lundi 23 juillet 2007

Aachi & Ssipak


Aachi & Ssipak parle d’un sujet rarement traité au cinéma : celui de la merde. Les héros de ce film coréen d’animation vivent dans un futur éloigné où la matière première principale est l’étron. Chier est devenu la valeur essentielle de cette société où la pitié a disparu et où on condamne à mort les constipés. Ceux qui fournissent correctement leur excrément sont récompensés par des bâtonnets juteux (c’est la traduction la plus littérale qu’on puisse faire), un objet qui ressemble à un glace à l’eau bon marché, le tout de couleur blanche. Chier pour mieux avaler.

La paix ne règne pas dans ce futur, bien au contraire. L’Etat (dirigé violemment par une femme à l’allure de gamine) lutte contre les gangs, le plus puissant étant composé de mutants : le gang des couches. Quant à nos deux héros Aachi et Ssipak, ce sont deux trafiquants de bâtonnets juteux. Ils vont rencontrer Belle, une fille aux cheveux bleus qui va beaucoup chier pour avoir beaucoup de bâtonnets (une version moderne du libéralisme décomplexé). Le plus drôle, c'est qu'on voit même pas le bout d'une merde, le fond d'un chiotte crotté, un rouleau de PQ ou des traces de ski au fond d'un slip. Un film tout en subtilité donc.

Le scénario de Aachi & Ssipak se résume à faire s’affronter les personnages entre eux pendant 90 minutes. On y décime des membres des couches par millier : une vraie hécatombe. Nos deux héros, ainsi que Belle, réussissent toujours à s’échapper des pièges les plus pervers. On y croise des personnages tous plus dégénérés les uns que les autres (le cyborg, Jimmy le réalisateur de porno, le savant fou, le chef des couches), mais jamais on ne sort de l’idée que Jo Beom-jin a voulu faire un film d’une quelconque portée politique prophétique. Tout reste au niveau du fun, comme dans un film débile de Robert Rodriguez. On tue tout le monde, mais c’est que du cinéma. Comme dans le Hitchy Scratchy Show.

L’animation mêle sans grande habileté la 3D au dessin classique, comme cela est désormais la règle dans la plupart des dessins animés. Les personnages sont caricaturés à l’extrême, comme l’étaient ceux du film de Michael Arias Amer béton.

Aachi & Ssipak a été un gros échec commercial en Corée (environ 80.000 spectateurs). Et pourtant, le réalisateur y croyait à sa merde en boîte. Le film se termine par une inscription : « à bientôt » et on voit le savant fou réparer le chef des couches. Après ce bide, ils vont peut-être nous faire un film sur la pisse.

Aachi & Ssipak (Corée, 2006) Un film de Jo Beom-jin

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un film sur la merde mérite toute notre attention ! Tu as cette merveille en dvd ?

Plus grave : je n'ai pas pu voir Steack. Le film n'est plus à l'affiche : scandale. Faudrait que j'aille à La Couarde sur Mer pour le voir ou au Méliès de Lamotte-Beuvron. Fait chier.