dimanche 4 août 2013

Les Sept vampires d'or


« Entièrement tourné en décors à Hong Kong », annonce fièrement le générique des Sept vampires d’or. Le film commence pourtant en Transylvanie, en toute logique. En 1804, un moine chinois (Chan Shen) se rend au château du comte Dracula pour lui demander de l’aide. Dracula (John Forbes-Robertson) sort de son cercueil en se levant tel Nosferatu, sa cape bien repassée et le visage vert comme un déterré. Le moine souhaite faire revenir sept vampires chinois. Il raconte en cantonais que seul Dracula peut faire revivre cette légende ancestrale des vampires d’or. C’est alors que le comte, dans un effet spécial d’une beauté étourdissante (un peu de fumée qui sort du sol et deux chauves souris en plastic qui volent), intègre le corps du moine pour accomplir cette mission funeste.


Un siècle plus tard, en Chine, le professeur Van Helsing (Peter Cushing, car le film est une co-production entre la Hammer et la Shaw Brothers) fait une conférence devant des étudiants chinois. Tous se moquent de lui après qu’il ait raconté une histoire située bien des décennies auparavant. Flashback qui débute avec l’image qui se floute. Dans un village chinois, sept vampires portant un masque d’or et un pendentif en forme de chauve souris qui leur descend au nombril font des razzias de jeunes filles qu’ils sacrifient. Attachées nues (ce qui permet de faire un soupçon d’érotisme à peu de frais), les vampires boivent leur sang. Seul un villageois a tenté de s’opposer à eux, tue un vampire, s’empare de son pendentif et le dépose sur une statue de Bouddha.


Aucun étudiant n’apporte son aide sauf Hsi Ching (David Chiang, à l’anglais un peu difficile, car tout le film parle anglais) lui viendra en aide. Il se trouve, par le plus grand des hasards, être le petit-fils de ce villageois. Eliminer les vampires d’or est sa mission. Il veut se venger. Une équipe est formée pour partir dans le village. Hsi Ching sera entouré de six hommes forts qui sauront se battre (dont Lau Kar-wing, le frère de Liu Chia-liang, par ailleurs chorégraphe des combats et que l’on aperçoit dans le flashback situé dans le village. Aucun de ces acteurs hongkongais n’aura la moindre ligne de dialogue) et de la belle Mai (Shih Szu), la sœur de Ching. Le fils de Van Helsing (Robin Stewart), tombera amoureux de Mai, car il ne faut pas oublier de faire un peu de romance, sera de la partie ainsi que Vanessa Buren (Julie Ege), une mondaine suédoise. Elle tombera amoureuse de Hsi Ching.


Le scénario des Sept vampires d’or est truffé de poncifs sur les vampires et d’incohérences narratives. Van Helsing affirme qu’en occident, Dracula a peur des crucifix et qu’en orient, les vampires seront, logiquement, effrayés par des statues de Bouddha. Le film adopte un ton européen qui sera, quelques années plus tard, largement démenti et contredit par la vogue des kung fu ghost comedies chères à Sammo Hung et Wu Ma. Là, se seront les prêtres taoïstes armés de talismans qui feront reculer les vampires. Dans Les Sept vampires d’or, les revenants, tous squelettiques quand ils sortent de terre, ne sautent pas encore comme dans L’Exorciste chinois ou Mr. Vampire. Le film n’invente jamais une forme chinoise des vampires, il ne fait que reproduire la forme européenne.


Ce qui fait le grain de sel du film, ce sont donc ces revenants. Ils sont incarnés par des acteurs grimés avec un épais maquillage et porte un masque doré qui leur couvre les yeux. Ils grognent quand ils se battent. Et ils se battent tels des pratiquants de kung-fu, ce qui n’est pas vraiment le cas des acteurs anglais Quand ils sont éliminés avec un pieu dans le cœur, ils se transforment en une sorte de flasque visqueuse qui se repend sur le sol. Les effets spéciaux sont très bricolés, souvent image par image, donnant au film une facture bricolée plutôt agréable à regarder. Quant à l’armée des morts que réveille le moine Dracula grâce à un gong, elle est composée de figurants déguisés en squelettes qui sortent des tombeaux. Rien de tout cela n’est vraiment effrayant et l’ensemble est déclamé avec le plus grand sérieux, ce qui autorise quelques moments décalés où l’on peut sourire avec bienveillance.

Les Sept Vampires d'or (The Legend of the Seven Golden Vampires, 七金屍, Grande-Bretagne – Hong Kong, 1974) Un film de Roy Ward Baker avec Peter Cushing, David Chiang, Robin Stewart, John Forbes-Robertson, Robert Hanna, Chan Shen, James Ma, Lau Kar-wing, Feng Ko-an, Chen Tien-lung, Julie Ege, Shih Szu, Wong Han Chan.

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