lundi 28 décembre 2009

United Red Army


Comme dans beaucoup de pays, ce que l’on appelle la pensée Mao Tsé-toung a incité un bon nombre d’étudiants des classes moyennes et de la bourgeoisie à s’engager dans une voie politique extrémiste qui appelait à la mise en œuvre du totalitarisme dans leur pays. En France, on eu Godard. Au Japon, il y avait l’Armée Rouge Unie, groupuscule dont Wakamastu nous conte par le menu la sale histoire. United Red Army est un film très documenté inspiré d’une histoire, hélas, vraie.


La première demi-heure de United Red Army montre comment à partir de 1960, le gouvernement du Japon soutient les Etats-Unis, notamment dans leur guerre contre le Viet Nam. Comment les manifestations d’étudiants ont été réprimées par la police. Comment la Révolution culturelle, à partir de 1966, a influencé quelques étudiants. Ce sont ces jeunes gens et filles, dans leur vingtaine, que le film suit. De leurs rencontres dans des manifs aux premiers meetings politiques. Puis de la formation de factions maoïstes aux premiers attentats. De deux factions opposées sur la démarche à suivre pour provoquer la révolution mondiale, nait l’armée rouge unie.


Direction : les camps d’entraînement dans la montagne japonaise. Les deux leaders (un homme et une femme) sont sans pitié pour les faibles. Ils veulent former une armée révolutionnaire pure et dure. Les membres de l’armée doivent abandonner tout leur passé, leur famille, leur possession. Ils doivent également se débarrasser des sentiments, qui sont considérés par les leaders comme des notions bourgeoises et anti-communistes. Pendant deux heures, Wakamatsu va filmer la dérive strictement sectaire d’un groupe de Japonais persuadés d’avoir raison.


Au début de leur exil montagnard, la croyance en la révolution communiste est en chacun des protagonistes. Nous sommes dans l’hiver 1971-1972, la grande époque de la mode maoïste. Les leaders cherchent à garder leurs pouvoirs en culpabilisant les autres camarades. Sont-ils vraiment révolutionnaires, communistes, anticapitalistes, anti-bourgeois ? C’est le seul leitmotiv du couple infernal. Les séances d’autocritiques se suivent et se ressemblent, chacun se reproche une chose de plus en plus absurdes. Jusqu’à par exemple trouver que manger un biscuit en plein combat est un comportement anticommuniste et réactionnaire. Même quand on a faim.


Ce que va montrer surtout United Red Army, c’est la logorrhée inhérente à toute doctrine totalitaire, et celle du communisme à la chinoise en était une. L’endoctrinement des jeunes gens est d’ordre religieux et le lavage de cerveaux subi par les personnages les poussent à commettre les crimes décrits dans le film. Pour pousser les séances d’autocritiques, Nagata et Mori, les deux leaders pensent que la torture permettra de mieux confesser les sentiments anticommunistes et de s’en défaire. Le stage à la montagne va petit à petit se transformer en camp d’extermination.


La dernière demi-heure du film montre la fuite en avant d’un troupeau de survivants. Ils traversent la montagne enneigée et glaciale du mois de février 1972. Ils finissent vers Nagano dans un chalet où ils prennent en otage une femme. La police va donner l’assaut. Cette femme prise en otage sera le seul personnage hors de la secte communiste que l’on verra. On entendra certes la police qui veut donner l’assaut mais on ne la verra jamais. Tout cela reste hors champ.


Kôji Wakamatsu ne pouvait de toute façon pas se permettre de filmer l’assaut avec des moyens « américains ». Chez lui, tout est dans la suggestion, dans le hors champ. Le budget devait être très bas et cela se sent constamment. Les acteurs ne sonnent pas toujours très bien dans leurs rôles. Ils sur-jouent avec outrance les textes. L’image est d’une rare laideur visuelle. Tout est filmé au petit caméscope. Devant le flux ininterrompu d’information, il ya très souvent une redondance entre l’image, la voix off et des cartons qui prouvent la grande confusion de la mise en scène. Car en fin de compte, Wakamatsu semble éprouver une certaine sympathie pour ce mouvement maoïste. En dépit de ses crimes qu’il attribue aux deux leaders (qu’il juge soit dit en passant comme des crapules), mais il absout les autres. Il semble dire qu’ils ont été manipulés par les deux leaders. Mais le propos entier reste très douteux politiquement, pour ne pas dire dégueulasse.


United Red Army (実録・連合赤軍, Japon, 2007) Un film de Kôji Wakamatsu avec Maki Sakai, Arata, Akie Namiki, Gô Jibiki, Maria Abe, Anri Ban, Kenji Date, Yuki Fujii.

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