Comme
dans ses films les plus récents, la petite rengaine d’Hong Sang-soo continue
dans Haewon et les hommes. Des
promenades dans la ville, ici le quartier ouest de Séoul et une forteresse
médiévale dans la campagne. Deux personnages travaillant dans le cinéma, Hae-won
(Jeong
Eun-chae), apprentie actrice est
l’étudiante de Lee (Lee Seon-gyoon), réalisateur de cinéma qui donne des cours de cinéma à
la fac. Ils étaient amants, ils ne le sont plus. Tout le récit tourne autour
d’eux, de leur crise existentielle.
Avec
son pull rouge vif aux manches trop longues, Hae-won traine sa solitude dans
les cafés. Elle rencontre Jane Birkin qui cherche son chemin et lui confesse
qu’elle ressemble à Charlotte. Elle retrouve sa mère (Kim Ja-ok) pour une
ultime conversation. Sa mère quitte la Corée pour s’établir au Canada. Hae-won
va se retrouver encore plus seule. Elles visitent un parc, une librairie où les
livres sont offerts, croisent un jeune homme qui fume. Hae-won se lance dans
une danse enfantine autour d’une statue.
En
passant devient un hôtel, elle se rappelle qu’elle a couché avec Lee ici pour
la première fois. Elle décide de l’appeler. Il est marié et a trois enfants.
Leur relation a toujours été gardée secrète, du moins le pensent-ils. Car lors
d’une conversation alcoolisée, comme Hong Sang-soo en place toujours dans ses
films, dans un restaurant, le soju – l’alcool de riz coréen – fait délier les
langues. Hae-won et Lee sont entourés de six étudiants qui jugent bien
sévèrement la jeune femme.
Les
hommes qui illustrent le titre français ont tous les âges mais sont tous des
intellectuels. Le jeune libraire que la mère tente de pousser dans les bras de
sa fille, l’étudiant triste qui a consolé Hae-won, des mois auparavant, quand
elle a rompu avec le professeur Lee et un homme plus âgé qui travaille lui
aussi dans le cinéma mais à Hollywood qui lui propose de l’épouser au coin
d’une rue. Et ce vieillard qui agit comme un chœur antique au milieu de la
forteresse qui commente les disputes entre Hae-won et Lee.
Le
film d’Hong Sang-soo accumule les répétitions, d’abord avec ses anciens films (la
scène de restaurant alcoolisée) puis au sein même du récit. Une cigarette sur
le sol que la jeune femme écrase du pied, les allers et retours dans la
forteresse où elle emprunte les mêmes sentiers, les dialogues se répètent y
compris quand les protagonistes changent. Hong Sang-soo procède par
substitution, tente toutes les possibilités en déplaçant les personnages d’un
lieu à un autre.
L’atmosphère
de Haewon et les hommes est grisâtre,
reflétant les sentiments de ses personnages principaux. On est au printemps (la
voix off d’Hae-won égrène les dates, comme si elle rédigeait un journal intime)
mais l’amour à du mal à éclore en cette saison de renouveau. Et finalement, on
se rend compte que peut-être la jeune femme est en train de rêver tout cela,
qu’elle vit sa vie comme un songe ou qu’elle imagine tout ce qui lui arrive,
comme si elle écrivait le scénario de sa vie amoureuse dont elle serait le
personnage central.
Haewon
et les hommes (누구의
딸도 아닌 해원,
Corée, 2012) Un film d’Hong Sang-soo avec Lee Seon-gyoon, Jeong Eun-chae, Kim
Ee-seong, Yoo Joon-sang, Ye Ji-won, Ki Joo-bong, Kim Ja-ok, Ryoo Deok-hwan, Ahn
Jae-hong, Bae Yoo-ram, Sin Seon, Jeong Da-won, Ahn Seon-yeong, Park Joo-hee-I,
Jane Birkin.
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