Exit
Jimmy Wang Yu, bonjour David Chiang qui devient le nouveau sabreur manchot de
la Shaw Brothers, comme le titre original le signale. En France, The New one-armed swordsman est sorti
sous le titre La Rage du tigre au
tout début de la vague de films « karaté soja», comme le disait la
critique de l’époque non sans un gros mépris, soit le 5 juillet 1973, tout
juste un mois avant La Fureur de vaincre
de Lo Wei. David Chiang n’est pas Fang Gang, le personnage de Jimmy Wang Yu,
mais Lei Li. Le générique, fameux, voit Lei Li sur un cheval, sabres aux mains,
en train de trancher toute une horde d’ennemis. L’ouverture combine les sons
des sabres, des sabots des chevaux sur une musique jouée par une guitare
saturée.
Car
en début de film, tout comme dans Un
seul bras les tua tous, Lei Li a ses deux bras. C’est un bretteur redouté
et réputé mais son sourire arrogant n’impressionne en aucune manière Long
Yi-zhi (Ku Feng), maître des lieux qui profite des guerres de clans pour voler
les convois d’or. Lei Li accepte un défi du chevalier Long. Le perdant se
tranchera le bras droit. Lei Li, malgré son habileté, sera défait grâce au
bâton rétractable de Long, sorte de nunchaku en trois parties. Lei Li décide
d’abandonner les arts martiaux. Pour montrer avec simplicité le temps qui
passe, Chang Cheh avec un travelling aller retour montre le bras planté sur un
arbre puis le bras devenu squelette.
Deux
ans se sont passés. Lei Li est devenu l’homme à tout faire d’un aubergiste et
le sujet de la moquerie de certains clients, des soldats à la solde de Long et
de son allié Chen (Chan Sing), chef du clan du tigre (donnant là l’explication
du titre français avec un beau contresens). Il reste de beau reste à l’ancien
sabreur. On lui demande de laver une table, il fait se soulever les assiettes
et les bols et nettoie pendant qu’ils sont en l’air, il fait de même pour
servir le vin. Mais quand on l’agresse, il ne répond pas, il se laisse frapper
par les deux soldats, recevant des coups de pieds, de mains, se laissant briser
la main gauche sous les bottes des agresseurs. Le sourire arrogant qu’il
arborait en début de film n’est plus là.
La Rage du tigre se poursuit avec l’arrivée de Feng (Ti Lung), un
autre sabreur qui débarque au village. Il manie également deux sabres. Puis, Ba
Jiao (Li Ching), la fille du forgeron, est enlevée par les deux soldats qui
veulent la violer. Elle vient souvent acheter du vin à l’auberge. C’est Feng
qui ira la sauver des griffes des soldats. Feng se voit défié par Long et Chan.
Lei Li a beau le prévenir de la botte secrète de Long, Feng n’a pas peur. Il
est aussi arrogant et sûr de lui que l’était Lei Li deux ans auparavant. Feng
veut défendre son nouvel ami devant les soldats si agressifs, il incité Lei Li
à reprendre le sabre et les arts martiaux. D’une certaine manière, ce sont deux
âmes sœurs.
On
a souvent parlé au sujet des films de Chang Cheh qu’ils recélaient une part d’homosexualité
latente dans les rapports entre les hommes. Dans La Rage du tigre, c’est précisément cela. Les deux hommes
sympathisent, se sourient longuement, puis, sous le regard compréhensif de Ba
Jiao, se soutiennent mutuellement, au sens propre comme au sens figuré. Puis,
une fois qu’ils auront été débarrassés de leur ennemis, ils pourront partir
vivre en semble et travailler la terre tous les deux. Bien sûr, Feng mentionne
que Ba Jiao sera l’épouse de Lei Li, mais ce projet de vie commune reste
prépondérant. C’est parce que Feng est tué par Long que Lei Li reprend les
armes, alors qu’il ne les a pas prises pour aider Ba Jiao. Sa rage n’en sera
que plus grande pour le final devant le palais où Lei Li va affronter Long.
La
Rage du Tigre (The New one-armed swordsman, 新獨臂刀, Hong Kong, 1971) Un film de Chang Cheh avec David
Chiang, Ti Lung, Ku Feng, Li Ching, Cheng Lei, Cheng Kang-ye, Chen Sing, Wang
Chung, Wang Ching-ho, Liu Kang, Shen Lao, Wang Kuang-yu, Yasuaki Kurata, Yang
Sze.
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