samedi 5 octobre 2013

La Légende de Zatoichi 5 : Voyage sans repos


Zatoichi a le chic pour se mettre dans des situations périlleuses. Il ne cherche pourtant qu’à gagner sa vie. Il joue aux dés mais on veut l’arnaquer, et il sort son sabre. Un homme lui propose un travail, lui paie les repas et le saké, mais trois samouraïs viennent lui chercher des noises et tue son guide. Dans la forêt, une horde de mercenaires est à la recherche d’une jeune fille et interroge Zatoichi (Shintarô Katsu, encore et toujours) sans ménagement. Comme l’indique parfaitement cette cinquième aventure, ça n’est pas un Voyage sans repos.

Il ne peut pas s’en empêcher, il doit toujours venir en aide aux faibles et punir les méchants. Ainsi quand un vieillard, tandis qu’il est en train de mourir, dans cette forêt supplie Zatoichi de protéger Mitsu (Shiho Fujimura), le masseur aveugle se donne comme mission de défendre cette jeune fille. Elle est poursuivie à mort pour avoir planté une aiguille dans le visage d’un homme. Zatoichi n’a pas besoin de demander pourquoi elle a agit ainsi. Il décide d’accompagner cette jeune femme apeurée chez ses parents à Edo.

Elle vaut de l’or. En tout cas, c’est ce que pensent les gens que rencontrent Zatoichi et Mitsu. Hisa (Reiko Fujiwara), l’épouse d’un des trois samouraïs tués et Jingorô (Ryûzô Shimada), un chef de clan, se retrouvent face à eux dans une auberge. Pour gagner de quoi payer sa chambre, Zatoichi propose des massages. Jingorô l’appelle, tout en restant incognito, pour profiter de ses services. Il envisage de le tuer mais notre héros est bien trop malin. Hisa parvient cependant à convaincre que son gardien est malfaisant et quitte l’auberge.

Tout se complique encore plus quand la jeune femme sert d’otage dans un affrontement entre deux clans. Zatoichi avait été engagé pour se battre pour le clan des Doyama. Il demande une forte somme pour accepter. Or, Hisa et Jingorô engagent Tomegoro (Yoshio Yoshida) pour le clan adverse des Shimozuma. L’homme vulgaire et vénal a cette idée d’otage et espère, par-dessus le marché, rouler ses alliés pour avoir la rançon. Le film montre des êtres dépourvus de loyauté et sans vergogne, l’inverse même de la morale de Zatoichi.

Si le masseur a le chic pour tomber au milieu des guerres claniques, il a aussi le génie pour tomber amoureux des jeunes filles tristes. C’est précisément ce qui se passe avec Mitsu. Comme toujours, il regrette de ne pas pouvoir admirer les traits des demoiselles. Il touche par mégarde son visage alors qu’ils se terrent, presque enlacés, pour se cacher. Belle scène pudique et émouvante d’un homme qui ne peut assouvir ses désirs et préfère garder un objet de Mitsu en souvenir et la laisser partir avec un jeune samouraï candide plutôt que de la destiner à une errance de proscrit.

Après deux épisodes réalisés par Tokuzo Tanaka, aux scénarios très alambiqués qui semblaient chercher à prolonger la trilogie initiale tout en lançant de nouvelles pistes, Voyage sans repos marque la première mise en scène de Kimitoshi Yasuda. Tout comme Kenji Misumi, il tournera six épisodes de Zatoichi. Ce qui ravit est la fluidité et la simplicité du récit avec des personnages et des situations à la fois plus marquants et mieux dessinés, le tout avec quelques pointes d’humour pince-sans-rire bien senties.

La Légende de Zatoichi : Voyage sans repos (座頭市喧嘩旅, Japon, 1963) Un film de Kimiyoshi Yasuda avec Shintarô Katsu, Shiho Fujimura, Ryûzô Shimada, Reiko Fujiwara, Matasaburo Niwa, Yoshio Yoshida, Sonosuke Sawamura, Shôsaku Sugiyama, Yutaka Nakamura.

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