mercredi 4 juillet 2007

La Traversée du temps



La Traversée du temps joue sur deux tableaux en même temps : celui de la comédie romantique où quelques adolescents tombent pour la première fois amoureux, où ils découvrent ce que peut signifier le désir pour l’autre, l’amour pour tel ou telle camarade de lycée et tout ce qui s’ensuit. L’autre tableau est celui du film de science fiction ou plutôt exactement du fantastique domestique, puisque notre héroïne adolescente, Makoto a la capacité de remonter le temps. Bien évidemment, on pense immédiatement à l’admirable Un jour sans fin d’Harold Ramis (Etats-Unis, 1993) où Bill Murray s’améliorait jour après jour. La différence majeure est que le personnage de Murray subissait ses retours sur soi, tandis que les traversées du temps de Makoto sont volontaires.


Makoto est une lycéenne comme toutes les autres : elle est toujours pressée et toujours en retard. Et justement, ce jour-là, en rentrant chez elle en vélo, les freins lâchent dans une descente. En bas de la rue, il y a un passage à niveau et à ce moment précis, un train doit passer. Elle voit sa mort arriver, quand soudain le temps s’arrête et repart à zéro. La vie de Makoto devient alors un jeu où elle doit faire une cascade pour revenir en arrière. Ce vers quoi elle tend est d’améliorer la vie de ses deux copains de classe (avec qui elle passe beaucoup de temps à jouer au baseball). Et notamment à leur trouver des petites copines, puisqu’on est dans cette période pénible des premiers flirts.


Ce qui constitue un jeu pour Makoto devient petit à petit une mission quasi divine où l’adolescente devient metteur en scène de sa vie et de celle de son entourage. Dès qu’un évènement ne correspond pas à ses désirs (dans le sens bazinien du terme), elle revient légèrement dans le passé et tente d’améliorer le présent. Bien entendu, pour le plus grand plaisir du spectateur, rien ne fonctionne comme prévu. La plupart du temps, Makoto est prise au piège des rets du temps et des velléités des autres personnages. Recommencer encore et encore cette tâche, tel un artisan.


Seulement voilà, ce qu’ignore encore Makoto, c’est qu’elle a un nombre limité de retour dans le passé. Elle en abuse tant, souvent pour s’amuser en toute insouciance, pour un rien (avoir plus de gâteaux, dormir plus longtemps), que bientôt, elle ne peut plus changer son destin et se retrouve grosjean comme devant avec une vie qu’elle n’a pas choisie. D’une certaine manière, le message le plus fort de La Traversée du temps sur le désarroi de la jeunesse japonaise engluée dans leur vie toute tracée. A moins que…


La Traversée du temps est agréable à voir bien que le dessin reste neutre. L’animation conserve un certain réalisme (le fantastique domestique). Le scénario est tiré d’une nouvelle de Yasutaka Tsutsui, paraît-il un classique de la littérature japonaise. Tourné au sein du studio Madhouse, également responsable de Paprika de Satoshi Kon, La Traversée du temps est bien plus simple que ce dernier.


La Traversée du temps (時をかける少女, Japon, 2006) Un film de Mamoru Hosoda avec les voix de Riisa Naka, Takuya Ishida, Mitsutaka Itakura, Ayami Kakiuchi, Mitsuki Tanimura, Sachie Hara, Yuki Sekido.

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