J’ai toujours trouvé que le visage de
Daniel Wu avait quelque chose de très enfantin, qu’il dégage une innocence avec
ses yeux doux, son nez ronds et ses dents qui se chevauchent. Cette image
candide, Dante Lam l’utilise pour montrer toute la bonté et le calme du flic
Dave Wong qu’incarne Daniel Wu, en le filmant dans un lent travelling arrière.
Dave Wong travaille dans un hôpital public dont il est le gardien, une sorte de
policier d’accueil. En voix off, il exprime sa joie d’avoir un travail si
tranquille.
Ce visage serein est immédiatement opposé
à celui de Hon (Nick Cheung), l’alter ego maléfique de Dave Wong. Hon est
membre d’un gang de sept malfrats. On les découvre en ouverture de films priant
pour que leur casse de déroule bien. Ils commettent leurs forfaits en portant
des masques de démon. Ultra violents, ils n’hésitent pas à utiliser des gros
calibres pour tirer sur les flics et les passants. Lors d’un vol de bijoux qui
se termine mal, Hon finit à l’hôpital.
Le premier regard entre les deux hommes,
le gentil flic et le violent braqueur, a lieu sur deux lits d’hôpital. Dave,
avec son bon cœur, accepte de donner un peu de sang à Hon qui en a beaucoup
perdu dans la fusillade. Pops (Dominic Lam), comme ses hommes l’appellent, est
le chef de la brigade anti-gang et engueule le jeune flic comme du poisson
pourri. Alors que plusieurs de ses policiers sont morts, lui sauve le tireur.
Derrière ses allures classiques de film de
flics qui chassent les braqueurs, That
demon within cherche à dresser le portrait d’un homme mentalement dérangé.
Non pas celui de Hon, tueur froid que Nick Cheung incarne encore une fois
brillamment, non pas ceux de ses six collègues braqueurs que l’appât du gain va
rendre nerveux au point de ne plus se faire confiance, mais celui du brave
policier qu’est Dave. Derrière ce visage impavide et neutre se cache un fou.
Il n’est pas présenté comme fou, mais
plutôt comme un flic têtu, respectant le code à la lettre, étant un policier
procédurier qui reproche à ses collègues de faire des pauses. Personne ne veut
être son équipier et il est d’ailleurs solitaire. Chez lui, quand il estime
avoir mal fait son travail, il se punit lui-même, torse nu il se flagelle avec
la boucle de sa ceinture, comme pour expier ses péchés. Petit à petit, on comprendra
que tout ne tourne pas rond.
C’est que tout cela vient d’un traumatisme
de l’enfance, explique en long, en large et en travers le film. Il faut d’abord
en passer par la cellule psychologique que lui impose sa supérieure (Christie
Chen). Peu loquace, Dave avoue ne pas avoir d’amis et que la seule chose qui le
calme est de nager. Sous hypnose, il confessera que son père le battait et
qu’il répète ce geste. Il affirme aussi vouloir venger la mort des collègues
morts sous le feu de Hon lançant le film dans un long règlement de comptes.
Le démon qui habite Dave, pour reprendre
le titre du film, est celui d’une justice aveugle. That demon within adoptera l’unique point de vue de Dave, alternant
les images mentales (regard caméra, caméra harnachée sur Daniel Wu qui filme
ses déplacements, filtres rouges quand il perd la raison) avec des scènes
d’action où les coups de feu sont incessants. Le mystère qui s’épaissit est
gangréné par les explications de fin de film.
C’est rien de dire que tout le film repose
sur le jeu de Daniel Wu qui excelle dans sa partition de personnage aux
multiples personnalités. Il passe en un clin d’œil du gentil garçon qui prend
soin de sa grand-mère au salaud qui tue de sang froid les malfrats. Seulement
voilà, face à lui, les autres acteurs font un peu office de figurants, (il est assez étonnant que Nick Cheung se
retrouve finalement dans un second rôle) rendant parfois bancale la progression
du film.
That demon within (魔警, Hong Kong – Chine, 2014) Un film de Dante Lam avec Daniel Wu,
Nick Cheung, Christie Chen, Andy On, Dominic Lam, Liu Kai-chi, Stephen Au, Lee
Kwok-lun, Chi Kuan-chun, Astrid Chan, Samuel Leung, Fung So-po.
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