
interroge Zatoichi (Shintarô Katsu, encore et toujours) sans ménagement. Comme
l’indique parfaitement cette cinquième aventure, ça n’est pas un Voyage sans repos.
Il
ne peut pas s’en empêcher, il doit toujours venir en aide aux faibles et punir
les méchants. Ainsi quand un vieillard, tandis qu’il est en train de mourir,
dans cette forêt supplie Zatoichi de protéger Mitsu (Shiho Fujimura), le
masseur aveugle se donne comme mission de défendre cette jeune fille. Elle est
poursuivie à mort pour avoir planté une aiguille dans le visage d’un homme.
Zatoichi n’a pas besoin de demander pourquoi elle a agit ainsi. Il décide
d’accompagner cette jeune femme apeurée chez ses parents à Edo.
Elle
vaut de l’or. En tout cas, c’est ce que pensent les gens que rencontrent
Zatoichi et Mitsu. Hisa (Reiko Fujiwara), l’épouse d’un des trois samouraïs
tués et Jingorô (Ryûzô Shimada), un chef de clan, se retrouvent face à eux dans
une auberge. Pour gagner de quoi payer sa chambre, Zatoichi propose des massages.
Jingorô l’appelle, tout en restant incognito, pour profiter de ses services. Il
envisage de le tuer mais notre héros est bien trop malin. Hisa parvient
cependant à convaincre que son gardien est malfaisant et quitte l’auberge.
Tout
se complique encore plus quand la jeune femme sert d’otage dans un affrontement
entre deux clans. Zatoichi avait été engagé pour se battre pour le clan des
Doyama. Il demande une forte somme pour accepter. Or, Hisa et Jingorô engagent
Tomegoro (Yoshio Yoshida) pour le clan adverse des Shimozuma. L’homme vulgaire
et vénal a cette idée d’otage et espère, par-dessus le marché, rouler ses
alliés pour avoir la rançon. Le film montre des êtres dépourvus de loyauté et
sans vergogne, l’inverse même de la morale de Zatoichi.
Si
le masseur a le chic pour tomber au milieu des guerres claniques, il a aussi le
génie pour tomber amoureux des jeunes filles tristes. C’est précisément ce qui
se passe avec Mitsu. Comme toujours, il regrette de ne pas pouvoir admirer les traits
des demoiselles. Il touche par mégarde son visage alors qu’ils se terrent,
presque enlacés, pour se cacher. Belle scène pudique et émouvante d’un homme
qui ne peut assouvir ses désirs et préfère garder un objet de Mitsu en souvenir
et la laisser partir avec un jeune samouraï candide plutôt que de la destiner à
une errance de proscrit.
Après
deux épisodes réalisés par Tokuzo Tanaka, aux scénarios très alambiqués qui
semblaient chercher à prolonger la trilogie initiale tout en lançant de
nouvelles pistes, Voyage sans repos
marque la première mise en scène de Kimitoshi Yasuda. Tout comme Kenji Misumi,
il tournera six épisodes de Zatoichi. Ce qui ravit est la fluidité et la
simplicité du récit avec des personnages et des situations à la fois plus
marquants et mieux dessinés, le tout avec quelques pointes d’humour pince-sans-rire
bien senties.
La
Légende de Zatoichi : Voyage sans repos (座頭市喧嘩旅, Japon, 1963) Un film de Kimiyoshi Yasuda avec Shintarô
Katsu, Shiho Fujimura, Ryûzô Shimada, Reiko Fujiwara, Matasaburo Niwa, Yoshio
Yoshida, Sonosuke Sawamura, Shôsaku Sugiyama, Yutaka Nakamura.
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