Les
titres français des premiers Jackie Chan étaient souvent composés d’un unique
adjectif. Le
Vengeur, Le Magnifique, L’Irrésistible ou L’Impitoyable. Le titre chinois et anglais se traduit par les hommes de bois de Shaolin. Ces
féroces combattants sont les gardiens d’une allée qu’un apprenti doit affronter
pour pouvoir quitter le monastère. Ces hommes de bois sont des pantins
articulés dans un long couloir qui donnent mécaniquement des coups de poings ou
de pieds. Peu parviennent à les vaincre mais c’est le rêve du personnage de
muet qu’incarne Jackie Chan.
Ce
rêve de redevenir un laïc et retourner dans le monde profane, le muet l’a
depuis dix ans. Il revoit les images d’un homme qui tue son père devant ses
yeux. Le muet veut se venger et pour cela doit quitter le monastère. Pour
l’instant, il subit l’apprentissage du vénérable Fa-tsi (Chang I-fei). Porter
des seaux d’eau de la rivière jusqu’au sommet d’une colline les pieds dans des
sandales en fer. Couper des buches avec une serpette. Et surtout, se contenter
de deux maigres repas quotidiens. Le muet ne supporte plus cette discipline
mais il se rend bien compte qu’il n’a pas la technique pour se rendre dans le
couloir des hommes de bois.
Son
salut viendra de sa curiosité qui le pousse à se rendre dans une grotte
pourtant interdite dans laquelle est enfermé un prisonnier. L’homme, les mains
enchainées aux parois, ne cesse de crier contre les moines et de les insulter
qui viennent lui apporter à manger. Cet homme (Kam Kong) dont on ne connaitra
pas immédiatement le nom, ni la raison de son enfermement, éructe d’abord
contre le muet. Puis, voyant l’obstination avec laquelle il lui procure des
brioches ou du vin, il décide d’en faire son disciple et de lui enseigner son
kung-fu. Le jeune homme accepte sans rechigner.
L’impitoyable
du titre français, c’est donc ce prisonnier qui prétend pratiquer le kung-fu du
rugissement. Au monastère, certains moines comprennent bien que le muet est en
train de muer, de passer d’un homme frêle et timide à un combattant fort et
expert. Le moine ivre (Miu Tak-san) lui enseigne la confiance en soi en le
nommant commis à la cuisine. La nonne bouddhiste (Cheung Bing-yuk) cherche à
lui apprendre l’art de l’esquive et du respect de l’adversaire pour ne pas
faire couler le sang. Le muet apprendra autant de chacun de ces maîtres en
kung-fu que du prisonnier.
La
soif de vengeance est plus forte que l’art de l’esquive, se dit en substance le
muet, qui choisit de rester loyal à l’impitoyable Fa-ju (car tel est son nom).
Sorti vainqueur du couloir des hommes de bois, il peut enfin accomplir son
dessein. C’est sans compter sur le destin qui va lui mettre bien des bâtons
dans les roues. Les complots contre ceux qui avaient enfermé Fa-ju, contre les
moines ou contre un aimable aubergiste et sa jolie fille se fomentent. Chaque
fois, le muet se trompe de camp jusqu’à ce qu’il comprenne que l’homme qu’il
défendait était son premier ennemi.
Jackie
Chan fait son apprentissage d’acteur vedette en cumulant ici avec la charge de
chorégraphe des combats qui sont nombreux et très inégaux en qualité. On
remarquera l’utilisation qu’il fait des bancs et qui deviendra l’une de ses
marques de fabrique. Jackie Chan ne dit pas un mot de tout le film, vu qu’il
incarne un muet, mais il joue de ses mimiques pour s’exprimer. C’est au
personnage du moine ivre qu’est dévolue la fonction comique sans que cela
n’atteigne la splendeur de Drunken
master, dont L’Impitoyable
est un brouillon acceptable.
L’Impitoyable
(Shaolin wooden men (少林木人巷, Hong Kong, 1976) Un film de Lo Wei avec Jackie Chan, Kam Kong, Doris
Lung, Chang I-fei, Chiang Kam, Cheung Bing-yuk, Miu Tak-san, Liu Ping, Li
Min-lang, Weng Hsiao-hu, To Wai-wo, Yuen Biao, Miao Tian, Lee Siu-chung.
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