dimanche 3 juin 2007

Yesterday once more


Johnnie To a réuni deux des acteurs les plus populaires de Hong Kong : Andy Lau et Sammi Cheng. A trois, ils avaient déjà fait l'énorme Love on a diet (deux obèses veulent maigrir) et Needing you... (un charmeur tombe amoureux d'une jeune femme). Une chose est certaine, c'est que Johnnie To couvre tous les genres du cinéma de Hong Kong. Et ça n'est pas une comédie romantique qui va l'arrêter.
Soit deux époux qui sont voleurs professionnels. Monsieur et Madame Voleur. Jamais leurs vrais noms ne seront révélés. Eux-mêmes s'appellent Mari Voleur et Femme Voleuse. Elle a la passion des beaux bijoux. Elle les aime tellement qu'elle a du mal à les partager avec son mari. Il est vexé de son attitude et demande le divorce. On les retrouve deux ans plus tard, chacun sur le même coup. Entre temps, elle aura mis le grappin sur un jeune homme fortuné. Andy Lau apprend ce mariage imminent par la presse et décide de s'emparer d'un collier que Sammi Cheng convoite. Collier appartenant à la mère du fiancé de Sammi, le gentil Steve Allen.
Les films de voleurs sont nombreux et souvent savoureux, surtout lorsque la préparation du vol est détaillée et que l'exécution du plan ne fonctionne. Ici, Johnnie To se démarque des autres cinéastes, les vols l'intéressent moins que les personnages s'observant en train de voler. En l'occurrence, les plans sont simples et souvent similaires. Il s'agit de savoir qui de Monsieur ou de Madame aura le dernier mot, et en conséquence les bijoux. Encore que... Cela n'empêche pas Johnnie To d'emmener les vols vers la comédie. Sammi et Andy ont le même plan d'attaque en tête, ils utilisent les mêmes cachettes. Ils sont divorcés, mais pour la forme.
On pense beaucoup aux films de Steven Soderbergh, Ocean's eleven et sa suite en regardant Yesterday once more. La musique nous invite à cette comparaison. Cool et volontiers lounge, elle met dans une ambiance connue. Elle donne son ton frivole et léger au film. Est-ce que pour autant Yesterday once more est un film mineur dans la filmographie de Johnnie To qui nous a habitué, comme dans Election, a un ton plus sombre et plus dur. Yesterday once more est un film d'après-midi. Le soleil brille toujours. Sammi et Andy sont bien habillés. Ils sourient quelle que soit la nouvelle qu'ils les attend.
Les vols de fabuleux colliers de diamants ne sont pas ici pour faire une critique de la bourgeoisie de Hong Kong. Moral, Yesterday once more l'est quand il affirme que l'argent ne fait pas le bonheur, mais les bijoux sont un macguffin comme bon nombre de films de voleur, comme dans la série des Ocean's de Soderbergh. Et finalement, ça n'est peut-être pas non plus la comédie du remariage qui prévaut dans Yesterday once more. Ce qui relie ce film romantique, parfois beaucoup trop d'ailleurs, avec les polars de Johnnie To est le sens du paraître. Tous les personnages des films de To avancent masqués. Avec un vrai masque ou un déguisement (Heroic trio, Fulltime killer), en présentant un personnalité qui n'est pas la leur (Election, Justice, my foot, Fat choi spirit, Running on Karma), en proférant des mensonges (PTU, Running out of time).
Le sourire d'Andy Lau et ses belles fringues ne l'empêchent pas d'avoir une leucémie. Les belles maisons des voleurs, comme celle des Allen, ne cachent rien d'autres que des escrocs qui vont de combine en combine. Chaque action d'un personnage est une mise en scène de ses désirs. A ce titre la séquence de la bouteille de vin est exemplaire. Les policiers croient piéger les voleurs sous un prétexte fallacieux, mais ils se font piéger par les voleurs, mais ce sont finalement ces derniers qui n'ont pas vu un autre piège. La mise en scène fonctionne comme des poupées gigognes. Ce qui étonne encore plus, ce sont les ellipses incroyables que s'autorise le cinéaste au milieu de son scénario. Jusqu'à en devenir parfois incompréhensible.
Yesterday once more est un film mineur cependant. L'enjeu est de mettre en avant ses deux acteurs, ce qu'il réussit. On les regarde cabotiner sans se voler la vedette. Et quels seconds rôles ! Les deux espions employés par Mme Allen au restaurant. Le fiancé Steve qui passe son temps à préparer des petits plats et à pleurnicher. Sa mère, Mme Allen pète sec. L'expert en assurance vicieux. On s'amuse, et c'est tout. Et c'est déjà pas mal. Johnnie To s'est aussi offert le luxe d'un petit séjour en Italie, à Udine plus précisément, là où pour lui tout à commencer. Udine étant la ville d'un des meilleurs festivals de cinéma d'Asie. Quand on vous disait que To était romantique.
Yesterday once more (龍鳳鬥, Hong Kong, 2004) Un film de Johnnie To avec Sammi Cheng, Andy Lau, Carl Ng, Lam Ka-tung, Hui Siu-hung

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