Tout comme Election, Election 2 a été classé Catégorie III à Hong Kong. Sorti le 28 avril 2006 sur les écrans de Hong Kong, le film a été sélectionné au Festival de Cannes 2006 en séance de minuit, ce qui a semble-t-il frustré certains critiques français qui ont vu en Election 2 un des meilleurs films politiques de l'année. Ce qui semble plus certain est que Election 2 est meilleur que Election.
Tout ce que voulait Jimmy (Louis Koo) était devenir un simple homme d'affaires, un businessman. Or Lok (Simon Yam) voit son mandat de parrain de la triade, élégamment appelée Société Wo Sing, arriver à terme. Une nouvelle élection se met en place. Lok est candidat à sa propre succession. Les Oncles, et à leur tête l'Oncle Teng (Wong Tin-lam qui ne sépare jamais de son petit chien et qui marche avec une canne) souhaite que Jimmy devienne le parrain. L'Oncle Teng dira à Lok que lui aussi dans sa jeunesse voulait briguer un deuxième mandat, que les Oncles à cette époque l'ont encouragé à renoncer et qu'il est maintenant un Oncle respecté. Il suggère fermement à Lok de faire de même. Mais Lok veut continuer à régir la société Wo Sing et fera tout pour éliminer Jimmy.
Jimmy veut donc devenir un simple businessman. Il se rend en Chine pour acquérir un grand terrain pour ouvrir un centre commercial. Sur la colline proche, il se voit déjà dans sa maison avec sa femme et leurs enfants. Rien ne se passe comme prévu. Les autorités chinoises lui refusent leur permis de travailler. A vrai dire, au grand étonnement de Jimmy, le chef de district de Shenzhen lui dit même qu'il souhaite que Jimmy devienne le parrain. Jimmy est le candidat officiel de la Chine. Gagner l'élection, selon le chef de district, est la solution pour avoir le permis. Jimmy tente de corrompre un chef local, mais il se fait arrêter par la police. Retour à Hong Kong où Jimmy accepte d'être candidat.
Lok, lui, ne perd pas de temps pour convaincre les Oncles qu'il est le meilleur candidat. Il promet aussi à plusieurs de ses hommes de main que, une fois son second mandat terminé, il soutiendra leur candidature. Naïvement, ils y croient, comme le croyait Big D (Tony Leung Ka-fai) dans le premier opus. Il faut dire que Lok avec son calme, ses tempes grisonnantes, son sourire qui rappelle à la fois Bouddha et Mao, a de quoi séduire. Lok pèche avec Kun (Gordon Lam) et Kun croit à cette promesse. Lok promet à Jet (Nick Cheung) d'être parrain, et il y croit. Lok réussit aussi à convaincre quelques Oncles. Pour mettre en péril la position de Jimmy, Lok va jusqu'à enfermer vivant dans un cercueil Monsieur Kwok, le financier principal de Jimmy.
Jimmy doit réagir. Sur les conseils de So (Cheung Siu-fai), un homme maladroit qui bégaye, il engage Bo (Mark Cheng) un tueur à gages sans pitié qui accepte de payer tant qu'il est payé grassement. Seul l'argent l'intéresse. Les Oncles conseillent aussi de se débarrasser des brebis galeuses de la bande à Jimmy dont Lik (Andy On) en qui ils n'ont pas confiance. Jimmy va chercher à gagner des voix, d'abord en faisant sa campagne électorale de manière classique (il discute), puis, devant la violence de Lok et de sa bande, en employant des méthodes plus musclées. En un mot plus sanguinaires.
Election 2 est un grand film sur la férocité du pouvoir et sur la vanité des hommes. Johnnie To, plus encore que dans Election nous plonge au plus profond des rouages d'une triade. La société Wo Sing fonctionne en vase clos, on ne voit pendant tout le film aucun habitant lambda de Hong Kong. La police est désormais totalement absente. Johnnie To décrit avec une réelle noirceur les triades, appuyé par une belle musique de Robert Ellis-Geiger. Jimmy espère toujours pouvoir s'échapper de l'emprise du jiang-hu, mais il s'aperçoit que cette utopie est hors de sa portée. Puisqu'il ne peut plus quitter les triades, il s'y plonge tête baissée. Election 2 est un grand film tragique sur le destin.
Jean Dorel
Election 2 (黑社會2, Hong Kong, 2006) Un film de Johnnie To avec Louis Koo, Simon Yam, Wong Tin-lam, Lam Ka-tung, Lam Suet, Nick Cheung, Mark Cheng, Andy On, Albert Cheung, Eddie Cheung.
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