mardi 13 avril 2010

Comment Yukong déplaça les montagnes (8) : Une histoire de ballon


Il est sept heures du matin. Un lycéen a joué au ballon quand la cloche a sonné. Son professeur lui dit d’arrêter et d’aller en classe sans attendre. Lui, il donne un grand coup de pied dans le ballon qui frôle la professeur. Une longue discussion va s’engager deux jours plus tard pour que le jeune homme explique son geste qui apparaît aux yeux des enseignants bien peu respectueux des préceptes de la pensée Mao Tsé-toung, notamment celui qui encourage la discipline.


Marceline Loridan interroge d’abord le jeune homme et ses amis qui aiment jouer au football. Selon eux, tout cela n’est pas bien méchant. Mais la prof avait déjà embêté le lycéen il y a quelque temps de cela avec une histoire de gobelet. Elle s’acharne sur lui, pense-t-il. Ses amis le soutiennent. Puis, elle questionne la professeur et une de ses collègues. Sept heures, c’est sept heures, clame-t-elle. Il faut respecter la discipline sans quoi rien ne pourra fonctionner. Elle est persuadée qu’il a voulu l’atteindre avec le ballon.


Passé ce moment où chacun des deux protagonistes campe sur ses positions, Une histoire de ballon peut commencer son procès populaire de l’action du jeune homme. Il parle loisir et semble prendre cela à la légère, elle parle politique et trouve son attitude très grave. Toute la classe est réunie pour parler de cet événement. Les lycéens se posent des questions sur la trop grande passion du football qui risque de nuire. La collègue du professeur est très vindicative. Les lycéens défendent leur camarade.


Chacun va faire sa propre critique avec peu de conviction mais ils sont filmés par les deux cinéastes. Alors il faut faire bonne figure jusqu’à la poignée de mains que l’enseignante et le lycéen vont échanger avec un grand sourire. La collègue affirme qu’elle ne s’était pas rendue compte que les jeunes gens qu’elle a devant elle ont une si grande conscience politique. Ce qui semble le plus aberrant devant cette logorrhée politique d’un niveau très bas, est la différence entre l’événement (un simple ballon lancé) et les proportions que l’on en donne. Une histoire de ballon filme une fausse démocratie basée sur le culte du résultat, la réconciliation suite à la leçon tirée. Il faut y arriver à ce résultat quelle que soient les opinions de chacun.


Comment Yukong déplaça les montagnes (8) : Une histoire de ballon, lycée N°13, Pékin (France, 1976) Un film documentaire de Joris Ivens et Marceline Loridan.


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