mardi 17 juin 2014

L'Irrésistible (Spiritual kung fu)


Le premier plan de L’Irrésistible montre Jackie Chan portant deux grands bols pleins d’eau dans chaque main et un banc sur ses épaules, comme une image de marque montrant bien qu’il est maintenant maître des films dans lesquels il joue. Il a bien entendu le rôle principal et il dirige les chorégraphies des nombreux combats qui ponctuent le film. Il incarne Yi-lang, un jeune disciple en plein apprentissage au monastère de Shaolin. S’il porte des bols et un banc, c’est qu’il est encore une fois puni par son maître spirituel.

Yi-lang est un jeune homme indiscipliné et espiègle. Comme ses camarades (dont Dean Shek, ici en apprenti un peu veule), il a toujours vécu dans le monastère, n’a jamais connu le monde extérieur et n’a jamais vu aucune femme. Il va être confronté à des événements qui le dépassent. Un manuel de boxe, dit des Sept Démons, a été subtilisé dans la bibliothèque par un ravisseur masqué. Ce dernier a tué un moine. Le Vénérable de Shaolin se sentant responsable s’isole dans une grotte pour se repentir.

Le manuscrit décrit une boxe particulièrement violente et interdite depuis un siècle à Shaolin. L’auteur du vol est Lu-Ching (James Tin) qui cherche à se venger des moines pour une histoire qui remonte à trente ans. Certains Chinois ont la vengeance tenace. L’unique boxe qui pourra arrêter celui qui utilise les Sept Démons est le kung-fu des Cinq Formes. Pas de chance, le manuel a disparu depuis cinq siècles. C’était sans compter sans un orage providentiel qui brise un mur et libère le manuel.

Il faut décrire le mieux possible ces cinq esprits qui donnent leur sens au titre anglais (le kung-fu des esprits). Ils ne disent pas un mot, mais s’expriment par gestes tels des mimes. Ils sont tout en blanc, couleur de la mort, avec une sorte de tutu autour de la taille et porte une étrange et longue perruque rouge. L’idée ici est de les rendre ridicules pour apporter du comique au récit. Chacun représente une forme d’art martial : celui du dragon, du serpent, de la grue, du tigre et du léopard.

Ils effrayent certains moines car ils les considèrent comme des fantômes malfaisants et ne sont pas visibles des laïcs. Pourtant, Yi-lang va pouvoir les voir et devenir leur disciple. Avec leurs costumes grotesques et la mentalité de Yi-lang, l’apprentissage est avant tout le moyen pour Jackie Chan de déployer ses talents comiques. Il s’en donne à cœur joie avec certains gags parfois régressifs, comme quand il se met à leur pisser dessus quand les esprits prennent une taille miniature.

Le scénario est inconsistant et bourré d’invraisemblances. Assez vite, les rebondissements vont s’enchainer comme chaque fois dans un film de Lo Wei. Les moines sont accusés les uns après les autres d’avoir tué Maître Feng, un visiteur. La fille (Mo Man-sau) de se dernier veut se venger. Elle est la première femme que voit Yi-lang qui a un air d’ahuri quand il la voit. Elle est l’unique personnage féminin de tout le récit, mélange de séduction et de fort caractère.

Peu importe, ce qui compte dans L’Irrésistible, ce sont les combats, filmés en longs plans fixes où les acteurs se déplacent à l’intérieur du cadre, mais qui ne portent pas encore la marque de Jackie Chan (les objets du quotidien servent d’armes). Jackie Chan se bat contre presque tous les autres acteurs du film, et aussi contre Miss Feng, bien qu’ils soient du même bord. Il faudra attendre quelques films (Dragon Lord en 1982) pour que son art prenne toute son ampleur.

L’Irrésistible (Spititual kung fu, 拳精, Hong Kong, 1978) Un film de Lo Wei avec Jackie Chan, James Tin, Mo Man-sau, Li Tong-chun, Lee Kwan, Dean Shek, Ko Keung, Lee Hoi-lung, Lee Man-tai, Wang Kuang-yu, Wong Ching.                   

Aucun commentaire: