dimanche 18 août 2013

Retour à la 36ème chambre


Retour à la 36ème chambre n’est pas une suite directe de La 36ème chambre de Shaolin puisque Gordon Liu n’interprète pas San De, le créateur de cette chambre qui a pour but d’initier au kung-fu les laïcs. L’acteur est Jen-jie, jeune charlatan qui se fait passer pour un moine. Sa famille a honte qu’il ne cherche pas un travail honnête. Il demande de l’argent pour restaurer le monastère. Il a le crâne rasé, porte une toge orange mais est incapable de se battre.

Pourtant la teinturerie où travaillent son grand frère Sheng (Wa Lun) et ses amis Chao (Hsiao Ho) et Hung (Kara Hui) aurait besoin d’être défendu. Dans ce second volet, les Mandchous ont fait main basse sur le patronat. Désormais, les ouvriers seront payés 20% de moins. Les rebelles risquent quelques grands coups de bâton donnés par les contremaîtres fort peu commodes. Chao a l’idée de faire passer Jen-jie pour San De pour impressionner les Mandchous.

Ce qui plait dans la première partie de Retour à la 36ème chambre est le recyclage de l’imagerie de Shaolin. Jen-jie joue le moine sans l’être. Des câbles visibles l’aident à voler, les ouvriers simulent leur chute quand Jean-jie lance sa paume contre eux. Liu Chia-liang joue sur les clichés dans un style burlesque qui doit beaucoup aux apports des concurrents de la Shaw Brothers, en l’occurrence la comédie kung-fu de la Golden Harvest. Les gags vont jusqu’au scatologique (le moine qui a la chiasse) et sont agrémentés d’une musique adéquate.

Pour Liu Chia-liang, chantre du combat d’arts martiaux pur et authentique, cette manière de se moquer de Shaolin est intéressante. Il répond, par ce moyen, à Jackie Chan ou Sammo Hung qui employaient dans leurs films des acteurs qui ne faisaient que reproduire les gestes du kung-fu (Leung Kar-yan par exemple dans Le maître intrépide). Mais cette critique est sur un ton jovial. Le cinéaste n’entend jamais faire la leçon aux jeunes acteurs. Il cherche plutôt à prouver qu’il peut jouer sur le même terrain qu’eux.

Les deux parties suivantes se concentrent sur l’apprentissage de Jen-jie puis sur la vengeance sur les Mandchous. Le héros tente de rentrer au monastère de Shaolin, là encore en se déguisant en disciple, se créant les marques de brulure crânienne avec des graines de courge et en volant un uniforme. San De (King Lee, plus rondouillard que Gordon Liu) a bien compris que Jen-jie est rentré dans la 36ème chambre par effraction. Ses premiers pas sont difficiles et pas roublardise, avec de nombreux gags, il parvient finalement à être admis.

Comme dans chaque film de Liu Chia-liang (et d’autres récits d’apprentissage du kung-fu), la discipline passe par de manière déviée. En l’occurrence, San De ordonne à Jean-jie de construire un échafaudage en bambous pour rénover le monastère (finalement, il reprend l’idée que Jen-jie avait lorsqu’il mendiait en début du film). Cette belle idée permet d’édulcorer l’habituel et fastidieux catalogue des épreuves d’apprentissage qui alourdissaient souvent ses précédents films. Jen-jie observe ainsi les moines s’entrainer sur ses bambous.

Retour à la 36ème chambre est l’un des films les plus amusants de Liu Chia-liang. Le retour dans le village natal de Jen-jie suivi de sa vengeance permet de comparer l’imagerie et les clichés avancés en début de film avec l’érudition au combat du héros dans la dernière partie. Il passe en souplesse du burlesque échevelé au sérieux absolu. Les Mandchous croit devoir se battre contre un incapable naïf et prétentieux, ils trouvent en face d’eux un expert. Là aussi, le message s’adresse à ses concurrents tant la fluidité des chorégraphies ravit.

Retour à la 36ème chambre (Return to the 36th chamber, 少林搭棚大師, Hong Kong, 1980) Un film de Liu Chia-liang avec Gordon Liu, Kara Hui, Hsiao Ho, Dang Wai-ho, Wong Ching-ho, Wa Lun, King Lee, Yau Chui-ling, Chan Si-gaai, Sek Gong, Kwan Yung-moon, Yeung Jing-jing, Johnny Wang, Chiang Tao, Chang Yi-tao.

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