Adolescents,
Cho (Jordan Chan) et Dik (Patrick Tam), amis d’enfance, commencent à intégrer
une triade sur les conseils d’un parrain (Herman Yau, dans une courte
apparition en ouverture de film). Les deux garçons tuent un homme avec un couteau.
C’est Dik qui porte le coup fatal mais Cho qui assume le meurtre. Il fait douze
ans de prison. Le générique de The Wall
montre Cho en prison, mêlant noir et blanc sépia et images en couleurs. Son
parcours est décrit très rapidement : devenir prisonnier, se faire respecter,
apprendre le métier de cuisinier, puis enfin sortir.
A
sa sortie de prison, Jack (Chapman To) vient le chercher en voiture. Ils ne se
connaissent pas. Jack a pour mission de veiller sur Cho, de lui trouver un
logement au lieu de loger dans un foyer et, éventuellement, de lui trouver un
boulot. Jack est encore, à cause de sa jeunesse, dans le fantasme du membre des
triades. Jack fait du racket auprès de petits trafiquants pour payer le restau
et l’hôtel. Cho se voit refuser tous les boulots que son conseiller judiciaire
lui avait suggérés. Il espérait pouvoir aider sa sœur (Amanda Lee), mariée à un
homme violent et mère de plusieurs enfants.
La
vie est triste et morne, tout va changer quand Cho retrouve Dik. Les deux amis
ne s’étaient pas revus depuis douze ans. Ils se voient par hasard dans la rue.
D’abord, Cho ne veut pas parler à Dik, même s’il ne regrette pas d’avoir payer
pour lui. Dik n’était jamais allé voir Cho en prison pour ne pas le
compromettre. Chacun se demande s’il pourra devenir à nouveau l’ami de l’autre,
s’ils pourront revenir douze ans en arrière quand ils étaient si insouciants.
Dik est devenu, depuis tout ce temps, un des pontes des triades et souhaite
prendre soin de Cho, offrir une vie meilleure à son frère de sang.
Pendant
vingt minutes, The Wall semble
s’engager sur une histoire d’amitié si forte entre les deux hommes qu’on se
croirait dans une histoire d’amour pure et dure. Une imagerie typiquement
homoérotique et amoureuse est développée entre les regards que se portent les
deux personnages suivis de détournements de regards après des discussions vives
où leurs oppositions sont mises en avant. Les dialogues sont ceux d’un couple
qui tente de se reformer, la caméra capte leur complice intimité. Cho se rend
compte que Dik habite juste en face de la prison et qu’il l’observait avec une
longue-vue. Dik est d’ailleurs, tout comme Cho, resté célibataire.
L’idée
de lier les deux hommes par des sentiments très forts est une volonté des
scénaristes et du cinéaste de se placer dans la lignée du Syndicat du crime et des rapports entre Chow Yun-fat et Leslie
Cheung. Mais très vite, The Wall
part sur d’autres pistes scénaristiques beaucoup moins inspirées et bien plus
caricaturales. Dik offre à Cho un restaurant qui devient vite le repaire de la
triade de Dik. Ce dernier choisit d’y faire sa chambre des tortures, scènes
racoleuses où il frappe au marteau ses ennemis. A cela il faut ajouter le fils
du parrain (David Lee) qui abuse de son pouvoir et veut pendre la place de son
père. La lutte pour le pouvoir est trop caricaturale pour convaincre.
La
rédemption pour Cho est envisagée de deux manières. D’abord avec la police qui
cherche à arrêter Dik. Il s’agit donc de convaincre Cho d’espionner son ami
pour le trahir. Il tente de le remettre dans le droit chemin, mais la soif de
pouvoir et le goût de la violence sont trop grands. Ensuite avec San (Cherrie
Ying), jeune et belle femme seule qui noie son ennui dans l’alcool. Dans les
deux cas, The Wall illustre de
manière superficielle cette volonté de quitter la triade et d’accéder à une vie
meilleure. La scène finale où tous les personnages sont réunis pour régler leur
compte tombe rapidement dans le grotesque gore accentuant le gâchis d’un film au
début pourtant prometteur à défaut d’être original.
The Wall (黑道風雲, Hong Kong, 2002) Un film de Marco Mak avec Jordan Chan, Patrick Tam,
Chapman To, Simon Loui, Cherrie Ying, David Lee, Sek Sau, Kau Man-lung, Amanda
Lee, Herman Yau, Nam Yin, Timothy Zao, Ricky Fan, Wong Man-shing.
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