Une
grande tunique blanche immaculée, des cheveux longs, des sourcils en pointe,
telle est l’apparence de Jackie Chan pour interpréter son rôle de Siao-lei dans
Le Vengeur. Il est le fils de Maître
Lei, un notable qui fête son anniversaire en présence de nombreux invité à qui
Siao-lei, tout plein d’arrogance et d’insolence demande de partir sous prétexte
qu’ils « se remboursent le cadeau offert en se goinfrant au repas ».
Offusqués devant tant de manque de savoir vivre, les invités quittent les lieux
furieux.
De
la même manière, le jeune impétueux avait humilié Tsien-tsien (Yu ling-lung),
sa servante dont il est amoureux. Elle lui avait annoncé qu’elle est enceinte
de lui mais il a mis en doute sa paternité. Ces deux actes qui rendent le
personnage de Jackie Chan particulièrement déplaisants sont en fait un stratagème
pour protéger sa bien-aimée, comme son père, contre l’ennemi dont Siao-lei a
décelé l’arrivée imminente. Cet ennemi est la bande dite des « Abeilles
tueuses » combattue 15 ans auparavant par Maître Lei.
L’arrivée
des « Abeilles tueuses » est spectaculaire et spectrale : voix
d’outre tombe d’un homme qui vient réclamer une main tranchée, combattants qui
surgissent sur le toit torche à la main, cercueils qui volent jusque dans la
cour des Lei. Destinée à impressionner tout autant le spectateur (par la
richesse de ses effets spéciaux) que la famille Lei (par l’effroi qu’ils
doivent ressentir), cette scène est l’une des meilleures du film. Elle permet
de présenter le personnage de Ting Chan-yen (Hsu Feng).
Elle
est une jeune femme de 20 ans venue venger la mort de ses parents par Maître
Lei. Ce dernier l’avait aussi défigurée quand elle avait 5 ans. Depuis, elle
porte constamment un voile sur son visage, accentuant son mystère. Qu’on se
rassure, la blessure est superficielle et l’actrice reste très belle. Sa
tunique changera de couleur à chacune de ses apparitions, verte, blanche, rose,
jaune. Elle humilie Siao-Lei en le blessant. Il veut se venger d’elle pour cela
comme pour la mort de son père qu’elle a causé en grande experte de kung-fu
qu’elle est.
Assez
vite le film s’embarque dans une double histoire d’amour contrariée. Ting se
rend compte qu’elle a des sentiments pour Siao-lei qui refuse de les voir alors
qu’il cherche à retrouver Tsien-tsien qui s’apprête à épouser Jin Chuan (Sin
Il-ryong), le meilleur ami de Siao-lei, qui a pris soin d’elle après leur
rupture, qu’elle prétend haïr mais aime encore. Le film est agrémenté de scènes
romantiques avec harpe en fond sonore, sourires gentils et batifolages dans
l’herbe. Niaiserie garantie.
Le Vengeur n’est pas avare de retournement de situations, de
coups de théâtre et de rebondissements. C’est tant mieux que l’histoire parte
dans tous les sens car l’intrigue initiale de simple vengeance n’est pas des
plus originales. L’ambition du film est pourtant de faire aussi beau et
intriguant qu’un film de King Hu, notamment dans son personnage féminin au
tempérament fort. On y pense souvent même si les chorégraphies des combats sont
bien plus monotones et peu inspirées.
Le Vengeur (To kill with
intrigue, 劍花煙雨江南, Hong Kong, 1977) Un film de Lo Wei avec Hsu Feng,
Jackie Chan, Sin Il-ryong, Yu Ling-lung, George Wang, Tung Lam, Ma Kei, Kong
Ching-ha, Chan Wai-lau. PS : Le
dvd édité en 2006 comprend deux versions. L’une intégrale en VO dure 102
minutes, l’autre en VF est amputée des 15 premières minutes, le film commence
avec l’arrivée des « Abeilles tueuses ».
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