Le nouveau film de Derek Yee s’appelle Protégé (en français dans le texte). Et il parle d’un flic infiltré dans le cartel de la drogue à Hong Kong. Encore un film d’undercover cop, comme on dit, comme si cela devenait un genre. Le flic en question est incarné par le toujours excellent Daniel Wu et son protecteur est Andy Lau, que je n’avais pas vu dans un film depuis longtemps.
Je fais partie de ceux qui ont beaucoup aimé Une nuit à Mongkok pour des raisons diverses et en tout premier lieu parce que Wu et Cecilia Cheung y jouaient dedans. Dans Protégé, en plus de Wu et Lau, on trouve Louis Koo dans le rôle d’un drogué borderline. J’adore aussi Louis Koo (et tous ceux qui ont vu Election 2 aussi). Mais Protégé laisse un goût d’insatisfaction similaire à celui laissé par Confession of pain d’Andrew Lau et Alan Mak.
On dirait que désormais ces cinéastes ne veulent plus faire des films d’action mais au contraire souhaitent se concentrer sur la psychologie des personnages. Pourquoi pas ? Mais la relation entre Daniel Wu et Andy Lau est limite crédible. Wu est censé travailler depuis sept ans pour son patron de la drogue, mais ne connaît pas encore les tenants et les aboutissants du trafic. Il semble découvrir en même temps que nous le lieu où l’on fabrique des briques d’héroïne et lors d’un voyage en Thaïlande, Wu a les yeux bandés pour aller dans les lieux où le pavot pousse.
Or, une des choses les plus intéressantes du film, c’est précisément cette partie documentaire autour de la drogue. Cet aspect du producteur au consommateur. Derek Yee le montre sans racolage (ce qui est un exploit venant de l’industrie du cinéma de Hong Kong, on aurait pu s’attendre à un vulgaire film d’exploitation). On y voit les conditions du trafic, qui en profite, qui est exploité, qui consomme, comment l’Etat tente de soigner ses drogués tout en ayant une politique répressive, quelle drogue supplante l’héroïne. C’est plutôt passionnant.
Protégé s’attache surtout à la voisine de Daniel Wu, la jeune Fan (Zhang Zhingchu), maman d’une adorable gamine qui porte des couettes. Fan se pique. L’une des premières scènes du film est troublante puisqu’on voit la fille de Fan enlever la seringue du bras de sa mère et la jeter à la poubelle. (Action déjà repérée dans l’infâme Tideland de Terry Gilliam qui en donne une vision plus publicitaire et plus racoleuse). Ça n’est pas aussi émouvant que cela le voudrait. (Suis-je un homme sans cœur si je ne pleure pas devant les yeux mouillés de cette très jeune actrice ?)
Evidemment, notre héros va tomber amoureux de sa voisine et s’occuper d’elle et de l’enfant. On sait d’ores et déjà que c’est une relation vouée à l’échec et que le père de la gamine ne va pas arrondir les angles. Ici, se trouve le point noir de Protégé. Le père prodigue est interprété par Louis Koo qui en fait de caisses dans son rôle de super drogué. Autant dans Election 2, il jouait sur le calme autant là il cabotine. Faut dire que c’est difficile pour lui. Koo n’est pas pris au sérieux (ça rappelle Aaron Kwok). Trop beau gosse, toujours bronzé, il lui fait un rôle de loser. Ici, il s’est fait noircir les dents et ressemble à un zombie, il nous referait presque le coup d’Aaron dans Divergence qui a offert à l’acteur moult récompenses.
Protégé est de bonne facture. La technique est ultra professionnelle (comme disent les critiques de Variety). Un bon petit film anti-drogue vaguement moral.
Jean Dorel
Protégé (門徒, Hong Kong, 2007) Un film de Derek Yee avec Andy Lau, Daniel Wu, Zhang Zhingchu, Louis Koo, Anita Yuen, Derek Yee
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire