Après
le monastère de Shaolin (La
36ème chambre de Shaolin) et la cour de l’Empereur (La Mante
religieuse) le troisième film de Liu Chia-liang sorti en 1978 délaisse
la Chine historique pour le début du 20ème siècle. Shaolin contre Ninja est d’abord une
comédie sur le mariage entre la Chine et le Japon. Plus précisément, entre He
Tao (Gordon Liu), jeune homme moderne, et Yumiko (Mizuno Yuko), fille d’un
homme d’affaires qui commerce avec le père de He Tao. Ce dernier n’a pas revu
la jeune femme depuis leur enfance, il imagine qu’elle ne doit pas être jolie
et est près de refuser ce mariage arrangé depuis des années. Devant la beauté
de Yumiko, les noces sont célébrées dans la plus pure tradition chinoise, ou
presque car la mariée s’habille en blanc (couleur de la robe de noces au Japon
mais celle des funérailles en Chine), ce qui ne manque de provoquer parmi
certaines invitées des commentaires acerbes.
Leur
vie commune commence et on se croirait à certains moments plongés dans une de
ces comédies matrimoniales chères à Ernst Lubitsch où les deux époux, mariés
trop vite, ne cesse ensuite de se disputer. En l’occurrence, la jeune japonaise
est adepte des arts martiaux de son pays et décide de s’entrainer dans son
nouveau foyer. Le film prend rapidement un tour burlesque quand Yumiko détruit
les statuts et les murs du jardin. Lau-shun (Chang Kang-yeh), le valet de la
famille maladroit et encombrant croit que He Tao bat sa femme, à cause des cris
qu’elle pousse pendant son entrainement. Mais c’est Yumiko qui commence à
dominer la maisonnée et à affoler ce même serviteur quand sa tunique de karaté
laisse entrevoir sa poitrine. Le couple ne se dispute pas en s’envoyant des
assiettes, comme dans un film américain des années 1930, mais à coups de
sabres, lances et de poing, le tout non sans une bonne pointe d’humour.
En
creux de cette dispute, la comparaison des différents arts martiaux chinois et
japonais. Elle pratique le karaté, le judo ou le kendo et les juge supérieurs
au kung-fu. Il rétorque que ce qui compte n’est pas la force et la férocité,
mais la voie de la sagesse inspirée de Shaolin. Liu Chia-liang se garde bien de
prendre parti frontalement renvoyant la plupart du temps ses deux personnages
dos à dos. Il les montre à la fois immature et impulsifs, incapables de
s’entendre et de comprendre que les différents écoles de combat pourraient s’entendre
plutôt que se combattre. Chacun vante ses arts martiaux et dénigre ceux de
l’autre. Ces disputes à répétition provoquent le retour au Japon de la jeune
mariée. Dépité, car malgré tout amoureux, mais aussi blessé dans son orgueil,
He Tao suit les malheureux conseils de son serviteur et lui expédie une lettre
de défi. Il espère ainsi qu’elle reviendra au foyer et que tout reviendra à la
normale.
La
deuxième partie de Shaolin contre Ninja est plus classique que la comédie
matrimoniale et aborde les oppositions entre les arts martiaux chinois et
japonais. La lettre de défi provoque la colère de Takeno (Yasuaki Kurata),
ninja qui s’est entrainé avec Yumiko depuis leur enfance. Avec son sensei et six autres ninjas, ils partent
en Chine affronter He Tao et laver leur honneur. Chacun est spécialiste d’une
discipline : karaté, judo, kendo, sabre, nunchaku et lance. Comme souvent
dans les films de Liu Chia-liang, les combats se suivent de manière un peu
monotone. Ici, il les ponctue d’un peu d’humour (un combattant a un tic
visuel), de trouvailles visuelles (les épouvantails dans le dernier combat). Le
meilleur consiste en l’apparition de Liu Chia-liang du maitre du kung-fu ivre
où He Tao imite chacun de ses gestes. Encore une fois, Liu Chia-liang souligne
que le kung-fu et les arts martiaux chinois sont avant tout une histoire de
transmission entre le sifu et le
disciple.
Shaolin
contre Ninja (Heroes of the East, 中華丈夫, Hong Kong, 1978) Un film de Liu Chia-liang avec Gordon Liu,
Mizuno Yuko, Cheng Kang-yeh, Cheng Miu, Yasuaki Kurata, Kato Naozo, Harada
Riki, Sumi Tetsu, Shirai Manabu, Yana Nobuo, Nakazaki Yasutaka, Omae Hitoshi,
Liu Chia-liang, Norman Chu, Wong Bat-ging, Ou-yang Sha-fei, Simon Yuen, Chow
Siu-loi.
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