mercredi 5 octobre 2011

Cheburashka et ses amis


Alors, c’est quoi ce film ? Le réalisateur est Japonais mais l’histoire reprend celle d’une histoire populaire en Russie où, en 1969, on avait déjà adapté les aventures de Cheburashka, un adorable petit nounours aux grandes oreilles et à la petite taille. Un marchand d’oranges le trouve dans un carton et décide d’amener cet étrange animal au zoo. Cheburashka s’exprime et n’a pas forcément envie d’aller au zoo. Pour l’instant, il loge dans une cabine téléphonique. Autre personnage, autre animal. Guéna est un crocodile qui bosse au zoo. Après le taf, il enfile son pardessus, pointe et rentre chez lui. Il s’ennuie et cherche des amis. Il pose des affichettes dans la rue. Une fillette vient chez lui, un chiot et notre héros. Guéna et Cheburashka vont devenir très amis. C’est le début de leurs aventures.

Enfin, quand je parle d’aventures, je veux dire qu’ils ont quelques mini histoires. Le film s’adresse essentiellement aux tout petits. Les personnages, humains comme animaux, sont mignons. Le crocodile est gentil, il ne lui viendrait jamais à l’esprit de croquer quiconque. Au contraire, avec ses nouveaux amis Guéna va construire une maison pour Cheburashka, tout le monde s’y met, la solidarité et l’entraide est de mise. Dans la deuxième histoire, les deux amis (désormais en colocation) vont aider Macha, une jeune femme à devenir artiste de cirque puis dans la troisième histoire, ils vont faire en sorte qu’un grand-père retrouve sa petite fille qu’il n’a pas vue depuis des années. Le vieux monsieur est magicien et ses tours enchantent les enfants du village.

Tout cela serait trop mignon, édifiant voire écœurant (même pour les plus petits peut-être) si l’un des personnages secondaires ne venait pas régulièrement voler la vedette au crocodile et à l’ourson. Ce personnage est incarné par une dame appelée Madame Chapeau-claque. Elle se trimballe avec son rat domestiqué qui fait peur à presque tout le monde (sauf à Cheburashka), ses vêtements sont engoncés, elle porte un chignon strict et parle séchement à tout le monde. Bref, une pimbeche, une femme à la mauvaise foi constante, une dame jalouse de tout ce qui arrive aux autres. Son arrivée puis ses mauvaises actions (donner des conseils farfelus aux gens contre de l’argent, embêter les amis dans la construction de la maison, essayer de faire un numéro au cirque sans compétence) apportent (pour les adultes aussi) pas mal de fous rires puisque ses tours pendables se retournent toujours contre elles. Pour cela aussi, le film vaut le détour.

Cheburashka et ses amis (Russie – Japon, 2010) Un film de Makoto Nakamura (animation).

mardi 4 octobre 2011

King of chess


L’histoire dit que Tsui Hark, producteur via la Film Workshop de King of chess, aurait trouvé que le récit de Yim Ho trop complaisant dans sa manière de dépeindre la Révolution Culturelle. L’histoire dit que Tsui Hark aurait tourné une deuxième histoire contemporaine et utilisé le reste en tant que flash-back. Cela explique en tout cas pourquoi le film a mis si longtemps à sortir à Hong Kong. Il explique surtout sa relative médiocrité mais qui d’une certaine manière trouve sa justification dans le chaos qu’il décrit. Mais qu’en est-il vraiment de la « censure » de Tsui Hark et de ses réelles modifications, je ne le sais pas.

Ce chaos, c’est celui des débuts de la Révolution Culturelle en 1967. King of chess commence sur des images d’archives de grands défilés populaires où les leaders chinois (Mao Tsé-tung, Zhou En-lai) haranguent la foule en brandissant le petit livre rouge. Ces archives sont accompagnées d’une chanson rock aux paroles emphatiques. Cela donne dès le départ un certain décalage critique et exprime que le film ne va pas défendre la Révolution Culturelle. Un petit groupe va se détacher de la masse. Direction la campagne pour la rééducation par le travail. Au sein de ce groupe Wong Yat-sun (Tony Leung Ka-fai), Chung (Yim Ho), Ngai (Chin Shih-chieh), ce dernier étant accompagné de son neveu hongkongais venu en vacances (quelle drôle d’idée !).

Chacun a de quoi être rééduqué. Chung est un intellectuel, d’ailleurs il porte des lunettes. Wong n’a qu’une passion : jouer aux échecs. Dans le train, il joue seul. Il se prend également à rêver de mets fins d’autant que le nourriture se fait rare et que les portions sont congrues. Lui aussi porte des lunettes, un signe qu’il doit être rééduqué. Ngai est catholique, il porte un crucifix autour du cou. La responsable de la brigade prendra grand soin de l’humilier chaque jour. Elle le traite de contre-révolutionnaire parce qu’il porte des lunettes (lui aussi) et l’oblige à jouer dans l’équipe de baskets parce qu’il est grand même s’il ne sait pas jouer. Et pendant ce temps-là, le neveu observe tout. Je me demande encore pourquoi il est venu passer ses vacances pendant la RévoCul.

Ce neveu sera joué adulte par John Sham. C’est un publicitaire qui veut sauver une émission de télé où des enfants viennent faire des tours. Et là, il pense avoir trouvé un petit génie doué de deviner l’avenir. C’est de John Sham que proviennent les flash-backes. Un parallèle se produit entre les deux époques. Tsui Hark compare le chaos idéologique à celui de l’argent dans la partie contemporaine. Car tout le monde est persuadé que le gamin pourra le rendre riche. Le vrai souci, c’est que cette partie est faite de manière si caricaturale, sans finesse qu’elle tombe complètement à plat. Il a cru bon d’ajouter une histoire d’amour tout à fait superflue. La partie Révolution Culturelle parait du coup plus réaliste, d’autant que Yim Ho s’emploie à décrire le désarroi de ces hommes, leur humiliation quotidienne, l’angoisse de se faire critiquer et pire encore la faim. On ne saura jamais ce que le film aurait pu être, mais une chose est certaine, seule la partie d’époque fonctionne, et encore, sur un mode assez faible.

King of chess (棋王, Hong Kong, 1992) Un film de Yim Ho avec Tony Leung Ka-fai, John Sham, Yim Ho, Yang Lin, Wong Sing-fong, Chin Shih-chieh, John Chan.

vendredi 30 septembre 2011

Okinawa rendez-vous


Le mélange entre la comédie romantique et le polar à base de mafia japonaise est au programme de Okinawa rendez-vous où quelques amis vont passer des vacances et s’introduire dans une aventure d’argent volé qui ne les concerne pas. Pour que ce mélange fonctionne, il faut y aller à fond dans les deux genres, prendre les clichés et les retourner, mais cette ambition, Gordon Chan et son scénariste Chan Hing-kai ne la prennent pas. A la place, on a droit à un film très mou et un scénario qui peine à trouver un ton juste et des gags qui ne font jamais sourire. En revanche, je suis très content pour les acteurs qui ont pu passer quelques jours de vacances tranquilles à Okinawa.
Soit un flic gratte papier, Dat (Tony Leung Ka-fai) qui part en vacances avec sa femme Sandy (Gigi Lai) et la meilleure amie de cette dernière Cookie (Stephanie Che). Il ne s’entend pas bien avec cette amie qui le taquine. Il tombe sur Jenny (Faye Wong) qui cherche à se cacher, de manière fort peu discrète, des sbires de son ex, le mafieux Ken Sato (Kato Masaya) à qui elle vient de voler la récompense promise à Jimmy Tong (Leslie Cheung) et son comparse Kuk Bo (Vincent Kok), pour avoir volé dans les locaux de la police son journal intime. Voilà pour le début exposé en quelques minutes, ça va vite, ça promet quelques quiproquos puisque aucun des personnages ne sait qui est l’autre. Mais très vite, il faut déchanter.
Dat reconnait Jimmy et espère pouvoir gravir les échelons en l’arrêtant en flag. Il va donc monter un casse de toutes pièces et leur proposer d’y participer. Il choisit une banque au hasard, mais qui en vérité se trouve à côté de l’appartement de Jenny. Et cette jeune demoiselle qui ne se cache pas vraiment de Ken Sato (l’un des gros, gros écueils du film, comment fait-il pour ne pas plus la chercher et ne jamais la trouver alors qu’elle se promène partout tranquillement ?) va devenir le centre d’attraction des deux hommes. Pour s’attirer ses faveurs, ils vont révéler ce qu’ils sont en train et tenter de disqualifier l’adversaire. Et pendant ce temps, par un autre concours de circonstance, Ken Sato va draguer Sandy et tomber amoureux d’elle et réciproquement.
Certains moments sont amusant mais mal exploités, comme quand Ken Sato séduit Sandy, l’amène dans une salle de jeu et jouent devant ses hommes de main qui baillent à se rompre les mâchoires. Certains moments tombent à plat : Kuk Bo est ses petites habitudes quand il perce un trou dans le mur de l’appart de Jenny, il met du hard rock, se fait une petite bouffe. C’est ça que cherchait Gordon Chan, mettre du cool dans cette histoire de flic contre policier, il essaie de transformer son polar en comédie comme Johnnie To et Wai Ka-fai ont su le faire au même moment. Mais le vrai problème, c’est que les acteurs en font toujours trop et également que la musique n’est jamais placée au bon moment. Aucun décalage réel ne se produit et Okinawa rendez-vous devient petit à petit un sommet d’ennui.
Okinawa rendez-vous (戀戰沖繩, Hong Kong, 2000) Un film de Gordon Chan avec Leslie Cheung, Faye Wong, Tony Leung Ka-fai, Gigi Lai, Vincent Kok, Stephanie Che, Higuchi Asuka, Kato Masaya.

jeudi 29 septembre 2011

Sorties à Hong Kong (septembre 2011)


The Sorcerer and the White Snake (白蛇傳, Chine – Hong Kong, 2011)
Un film de Ching Siu-tung avec Jet Li, Eva Huang, Raymond Lam, Charlene Choi, Vivian Hsu, Jiang Wu, Miriam Yeung, Chapman To, Lam Suet, Law Kar-ying, Kwok Sin-nae, Wen Zhang, Song Wenjia. 102 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie à Hong Kong : 29 septembre 2011.



Sorties à Hong Kong (septembre 2011)


1911 (辛亥革命, Chine – Hong Kong, 2011)
Un film de Jackie Chan et Zhang Li avec Jiang Wu, Winston Chao, Lin Peng, Wang Xueqi, Jiang Wenli, Yu Shaoqun, Jackie Chan, Jaycee Chan, Li Bing-bing, Sun Chun, Hu Ming, Joan Chen, Ning Jing, Hu Ge. 120 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie à Hong Kong : 29 septembre 2011.

mardi 27 septembre 2011

Filmographie : Yuen Woo-ping


Yuen Woo-pin, 袁和平

Le Chinois se déchaîne (Snake in the eagle's shadown蛇形刁手) Sortie à Hong Kong le 1er mars 1978.

Le Maître chinois (Drunken master, 醉拳) Sortie à Hong Kong le 5 octobre 1978.

Dance of the drunk mantis (南北醉拳) Sortie à Hong Kong le 27 juin 1979.

Le Héros magnifique (The Magnificent butcher, 林世榮) Sortie à Hong Kong le 19 décembre 1979.

The Buddhist fist (佛掌羅漢拳) Sortie à Hong Kong le 7 mai 1980.

Tigre blanc (Dreadnaught, 勇者無懼) Sortie à Hong Kong le 5 mars 1981

Miracle fighters (奇門遁甲) Sortie à Hong Kong le 23 juillet 1982.

Legend of a fighter (霍元甲) Sortie à Hong Kong le 12 février 1982.

Shaolin drunkard (天師撞邪) Sortie à Hong Kong le 24 août 1983.

Drunken tai-chi (笑太極) Sortie à Hong Kong le 31 mai 1984.

Mismatched couples (情逢敵手) Sortie à Hong Kong le 3 avril 1985.

The Close encounters of vampire (殭屍怕怕) Sortie à Hong Kong le 25 septembre 1986.

Tiger cage (特警屠龍) Sortie à Hong Kong le 28 juillet 1988.

Le Sens du devoir 4 (In the line of duty 4, 皇家師姐IV直擊證人) Sortie à Hong Kong le 21 juillet 1989.

Tiger cage 2 (洗黑錢) Sortie à Hong Kong le 11 août 1990.

Tiger cage 3 (冷面狙擊手) Sortie à Hong Kong le 14 novembre 1991.

Twin dragons (龙会) Un film de Tsui Hark et Ringo Lam. Sortie à Hong Kong le 25 janvier 1992. (Chorégraphie des combats)

Il était une fois en Chine : la secte du lotus blanc (Once upon a time in China II, 飞鸿 II:男儿当自) Un film de Tsui Hark. Sortie à Hong Kong le 16 avril 1992. (Chorégraphie des combats)

Claws of steel (Last hero in China, 飞鸿之铁鸡斗蜈蚣) Un film de Wong Jing. Sortie à Hong Kong le 1er avril 1993. (Chorégraphie des combats)

Iron monkey (少年黃飛鴻之鐵馬騮) Sortie à Hong Kong le 3 septembre 1993.

Tai chi master (太極張三豐) Sortie à Hong Kong le 2 novembre 1993.

Heroes among heroes (蘇乞兒) Sortie à Hong Kong le 11 novembre 1993.

Wing Chun (詠春) Sortie à Hong Kong le 24 mars 1994.

Fire dragon (火雲傳奇) Sortie à Hong Kong le 26 mai 1994.

Fist of legend (精武英雄) Un film de Gordon Chan. Sortie à Hong Kong le 22 décembre 1994. (Chorégraphie des combats)

The Red wolf (虎猛威龍) Sortie à Hong Kong le 18 mai 1995.

Tai chi 2 (太極拳) Sortie à Hong Kong le 14 mars 1996.

Black Mask (黑俠, 1996) Un film de Daniel Lee. Sortie à Hong Kong le 9 novembre 1996. (Chorégraphie des combats)

The Legend of Zu (蜀山, 2001) Un film de Tsui Hark. Sortie à Hong Kong le 9 août 2001. (Chorégraphie des combats)

Black mask 2: City of masks (2002) Un film de Tsui Hark. Sortie à Hong Kong le 9 janvier 2003. (Chorégraphie des combats)

Crazy kung-fu (Kung fu hustle, 功夫) Un film de Stephen Chow. Sortie à Hong Kong le 22 décembre 2004. (Chorégraphie des combats)

House of fury (精武家庭) Un film de Stephen Fung. Sortie à Hong Kong le 24 mars 2005. (Chorégraphie des combats)

Le Maître d’armes (Fearless, 霍元甲) Un film de Ronny Yu. Sortie à Hong Kong le 26 janvier 2006. (Chorégraphie des combats)

Le Royaume interdit (The Forbidden kingdom) Un film de Rob Minkoff. Sortie à Hong Kong le 19 avril 2008. (Chorégraphie des combats)

True legend (蘇乞兒) Sortie à Hong Kong le 9 février 2010.

The Grandmasters (一代宗師) Un film de Wong Kar-wai. (Chorégraphie des combats)

Tous les films sont réalisés par Yuen Woo-ping sauf indication contraire. Ici, ne figurent que certains films chorégraphiés par Yuen Woo-ping.

lundi 26 septembre 2011

Fist of legend


Il était logique qu’après Wong Fei-hung (cinq fois quand même) et Fong Sai-yuk, Jet Li endosse le costume de Chen Zhen. Personne n’avait semble-t-il osé depuis la mort de Bruce Lee reprendre son personnage de La Fureur de vaincre. La lignée dans laquelle se place l’acteur est donc claire et on retrouve la même avec Donnie Yen aujourd’hui qui reprend le rôle dans Legend of the fist. Chaque décennie a son héros mais Fist of legend de Gordon Chan et chorégraphié par Yuen Woo-ping ne se veut pas un film aussi politique que le Bruce Lee, à peine peut-on y lire un message sur l’angoisse de la rétrocession.

Toujours situé dans cette période de colonisation de la Chine, Chen Zhen (Jet Li) est parti faire ses études au Japon où règne le racisme anti-chinois. Habilement le film montre quelques rares Japonais pacifiques qui manifestent et distribuent des tracts conte la guerre qui se prépare. Mais Chen Zhen est houspillé par les disciples de l’école de karaté du Dragon Noir dans la salle de classe. Le jeune étudiant garde son flegme devant l’excitation des disciples et donne ainsi le ton des chorégraphies mises en scène. La caméra restera souvent fixe et ce sont les adversaires de Chan Zhen qui se déplaceront dans le cadre pour se battre. Chen Zhen bouge peu, ses gestes sont précis, ils montrent sa sagesse et sa maîtrise parfaite des arts martiaux. Il est un rempart face à l’agitation.

Le maître de son école de kung-fu vient de mourir, Chen Zhen rentre en Chine. Son école se trouve au beau milieu d’une concession anglaise, le racisme ordinaire règne, ses condisciples sont harcelés par les Japonais. Mais contrairement à Bruce Lee, Chen Zhen ne troquera son bel uniforme d’étudiant (costume sombre, chaussures occidentales) contre des vêtements traditionnels chinois. Chen Zhen sera constamment en exil. Dès son arrivée, le pousse-pousse lui parle en japonais, puis dans l’école Jingwu Mun, Ting-en (Chin Siu-ho) son frère adoptif et nouveau chef du lieu voit son arrivée d’un mauvais œil. D’autant que Chen Zhen fascine les autres élèves par les techniques importées du Japon. Il va aussi étonner tout les monde, surtout l’intendant (Paul Chun) quand il fait déterrer la dépouille du maître parce qu’il est persuadé qu’il a été empoisonné.

C’est évidemment un complot ourdi par les Japonais et notamment le général Fujita (Billy Chow), monstre de cruauté et de brutalité qui entend montrer la suprématie des arts martiaux de son pays. La scène de la pancarte, célèbre dans La Fureur de vaincre, est ici transformée lors d’un défi. Il est écrit sur cette pancarte que Fujita brandit « la honte de l’Asie orientale » en parlant des Chinois. Chen Zhen la brisera d’un coup de pied. Voilà son ennemi, ce général profondément raciste qui va tenter d’emprisonner Chen Zhen en l’accusant d’un meurtre qu’il n’a pas commis. Ce sera la jeune et jolie Mitsuko (Nakayama Shinobu), rencontrée au Japon qui viendra le disculper. Le jeune couple d’amoureux est alors doublement considéré comme traitre.

Ils vont devoir quitter la ville, plus personne ne veut les accueillir, vivre de presque rien dans une cabane, Chen Zhen abandonne son rôle de héros dans l’école Jingwu Mun. Le film n’a pas forcément le trait fin sur ce rejet complet mais parvient à donner des raisons plausibles à chacun. La liaison de Chen Zhen avec Mitsuko est opposée avec celle de Ting-en et une jeune prostituée qu’il entretient depuis deux ans en secret. Une jeune Japonaise honnête et fidèle vaut-elle moins qu’une fille de basse vertu. C’est un des enjeux du film qui stigmatise le racisme rampant d’où qu’il vienne. Un autre personnage japonais positif apparait, celui de l’oncle de Mitsuko. Fumio (Kurata Yasuaki, vétéran de la Shaw Brothers) est un expert en arts martiaux, un homme qui sait reconnaitre le génie du combat de Chen Zhen. Son affrontement (pour la forme) entre les deux films en plein air, sous les feuilles tombantes des érables puis le combat (pour le fond) violent entre Chen Zhen et Fujita sont sublimes.

Fist of legend (精武英雄, Hong Kong, 1994) Un film de Gordon Chan avec Jet Li, Chin Siu-ho, Nakayama Shinobu, Paul Chun, Billy Chow, Yuen Cheung-yan, Kurata Yasuaki, Ada Choi, Jackson Lau, Tam Suk-mooi.

jeudi 22 septembre 2011

Sorties à Hong Kong (septembre 2011)

My kingdom (大武生, Chine – Hong Kong, 2011)

Un film de Gao Xiao-song avec Wu Chun, Han Geng, Barbie Hsu, Yuen Biao, Liu Qian, Yu Rong-guang. 99 minutes. Classé Catégorie IIA. Sortie à Hong Kong : 22 septembre 2011.

mercredi 21 septembre 2011

The Miracle fighters


Je n’ai jamais considéré, contrairement à beaucoup de gens notamment dans la presse, que Yuen Woo-ping était ni un bon réalisateur ni le meilleur chorégraphe. Sa réussite hollywoodienne prouve pour moi qu’il a surtout su adapter sa manière de mettre en scène les combats. S’adapter aux canons hollywoodien, c’est abandonner sa propre personnalité. C’est l’une des raisons qui ont causé les échecs de Tsui Hark et John Woo, la nivélisation par le bas de Jackie Chan et Sammo Hung. Tout ça pour dire que je préfère quand Yuen Woo-ping fait le couillon avec ses frères comme dans The Miracle fighters qui est l’un de ses films les plus amusants.

L’histoire tient sur une feuille de papier à cigarette. Au 17ème siècle, l’empereur accuse Kao, un de ses fidèles (Eddy Ko), d’avoir épousé une femme d’une ethnie conquise, donc ennemie. Il l’accuse de trahison et lui demande de la tuer. Il refuse quand le sorcier chauve-souris (Yuen Shun-yi) décide de l’abattre. Kao se défend, se bat et kidnappe le prince avant de s’enfuir. L’enfant meurt et Kao devient fou. Des années plus tard, l a pris sous son aile un orphelin qui est devenu à la fois son disciple (il lui a enseigné les rudiments des arts-martiaux) et son homme à tout faire. Shu Gut (Yuen Yat-choh, le fils de Simon Yuen) est appelé ainsi parce que son nom signifie « racine » est qu’il a été trouvé au pied d’un arbre.

Malgré les années, le sorcier chauve-souris n’a jamais renoncé à trouver Kao. Il faut préciser que ce sorcier au rire sardonique (évidemment) a une grande cape qui lui permet de voler et qui cache quelques armes pour défaire ses ennemis. Sur sa tunique, au niveau du poitrail, il a un symbole du yin-yang. Il fait beaucoup de grimaces et est accompagné d’hommes de main vêtus de noir qui ont tous un sourire vicieux. Il est le mal incarné et au fil des années semblent avoir pris de plus en plus de pouvoir. Il est tellement méchant qu’il a inventé des combattants qui se trouvent prisonniers dans des jarres. Ce personnage poupon (joué par Brandy Yuen), au visage peint en blanc et aux joues et lèvres rouges, est un combattant mais sa voix fluette lui donne un air enfantin. Les méchants de The Miracle fighters sont ridiculisés, grotesques et là pour faire rire. Et effectivement, c’est très drôle.

Si les personnages de vilains sont moqués, les gentils ne sont pas en reste. Shu-gut est relativement épargné même si sa naïveté au milieu de toute cette agitation est un peu exagérée. A la mort de Kao, il trouve refuge chez deux vieux. Le vieillard est joué par Keung Kar-yan et la mémé est jouée par Yuen Cheung-yan (c’est un acteur). Ils sont extrêmement grimés pour donner encore plus de comique. Chacun habite une maison située l’une en face de l’autre séparées par une ligne rouge qu’ils s’interdisent de franchir. Seulement voilà, bien qu’ils se connaissent depuis des années, ils ne cessent jamais de se jouer des mauvais tours. Ils sont habiles à la magie. Quand la vieille confectionne des paillons de papier, elles les expédient chez le vieux qui les capture. Et ils se chamaillent comme des enfants. C’est un humour puéril et donc bon-enfant qui est à l’œuvre.

Entre les deux, Shu-gu tente de trouver sa place. Chaque vieux le considère comme un larbin et l’utilise à tour de rôle et chacun râle que l’autre l’accapare beaucoup trop. Ce qui n’empêche pas le vieil homme de lui jouer aussi quelques tours, sa spécialité étant d’animer des objets en papier. Mais devant la menace du sorcier chauve-souris qui revient à l’attaque, ils doivent s’unir. Ils vont enseigner au jeune homme leur spécialité : l’art martial de la fuite. Cela consiste à démultiplier ses jambes et ses bras, à escamoter sa tête pour tromper et égarer les adversaires. Que dire de plus si ce n’est que ce film concocté par la famille Yuen (on aperçoit même la photo de feu Simon Yuen) est un petit miracle de comédie d’action.

The Miracle fighters (奇門遁甲, Hong Kong, 1982) Un film de Yuen Woo-ping avec Yuen Yat-choh, Leung Kar-yan, Yuen Cheung-yan, Brandy Yuen, Eddy Ko, Yuen Shun-yi, Huang Ha, Tino Wong.

dimanche 18 septembre 2011

Beast cops


Parmi le grand nombre de films qui traitent des rapports entre les triades et la police, Beast cops est l’un des plus intéressants. L’époque était aux Young and dangerous produits par Wong Jing avec cette idée que passé la rétrocession, tout changerait pour l’inconnu le plus total. Avec Wong Jing, c’est surtout la démagogie la plus totale et une valorisation des « frères » des triades. La réplique est venue de cinéastes estimables, Johnnie To ou Dante Lam pour ce film écrit et co-réalisé par Gordon Chan.

Le film s’ouvre sur frère Tung (Anthony Wong), un joueur compulsif et en conséquence un homme qui perd tout son argent aux jeux. Il cherche à taxer Big Brother (Roy Cheung), le patron de la boîte, il veut continuer à jouer. L’alcool coule à flots et les putes se font acheter des verres hors de prix. Le système est bien rodé et Tung est à fond dedans. Seulement voilà, Tung est flic, honnête mais qui fréquente des lieux qu’il ne devrait pas. Il n’a jamais été acheté mais il connait Big Brother depuis toujours (on saura à la fin où ils se sont rencontrés).

Tung bosse essentiellement avec Sam (Sam Lee), un grand maigrichon avec qui il va souvent au bar de Big Brother. Sam est un séducteur né malgré son physique particulier. Les deux gars sont colocataires d’un appartement miteux, mal rangé dans un quartier populaire. Ils vont devoir héberger Michael Cheung (Michael Wong), leur nouveau supérieur hiérarchique qui est surnommé « killer king », car il n’hésite jamais à tirer pour se défendre, y compris sur des collègues pris en otage pour ensuite abattre le malfrat. C’est un dur, c’est surtout Michael Wong qui sort, à la Van Damme, des phrases en anglais dans ses dialogues. L’acteur n’a jamais été très bon mais il est ici parfait dans son état d’hébétude devant l’univers de Tung et Sam. Il s’installe dans le taudis des deux hommes, bien malgré lui.

Un événement va se produire et il va changer la donne dans la vie somme toute tranquille de ces flics. Big Brother doit quitter le pays, avec le soutien de Tung, après la mort d’un malfrat. Il laisse son karaoké à Tai (Arthur Wong) et à Wa (Patrick Tam), ses fidèles bras droits. Wa en veut plus, toujours plus et commence à se voir chef à la place du chef. Il se met à surveiller Yoyo (Kathy Chow), la fiancée de Big Brother. Pendant l’absence de son mec, elle a découvert Cheung et ils flirtent ensemble. Le secret n’est pas bien gardé, Cheung commence à prendre l’habitude de venir au cabaret de Big Brother, tout comme Tung et Sam.

Mais les moments d’action sont très brefs (si ce n’est dans le final), c’est ce qui séduit. Plus encore, tout est dans un flottement comme si les personnages ne pouvaient de se résoudre à être des flics qui luttent contre les triades. Comme chez Johnnie To à partir de The Mission, les moments de creux, les discussions, l’attente et les verres que l’on boit sont plus importants que l’action et les coups de feu. L’appartement des trois flics et la boite de Big Brother sont les lieux uniques du film. Les personnages naviguent entre les deux lieux et finissent presque par ne plus enquêter sur quoi que ce soit, jusqu’à ce que Wa devienne trop menaçant. On voit aussi les personnages s’adresser directement à la caméra pour parler d’eux. Tout cela transforme Beast cops en une comédie plaisante alors que le titre laisse penser à un film d’action pur et dur.

Beast cops (野獸刑警, Hong Kong, 1998) Un film de Dante Lam et Gordon Chan avec Anthony Wong, Michael Wong, Roy Cheung, Kathy Chow, Sam Lee, Patrick Tam, Stephanie Che, Kam Kong, Arthur Wong, Michael Lui, Daisy Woo, Terence Tsui, Sung Boon-chung.