A de rares exceptions près, le cinéma coréen semble immanquablement interprété par des actrices et des acteurs bien foutus, jeunes, admirablement coiffés et en pleine santé. La chair jeune était la matière première du cinéma coréen jusqu’à la caricature.
Like a virgin, premier film du duo Lee Hae-joon et Lee Hae-yeong, ne trouve pas dans ce type de physique la matière de sa fiction. Son personnage principal est un petit gros, timide, pas très beau et, chose encore plus rare, il ne s’intéresse pas aux gonzesses (le seul sujet actuel) pour la simple raison qu’il est gay (un sujet encore moins présent).
Ho Dong-gu (Ryu Deok-hwan, son premier grand rôle) est depuis tout petit fan de Madonna (d’où le titre du film). Comme elle, il a au dessus des lèvres un grain de beauté. Il est lycéen et le souffre douleur de ses camarades. Il est aussi amoureux secrètement de son prof de japonais sur lequel il fantasme. Son seul ami, Jong-man, change d’ambition chaque jour. Dong-gu, lui non plus, ne sait pas ce qu’il veut faire dans la vie. Un jour où Jong-man déclare qu’il veut devenir lutteur de ssireum, Dong-gu s’intéresse à ce sport. Il en a la corpulence.
Il part donc s’entraîner dans une petite équipe : un coach qui passe son temps à fumer, un grand plutôt beau gosse et trois gros, dont un, Young-bae, qui deviendra vite un ami de Dong-gu. Ce dernier lui apprendra à danser comme dans un clip de Madonna, ce qui bien entendu donne droit à quelques scènes décalées et rigolotes. L’entraînement que subit Dong-gu est difficile, il a du mal à suivre la cadence, mais se révèle un bon lutteur à l’étonnement de chacun.
En revanche, son père alcoolique et brutal (un personnage cliché) ne croit pas en son fils. Il le traite moins que rien. Sa mère travaille dans un parc d’attraction genre Disneyland où elle accueille les clients. Elle a quitté son foyer et voit rarement son fils. Les réalisateurs passent des scènes de ssireum à la famille, mais notre intérêt va plutôt à la transformation de Dong-gu, la lutte étant un moyen de s’affirmer.
Like a virgin est une comédie agréable mais qui manque terriblement de rythme. Suivant un schéma scénaristique des plus classiques, notre jeune héros voit au milieu du film tous ses rêves s’envoler. Son prof de japonais se révèle un homophobe patenté. Son père lui casse la gueule. Il ne s’avère pas être un si bon lutteur lors d’une compétition. Like a virgin développe alors un message positif où Dong-gu va faire face à tous ses démons. A la limite, on pourrait presque y voir un remake de Marathon où l’autisme du héros serait remplacé par l’homosexualité, la course à pied par la lutte et le zèbre par Madonna.
On s’en doute, Dong-gu sortira plus grand de toutes les épreuves car comme le disait l’autre, ce qui ne te tue pas te rend plus fort.
Contrairement au remarquable The King and the clown, le public coréen ne s’est pas précipité dans les salles pour voir Like a virgin, où Madonna n’apparaît même pas en vrai.
Like a virgin (천하장사 마돈나, Corée, 2006) Un film de Lee Hae-joon et Lee Hae-yeong avec Ryu Deok-hwan, Baek Yoon-sik, Lee Sang-ha, Kim Yoon-seok, Lee Eon, Park Yeon-seo, Yoon Won-seok
2 commentaires:
«A de rares exceptions près, le cinéma coréen semble immanquablement interprété par des actrices et des acteurs bien foutus, jeunes, admirablement coiffés et en pleine santé. La chair jeune était la matière première du cinéma coréen jusqu’à la caricature. [...]
Like a virgin est une comédie agréable mais qui manque terriblement de rythme.»
Dans l'idée du cassage de clichés, ça fait un peu penser à Je suis un cyborg, un amour entre tarés avec l'homme qui cache son visage (avec un masque de lapin ?) et la femme qui est une anorexique. Le côté barge assumé (un peu trop?) jusqu'au bout, dans un hopital aux couleurs pastelles (tout est beau sauf pour les "patients").
C'est pas parfait, mais ça change des romances dramatiques avec belles et beaux acteurs touchés par la fatalité du destin, pour le bonheur de nos mouchoirs. Là, le réa sabote ces ficelles lourdes quitte à finir son film en queue de poisson dans une situation assez absurde.
Je n'ai pas vu ce film de Park Chan-wook, mais Old boy est justement une des rares exceptions grâce à Choi Mink-sik
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