dimanche 10 juin 2007

Chacun son cinéma


Chacun son cinéma est un film produit par Gilles Jacob pour marquer le 60ème anniversaire du Festival de Cannes. Présenté hors compétition dimanche 20 mai 2007, le film vient de sortir en DVD.
33 réalisateurs ont répondu présents à l’appel du Président du Festival. Ils étaient pratiquement tous là le soir de la projection. Juliette Binoche a fait la maîtresse de cérémonie (en bégayant d’émotion). Les cinéastes (dont une seule femme Jane Campion, qui a fait le moins bon film) étaient assis sur des fauteuils placés juste devant l’écran, en hauteur.Standing ovation de rigueur.
Comme on pouvait s’en douter, tous les films ne sont passionnants, loin de là, rejoignant en cela le projet déjà très inégal Paris je t’aime vu à Cannes 2006. Gilles Jacob a demandé à ces 33 cinéastes un court métrage de 3 minutes sur la salle de cinéma.

Certains réalisateurs parlent de leur propre cinéma, s’autocitent sans modestie : Théo Angelopoulos parle de son film L’Apiculteur, Atom Egoyan de The Adjuster, Youssef Chahine parle de son prix reçu en 1997, Claude Lelouch parlent de ses parents si fiers de leur fiston, Elia Suleiman attend pour débattre avec le public après la projection de son film. Takeshi Kitano se cite aussi dans Une belle journée, mais avec beaucoup d’humour : un vieillard va voir un film dans une vieille salle isolée de la campagne. On y projette Kids return de Kitano et c’est Kitano le projectioniste. Mais, tout foire, la bobine s’emballe, brûle. En fin de compte, le vieux monsieur n’aura vu que 3 minutes du film. Drôle, efficace.

Fellini, Lumière, Godard, Bresson ou encore Chaplin sont montrés comme références. Chen Kaige dans Au village montrent des enfants dans la Chine de 1977 essayer de regarder Le Cirque de Chaplin. Noir et blanc classieux. Son collègue et compatriote Zhang Yimou montre dans En regardant le film des villageois qui attendent la projection d’un film. Un enfant est impatient de voir le film, mais les opérateurs mangent, discutent et laissent traîner le début de la projection (on les voit en ombres chinoises derrière la toile). Finalement, une fois le film commencé, l’enfant s’endort et rate tout, comme dans Le Passager d’Abbas Kiarostami.

Retour vers le passé pour Hou Hsiao-hsien également avec The Electric Princess Picture House où des gens s’affairent avant d’aller au cinéma. On doit être à l’époque de son enfance. Hou d’abord filme la rue et ensuite rentre dans la salle et constate que cette salle, on imagine qu’il a du la fréquenter, est aujourd’hui dévastée.

Tsai Ming-liang avec ses acteurs de I don’t want to sleep alone filme aussi une salle et le souvenir des disparus qui ne peuvent aller voir un film. C’est un rêve est trop court pour que Tsai puisse développer son style. Quant à Wong Kar-wai, il semble s’autoparodier avec J’ai fait 9000 km où une orange passe, un couple semble se former en gros plans.

Des gros ratages : les courts de Michael Cimino, des frères Dardenne, d’Inarritu, de Jane Campion, de Gus Van Sant, de Manoel de Oliveira. Des réussites : les courts des frères Coen (un cow-boy hésite entre Les Climats, film turc et La Règle du jeu de Renoir), de Lars Von Trier (un fâcheux gêne Lars pendant la proj d’un film, Lars lui donne des coups de marteau), de Roman Polanski (film à chute pendant la proj d’Emmanuelle), de Walter Salles (deux rappeurs brésiliens en pleine forme).

Ce qui frappe le plus dans Chacun son cinéma, c’est que l’on arrive à reconnaître la patte, le style, la touche de chacun des cinéastes invités sur le projet. On pourrait presque y voir une célébration du cinéma d’auteur. Ce qui étonne aussi, c’est qu’on y voit la plupart du temps des salles vides (sauf le court d’Olivier Assayas qui ce déroule à l’UGC Cinécités des Halles, hommage par ailleurs à Serge Daney décédé il y a 15 ans de cela), comme si ces cinéastes étaient tous pessimistes sur l’avenir des salles.

Chacun son cinéma (France, 2007) Un film produit par Gilles Jacob réalisé respectivement par Raymond Depardon, Takeshi Kitano, Théo Angelopoulos, Andrei Konchalovsky, Nanni Moretti, Hou Hsiao-hsien, Luc & Jean-Pierre Dardenne, Joel & Ethan Coen, Alejandro Gonzalez Inarritu, Zhang Yimou, Amos Gitaï, Jane Campion, Atom Egoyan, Aki Kaurismäki, Olivier Assayas, Youssef Chahine, Tsai Ming-liang, Lars Von Trier, Raoul Ruiz, Claude Lelouch, Gus Van Sant, Roman Polanski, Michael Cimino, David Cronenberg, Wong Kar-wai, Abbas Kiarostami, Bille August, Elia Suleiman, Manoel de Oliveira, Waler Salles, Wim Wenders, Chen Kaige et Ken Loach

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