Je
consacre une partie de ce mois d’août aux décors en carton-pâte et au paysage
peints sur toile avec un petit hommage à Liu Chia-liang. Et pour commencer Le Bras de la vengeance, deuxième volet
de la trilogie que Chang Cheh a consacré au sabreur manchot pour la Shaw
Brothers. J’avais décrit comment Fang Gang (Jimmy Wang Yu) a perdu son bras
droit dans Un
seul bras les tua tous. Trois ans plus tard, Fang a épousé Xiao-man
(Lisa Chiao) à qui il a promis de ne plus utiliser son sabre pour se battre. Il
est désormais un honnête paysan dans la campagne chinoise.
C’était
sans compter sans le Roi Sans Forme (Tien Feng), potentat local qui terrorise
tous les maîtres des différentes écoles d’arts martiaux, qui défie Fang Gang
pour savoir qui est le maître du sabre. Il envoie deux missionnaires (Wu Ma et
Fong Yau), l’un vêtu de blanc, l’autre de noir, pour le convoquer sous la
menace. Tenant à sa parole, il refuse tout net. Devant l’insistance guerrière
des deux frères, il utilise son sabre pour laminer leurs tenues et les chasse.
Il décline la demande d’aide venant des frères Lu, eux aussi défiés par le Roi.
Seulement
voilà, les maîtres des écoles d’arts martiaux ont également été convoqués. Ils
veulent la paix et pensent, bien naïvement qu’aller à ce défi leur permettra de
vivre hors du joug du Roi Sans Forme. Ce dernier vit dans une forteresse avec sept
autres chefs autoproclamés rois, six hommes et une femme. Le film les montre
dans une rapide démonstration de leurs bottes secrètes. L’un fait tourner des
roues équipées de lames, un autre envoie du poison, la reine jette des
couteaux, quant à Liu Chia-liang, par ailleurs chorégraphe des combats, il
lance une chaine munie d’une serpe. Seule l’arme du Rois Sans Forme est
inconnue car il n’a jamais laissé de survivants.
Chacun
a un nom de guerre très évocateur : Roi Grande Force, Roi Long Bras,
Reine aux Mille Doigts, Roi Illusion Céleste, Roi Bouddha de l’Enfer, Roi
Dragon Venimeux, Roi Roue Tranchante. Je donne ici leurs noms tels qu’ils sont
donnés dans les sous-titres du DVD édité par Wild Side. Ils sont tous cruels et
ne font pas de prisonniers, d’ailleurs le nombre de morts dans Le Bras de la vengeance est énorme. Les
cadavres s’amoncellement sur le sol au fur et à mesure que les gentils (tous
habillés en blanc) rencontrent les méchants (en tenues noires). Cela est très
commode pour se repérer dans les affrontements et pour se rendre compte du
nombre de survivants dans chaque camp.
Un
ultimatum du Roi Sans Forme demande aux fils des maîtres de se couper le bras
droit s’ils veulent que leurs pères soient libérés. Ils ont été pris en otage.
Fang Gang prend la tête d’une expédition avec les disciples des écoles.
Xiao-man, son épouse est contrainte de les accompagner, retardant l’annonce
heureuse qu’elle veut faire à son mari. Sur le chemin vers la forteresse, comme
dans un catalogue, ils vont rencontrer chaque roi, l’un après l’autre, qu’ils
vont affronter et défaire. Mais c’est la Reine aux Mille Doigts qui est la plus
vicieuse puisqu’elle se fait passer pour une jeune femme égarée et infiltrer la
troupe menée par Fang Gang.
Pour
faire durer son suspense, Chang Cheh mise d’abord sur les dialogues entre les
disciples et Fang Gang. Chaque renseignement, chaque information est annoncée
par un vigile à l’avant-garde aux disciples puis donnée une deuxième fois à
Fang Gang. Ces répétitions sont à la longue fastidieuses. Les disciples sont à
la fois naïfs, se laissant embobiner par le charme de la Reine, et débordent
d’énergie les poussant à partir au combat mal préparés. Jimmy Wang Yu, avec son
fin collier de barbe, joue avec le plus grand sérieux, sans décrocher le
moindre sourire, son personnage de redresseur de torts. Ce sera son dernier
rôle marquant pour la Shaw Brothers, préférant quitter la compagnie l’année
suivante pour divergences artistiques.
Le
Bras de la vengeance (Return of the one-armed swordsman, (獨臂刀王, Hong Kong, 1969) Un film de Chang Cheh avec Jimmy Wang Yu,
Lisa Chiao, Chung Wa, Cheng Lui, Hoh Ban, Tien Feng, Essie Lin, Ku Feng, Tung
Li, Tong Gai, Lau Kar-wing, Liu Chia-liang, Yuen Cheung-yan, Ti Lung, Wang
Kuang-yu, Wu Ma, Fong Yau.
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