vendredi 31 décembre 2010

2010 est fini : un bilan

Dream home

Apichatpong Weerasethakul a reçu à Cannes une Palme d’or. Méritée ou pas, le cinéma thaïlandais a été récompensé pour la première fois dans un grand festival international, quand bien même Oncle Boonmee était une coproduction internationale (et à majorité européenne). Le film de Api n’a pas attiré grand monde (environ 90 spectateurs), mais le reste du cinéma asiatique n’a pas non plus eu les faveurs du public. A peine 25 films asiatiques sont sortis cette année en salles en France, ce qui représente une minuscule portion. En dix ans, le nombre de films asiatiques sortis en France a presque baissé de moitié. En termes d’entrées, c’est catastrophique. Plus étonnant encore, contrairement aux années précédentes, aucun ancien film n’a été repris, aucun inédit d’un grand cinéaste n’est sorti en salles. Il faut se réjouir des sorties DVD chez HK Vidéo des inédits de John Woo et chez Wild Side d’une large livraison de romans porno.

Love in a puff

On a retrouvé Takeshi Kitano. Deux de ses films sont sortis cette année en salles. Outrage a été descendu par la critique et les films n’ont pas eu beaucoup de succès public. Le purgatoire de Kitano continue. Le cinéma japonais existe encore au Japon mais en France, il ne faut plus chercher à découvrir quoi que ce soit. Même le cinéma d’animation ne fait plus recette. Et cela vaut aussi pour le cinéma coréen, en encore plus caricaturale. Hormis Breathless, première réalisation de l’acteur Yang Ik-joon, seul film coréen qui vaille le coup d’œil cette année, on a eu droit aux éternels Kim Ki-duk et Sang-soo (il suffit de changer le nom de famille). Plus personne n’ose sortir autre chose que les films passés dans notre beau Festival de Cannes (l’atroce Poetry), ce qui permet de rappeler que le cinéma de Corée est en panne totale d’inspiration. Le cinéma chinois s’est plutôt bien défendu avec City of life and death crépusculaire, La Tisseuse de bonne facture et le mélancolique Nuits d’ivresse printanière.

Legend of the fist

Du côté de Taiwan : un seul film, le beau Je ne peux pas vivre sans toi. Et du côté de Hong Kong, c’est bien simple, aucun film n’est sorti en salles. Tout arrive directement en DVD. Enfin, tout, c’est un grand mot. Ce qui sort encore en DVD en France, c’est les films de kung-fu à tendance histoire. En un titre, Ip Man. Il faut dire que Donnie Yen domine actuellement le box office hongkongais (14 blades, Ip Man 2 et Legend of the fist) et est en train de devenir la star numéro un éclipsant tous les autres acteurs et notamment Andy Lau qui s’est fourvoyé chez Wong Jing (Future X Cops) alors qu’il a tourné dans un bon Tsui Hark (Detective Dee). Le succès de Donnie Yen confirme aussi une tendance de films en costumes sur des gloires fondatrices de la Chine actuelle : Ip Man, Sun Yat-sen et même Bruce Lee, tous sont convoqués pour invoquer une culture commune. Dans certains films, cela se confond avec un nationalisme des plus primaires.

Detective Dee

Pas de révélation cette année, mais une confirmation. Celle que Pang Ho-cheung est en passe de devenir le meilleur cinéaste de Hong Kong. Deux films cette année : Love in a puff et Dream home, sur des genres différents, une comédie romantique et un slasher, mais avec un point commun. Pang Ho-cheung prend le pouls de sa ville. Les deux films prennent la base de leur fiction dans l’actualité la plus triviale et propre à Hong Kong. Ses films ne peuvent se passer que là-bas mais il parvient avec son grand talent à ce que ses films soient universels et puissants. C’est cela la force de la mise en scène. L’autre cinéaste majeur actuel est Dante Lam. Fire of conscience était inférieur à The Stool pigeon mais le réalisateur confirme qu’il est l’un des meilleurs directeurs d’acteurs d’aujourd’hui. Peut-être Dante Lam palie-t-il l’absence depuis deux ans de Johnnie To. Il faut remarquer que son style est tout à fait opposé à celui du réalisateur d’Exilé, son dernier bon film.

La Comédie humaine

Quoi de neuf du côté de la comédie ? Je signalerais l’apparition d’un acteur : Wong Cho-lam. Je l’avais remarqué dans Short of love où il était insupportable. Cette année, il joue dans trois films : 72 tenants of prosperity, Just another Pandora’s box mais surtout dans La Comédie humaine, où son duo avec Chapman To dans un pastiche de film de gangsters fait merveille. Si Wong Cho-lam est bien dirigé, s’il ne se fourvoie pas dans des mauvais Wong Jing, il peut devenir très grand et très drôle. Dans l’idée parodie pastiche, Once a gangster de Felix Chong (scénariste des Infernal affairs) et produit par Chapman To (qui marque son grand retour) est l’un des films les plus finement drôles vus cette année. En revanche, Flirting scholar 2 de Lee Lik-chi (suite insipide sans Stephen Chow), Just another Pandora’s box de Jeff Lau (une énième variation sur le Roi Singe) et All’s well end’s well 2010 de Raymond Wong Bak-ming et Herman Yau (en costumes traditionnels cette fois) ne semblent fonctionner que sur des recettes éculées.

Crossing Hennessy

Jackie Chan, Sammo Hung, Yuen Biao, Danny Lee et Teddy Robin. Les vieux de la vieille sont encore là ou sont de retour. Sammo Hung se contente désormais de jouer les vieux sages (14 blades, Ip Man 2, The Legend is born) dans des films d’arts martiaux. Dans ce dernier film, il est accompagné de Yuen Biao dans un beau second rôle. Danny Lee abandonne son flingue pour un roquet dans un rôle émouvant dans le beau Crossing Hennessy de Ivy Ho. Teddy Robin, star de la Cinema City revient dans Gallants, pastiche déjanté de wu xia pian. Et Jackie Chan est fidèle à lui-même : un film américain (Kung-fu nanny, son pire navet) et un film chinois (Little big soldier, sa meilleure comédie depuis Drunken master II en 1994). L’espoir que Jackie Chan recommence à mieux lire ses scénarios et à ne pas prendre que ce qui pourra lui ramener le plus d’argent renait. Donc, le cinéma de Hong Kong continue d’exister, mais si peu de gens le voient et le montrent en France. Il sort toujours une cinquantaine de films par an et je pense continuer à en voir le plus grand nombre. Bonne année 2011 !

mercredi 29 décembre 2010

Destination Himalaya


Destination Himalaya est l’un des films coréens les plus étonnants et intéressants sortis cette année. Sa sortie a été difficile, le film a été un échec public dans son pays mais par la magie de la coproduction, il sort dans quelques salles françaises. Choi Min-sik est sorti de sa grève de travail (il avait arrêté le cinéma après la révision des quotas octroyés pour le cinéma coréen) pour ce rôle qui va à l’encontre de ce que l’on attend de lui habituellement.

Choi est un cadre dans une entreprise coréenne. Un employé népalais vient de décéder et il a pour mission de ramener les cendres du défunt dans sa famille. Il part dans les montagnes habillé comme chez lui, en costume cravate et en souliers vernis. Un homme va porter sa grosse valise à roulettes sur son dos. Autant dire que Choi ne s’était pas préparé à cette expédition. Très vite, son porteur le distance et Choi a bien du mal à respirer l’air raréfié des hauts sommets. Le voyage se terminera pour lui à dos de cheval.

Exténué, Choi dort deux jours et deux nuits chez ses hôtes. Le fils du défunt l’accueille en jouant de la flûte. Il vit avec sa mère et ses grands-parents. Il donne une grande liasse de billets. Choi ne parle pas un mot de népalais, il baragouine quelques mots d’anglais auxquels répond le fils qui a quelques notions. Il n’ose pas donner l’urne funéraire. Là, réside l’un des bonnes idées de Destination Himalaya, faire de Choi Min-sik un personnage sans dialogue : une manière de prolonger sa grève. Mais il va se lier avec le gamin et quelques regards suffiront à ce qu’ils se comprennent.

Comme beaucoup de spectateurs qui s’attendaient probablement à un énième film avec des beaux paysages et une introduction aux coutumes locales, Choi se rend compte que la montagne est aride, désertique, que la vie y est rude et ennuyeuse. Il accompagne le gamin sortir les biquettes, puis il l’accompagne pour les rentrer. Certes, il n’était pas venu en touriste faire du trekking, mais là il comprend que l’idée habituellement véhiculée par le cinéma est bien loin. La seconde bonne idée est de ne pas montrer l’image idyllique et fantasmée d’une contrée de sagesse.

La mère de famille n’attend pas tant que cela son époux. Elle reçoit un jour la visite d’un homme et le fils l’appelle papa. La dame a un amant prénommé Karma et en son off, on entend leur râle de plaisir. Quand un cheval blanc (le fantôme du défunt sans doute) passe devant Choi, il comprend qu’il doit s’en aller, qu’il doit remettre les cendres à la veuve. Il a repris son souffle et son voyage peut s’achever. Il est temps de rentrer chez lui.

Destination Himalaya (Himalaya, where the wind dwells, 히말라야, 바람이 머무는 , Corée – France, 2008) Un film de Jeon Soo-il avec Choi Min-sik, Tsering Kipale Gurung, Tenjing Sherpa, Namgya Gurung, Hamo Gurung, Tseptam Gurung.

vendredi 24 décembre 2010

Legend of the fist, The Return of Chen Zhen


Bruce Lee dans La Fureur de vaincre, Jet Li dans Fist of legend et aujourd’hui Donnie Yen dans Legend of the fist The Return of Chen Zhen. Chen Zhen, le héros chinois qui défiait les étrangers venus occuper son pays ne serait pas mort à la fin des deux films cités plus haut. Donnie Yen et Andrew Lau ont l’idée de la faire vivre. Legend of the fist n’est pas un remake mais une suite, une digression et l’acteur a comme ambition, maintenant qu’il est la seule super star du cinéma d’arts martiaux à Hong Kong, de se hisser à la hauteur de ces deux sommets du cinéma cantonais.

Chen Zhen n’est pas mort en se sacrifiant pour la liberté, il n’est pas mort sous les balles des ennemis de la Chine. Non, Chen Zhen (Donnie Yen) est parti combattre en France l’armée allemande en 1917. Libérer un peuple est toujours la mission de Chen Zhen. Quand il doit rentrer à Shanghai, il prend l’identité d’un de ses camarades morts au combat et est bien décidé à mettre des bâtons dans les roues des envahisseurs japonais. Un nouveau Japonais, grand spécialiste des arts martiaux, entend prendre l’hégémonie. C’est Chikaraishi (Kohota Tuy), le nouveau maître du combat à affronter. Dans le film, il sera signalé plus tard que Chan Zhen a éliminé son père que l’on voit dans une courte scène incarné par Kurata Yasuaki, autre sommet du film de kung-fu de la Shaw Brothers.

Chen Zhen se fait embaucher par Liu Yutian (Anthony Wong) qui tient une boîte de nuit, le Casablanca. Il est toujours étonnant de remarquer que dans ces films en costumes des années 1920-1930, la boite de nuit est forcément le centre du monde. Il faut dire que Legend of the fist lorgne beaucoup du côté de Big brother. Liu, habillé en habit traditionnel, sympathise avec Chen Zhen, qui porte des vêtements occidentaux pour ne pas attirer l’attention sur lui. Chen Zhen va, quant à lui, découvrir la belle et charmante Kiki (Shu Qi), la chanteuse vedette du Casablanca. Elle est peut-être la maitresse de Liu, mais rien n’est certain. Elle semble libre et passe du temps avec Chen Zhen.

Pendant que les Chinois tentent d’organiser la résistance, les Japonais décident d’éliminer tous ceux qui se mettent sur leur passage. Une liste de personnes à tuer existe. La police, dirigée par l’inspecteur gaffeur Huang (Huang Bo), l’un des rares personnages comiques du film, se montre bien incapable d’empêcher les assassinats. Chen Zhen et ses camarades ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Grâce à son sens aigu de l’observation, notre héros va comprendre que le Casablanca est l’un des centres de décision des tueurs. Une des danseuses du Casablanca reçoit des ordres direct de Kiki, qui s’avère être une Japonaise.

Legend of the fist n’est de toute façon qu’une ode à la gloire de Donnie Yen. On le voit de tous les plans, il occupe le terrain et les autres interprètes n’ont que quelques os à ronger. Anthony Wong flotte sur le film de sa bonhommie, Shu Qi fait des sourires, joue parfaitement bien la fille ivre mais son personnage est un peu ingrat. Personne n’est aussi fort que Donnie Yen qui en fait beaucoup pour donner une aura à Chen Zhen, à lui donner un air à la fois cool quand il travaille dans la boite de nuit (sourire complice, petit geste de l’index) et fort (il est la star numéro un du cinéma kung-fu). On ne peut pas s’empêcher, devant tant de sérieux, de rigoler quand il revêt un masque à la Kato pour devenir super héros masqué, quand il pousse ses petits cris à la Bruce Lee ou quand il se met torse nu pour le combat final.

Certes, les acrobaties chorégraphiées par Donnie Yen sont réussies. Elles sont brillantes et les combats sont vifs et clairs. Tout cela occupe une bonne partie du film. Il ne reste à Andrew Lau qu’à mettre en scène le reste, tout ce qui concerne l’avancée de la partie suspense. Là, on est dans la grande confusion et le déjà-vu. Je vais finir par me demander ce qu’est devenu l’homme qui a fait les Infernal affairs. Sans doute, ai-je déjà la réponse avec le remarquable Once a gangster réalisé par Felix Chong, le scénariste de la trilogie. Ce qui m’embête le plus dans Legend of the fist est, comme dans Ip Man 2, ce nationalisme opportuniste et manichéen qui donne un goût amer au film. Il n'y avait pas de quoi ressusciter Chen Zhen pour ça.

Legend of the fist. Return of Chen Zhen (精武風雲.陳真, Hong Kong, 2010) Un film d’Andrew Lau avec Donnie Yen, Shu Qi, Huang Bo, Zhou Yang, Huo Siyan, Anthony Wong, Chen Jia-jia, Kohata Ryu, Shi Feng, Shawn Yue, Kurata Yasuaki.

jeudi 23 décembre 2010

Sorties à Hong Kong (décembre 2010)

Marriage with a liar (婚前試愛)

Un film de Patrick Kong avec Chrissie Chau, Timmy Hung, Jacqueline Chong, Carol Yeung Tsz-yiu, Law Chung-him. 84 minutes. Classé Catégorie IIB. Sortie : 23 décembre 2010.





mercredi 22 décembre 2010

Blue gate crossing


Les amours adolescentes sont souvent bien compliquées. A Taipei, rien n’est simple pas plus qu’ailleurs surtout quand la personne que l’on aime en aime une autre et que cet autre en aime une troisième. Blue gate crossing est un trio : deux filles, un garçon, un lycée, quelques vélos et une piscine. Meng Ke-rou (Kawi Lun-mei) et Lin Yue-zhen (Liang Shu-hui) passent leur temps à discuter de tout et de rien et aussi des garçons. L’un d’eux, Zhang Shi-hao (Wilson Chen) est la coqueluche des filles, celui qu’elles voudraient tous avoir. Yue-shen en est tombée amoureuse et Ke-rou va aider son amie à conquérir son cœur.

Les deux filles décident, après les cours, d’aller espionner le jeune homme. Chaque soir, il s’entraine à la piscine pour une compétition. Il doit rester discret car il est interdit d’aller dans le gymnase du lycée sans autorisation. Ke-rou se dévoue pour aller lui parler et lui présenter Yue-shen, qui, entre temps, a préféré s’éclipser à cause de sa timidité. Conséquence de ceci, Shi-hao est persuadé que Yue-shen n’existe pas. D’ailleurs, la lettre qu’elle est censée avoir écrite porte la signature de Ke-rou. Ils vont se rapprocher et ce qui devait arriver arrive, Shi-hao tombe amoureux de Ke-rou.

Le jeune homme vient chaque soir, sur son vélo, au magasin de la mère de Ke-rou, qui ne sort pas de chez elle quand elle le voit. Il achète des raviolis, regarde un peu et s’en va avec un grand sourire. Ke-rou raconte tout cela à Yue-shen pour qui l’adolescent devient une obsession. Elle a réussi à se procurer des objets qui lui appartiennent et les vénère. Un ballon de basket, ses chaussures de sport, un stylo, une bouteille d’eau dans laquelle il a bu. Sa fascination pour lui n’a d’égal que sa timidité mais il va vite se refuser à elle. Il est amoureux de Ke-rou. Problème : elle pense être amoureuse de son amie et s’en veut pour ça.

Film sur la passage à l’âge adulte, sur les premières amours et sur la perte de l’innocence, Blue gate crossing semble ne jamais parvenir à s’encrer dans une quelconque réalité taïwanaise. Certes, la routine de l’école est montrée mais la portée universelle du message n’aboutit à rien de neuf ni d’original. Les jeunes taïwanais sont comme tout le monde avec leurs soucis et leurs espoirs. A la fin de l’année scolaire, chacun se sera fait une raison et espérera que l’année suivante sera meilleure en amour.

Blue gate crossing (藍色大門, Taiwan – France, 2002) Un film de Yee Chin-yen avec Wilson Chen, Kwai Lun-mei, Liang Shu-hui, Chau Ching, Ming Gin-cheng, Lin Hsien-neng, Shih Yuan-chieh.

dimanche 19 décembre 2010

Girl$


L’univers de la prostitution évolue. Girl$ décrit le parcours de quatre jeunes femmes de Hong Kong qui utilisent l’Internet pour se vendre. C’est un moyen simple avec MSN, iPhone ou sur des sites pour se faire connaitre et encourager des clients à venir. Les quatre personnages féminins ne sont pas des prostituées à proprement parler, elles ont leurs propres raisons pour aller chercher des rendez-vous tarifés, pour parler avec euphémisme de leurs cas.

Icy (Michelle) vit avec son petit ami Chun (Kenneth Tsang) qui passe son temps à jouer aux jeux vidéo. Un soir, l’ordinateur tombe en panne. Lin décide de lui en payer un neuf. Lui, n’est au courant de rien. Gucci (Venus Wong) a 16 ans et veut monnayer sa virginité pour se payer un sac à la mode. Lin (Una Lin), qui débarque de Taïwan, a besoin d’argent et va tomber amoureuse d’un de ses clients réguliers. Ronnie (Bonnie Xian) est une jeune femme riche qui trouve excitant de se vendre même si elle n’accepte jamais d’argent des clients.

Elles vont se rencontrer sur des forums et vont tenter de devenir amies. Elles vont se conseiller pour éviter les pervers, les hommes dangereux et le Sida. D’autant qu’un serial killer traîne dans les rues. Elles vont se montrer solidaires quand l’une d’elles est filmée à son insu et retrouver l’homme qui a commis cet acte pour se protéger lui-même. Elles vont aussi se jalouser parfois, les filles ne comprennent pas pourquoi Ronnie se prostitue. Elles vont souvent se disputer. Le scénario les fait cependant se rencontrer avec un peu trop de facilité et il est difficile de comprendre pourquoi Ronnie, la petite fille riche, ne donne pas de l’argent à Gucci au lieu de le dépenser pour ses clients.

Le film est classé Catégorie III pour ses quelques scènes de nudité. Mais pratiquement tout consiste en des dialogues entre les personnages. La caméra est souvent à l’épaule pour donner un sentiment de vitalité. La mise en scène de Kenneth Bi est alerte mais il ne semble rien dire de bien neuf sur cette génération de la communication immédiate, sur la violation de la vie privée et sur la jeunesse qui connait tout du sexe sans jamais l’avoir pratiquer. On pense parfois à certains films de Pang Ho-cheung sur la sexualité, mais Kenneth Bi ne parvient pas à être aussi profond.

Girl$ (囡囡, Hong Kong, 2010) Un film de Kenneth Bi avec Michelle, Bonnie Xian, Una Lin, Venus Wong, Deep Ng, Derek Tsang, Karson Lok, Eric Tse.

jeudi 16 décembre 2010

Le Parrain de Hong Kong


Le lancement du Grand bond en avant a mis sur le chemin de l’exil des milliers de Chinois. Beaucoup ont tenté d’aller à Hong Kong et parmi eux Ho (Ray Lui). Le Parrain de Hong Kong est l’histoire de cet homme, son ascension, sa décadence et sa chute sur une période de trente ans. De son arrivée à Hong Kong à la prison où on le découvre en ouverture du film. Ce film, l’un des plus longs films de Hong Kong jamais réalisés (deux heures et quart), est un récit épique et romanesque de grande tenue.

C’est donc au début des années 1960 que Ho arrive à Hong Kong. Avec son ami Ming (Lawrence Ng), il passe de petits boulots en petits boulots. Payés une misère, humiliés par leurs patrons, ils décident de changer de voix. Leur premier acte est d’aller voler les meubles et les bijoux de l’appartement du patron du restau qui remet les victuailles non consommés par les clients dans les assiettes des nouveaux clients. Ho et Ming seront aidés par deux frères Grand Hak (Chan Wing-chung) et Petit Hak (Frankie Chan), deux gars costauds dont les muscles serviront de gardes du corps régulièrement et par Man (Waise Lee), fidèle mais pas téméraire.

Ho a de l’ambition. Il ne veut pas se consacrer aux cambriolages minables. Il va rencontrer Bo le Gras (Kent Cheng), l’un des chefs de clan de Hong Kong. La colonie est alors dirigée par quatre chefs qui se partagent les activités criminelles. Bo suggère à Ho et sa bande de se débarrasser de Ping le Denté (Ng Man-tat). Ho va vendre de la drogue dans le quartier de Ping, pour le provoquer. Bo avait imaginé un plan pour supprimer Ping et ses hommes. Tout se termine à grands coups de hache où le chef et une bonne partie de sa bande meurent. A quatre, ils ont décimé plusieurs dizaines d’hommes. Ho a désormais gagné ses galons de chef, mais il en veut évidemment beaucoup plus.

Bien entendu, quand un mafieux augmente son pouvoir, non seulement c’est au détriment d’un autre parrain, mais en plus il en espère toujours plus. Cela inquiète les autres chefs de clan et en premier lieu Bo le Gras. D’abord parce que Bo sent son couple (illégitime) en danger. Sa maîtresse May (Amy Yip), dont les seins sont de belle tenue, est devenue la petite amie de Ming, obsédé sexuel dont l’insatiabilité charnelle commence à créer des tensions entre Bo et Ho, qui se moque de cette liaison deouble. Bo cherche à se venger en doublant Ho. Il suggère d’aller voler l’héroïne pure que le boss Kong fait venir de Thaïlande. Ho et ses sbires se déguisent en marins chinois dans une scène flamboyante de violence mêlée de doute.

Au fil des décennies, Ho change. Il oublie vite sa chemise d’ouvrier pour passer au costume prêt-à-porter puis au manteau de fourrure de maquereau. Il passe du taudis à la grande maison à la décoration clinquante. Son succès fait des jaloux et il doit arroser les flics encore plus que ses concurrents. Comme ses ennemis, le chef de la police Liu le Tigre (Kenneth Tsang) joue sur tous les tableaux et sa protection sera donnée au plus offrant. L’argent coule à flot. Le Parrain de Hong Kong ne se contente pas de dénoncer tous les pourris de cette époque, il dissèque en profondeur le processus de la corruption, ses drames et la folie qu’elle engrange.

Et les femmes dans tout cela ? J’ai déjà évoqué le cas de May et Min. Ho rencontrera Yin (Cecilia Yip), veuve avec deux enfants. Yin est la sœur d’un homme que Ho a battu mais épargné. Il souhaite aider la sœur et ils vont tomber amoureux. Comme lui, elle deviendra l’une des têtes de la mafia. D’extraction modeste, elle conseillera Ho jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus retenir sa folie de domination. Quand il sera trop tard pour quitter la scène, il continuera de jouer son rôle de parrain de Hong Kong. Le film est un portrait d’un pays morcelé au travers des personnages qui ne parviennent pas à coller les morceaux de leur vie. La vulgarité des personnages est pourtant poignante en tant qu’elle invoque un destin inexorable que plus personne ne peut contrecarrer. Une histoire triste et belle à la fois. L'histoire d'un monstre, qui a réellement existé, que Ray Lui avec sa corpulence incarne à merveille.

Le Parrain de Hong Kong (To be number one, 跛豪, Hong Kong, 1991) Un film de Poon Man-kit avec Ray Lui, Kent Cheng, Cecilia Yip, Amy Yip, Waise Lee, Lawrence Ng, Chan Wing-chung, Frankie Chan, Elvis Tsui, Tommy Wong, Kenneth Tsang, Lo Lieh, Ng Man-tat, Lau Shun, Lau Kong.

mardi 14 décembre 2010

The Stool pigeon



Dans un rue isolée et étroite, deux camions s’engouffrent suivis d’une voiture. La planque pour prendre en flagrant délit des trafiquants de drogue commence. L’Inspecteur Don Lee (Nick Cheung) attend dans la voiture avec calme. Dans son costume chic et avec ses lunettes carrées, il surveille le déroulement des opérations. Un flic infiltré (le stool pigeon du titre anglais) filme toute la scène mais le chef des trafiquants comprend qu’il est surveillé. Le flic infiltré (Liu Kai-chi) se cache et son nom est prononcé par un flic assaillant brisant en mille morceaux sa couverture. Malgré l’air rassurant de Lee, l’informateur manque d’être massacré sous les coups d’une hache. Il ne meurt pas mais en restera traumatisé et vit caché sous un pont, déguisé comme un clochard.
Un an plus, après une petite dépression, Lee revient aux affaires et se cherche un nouveau pigeon qui pourra espionner à son compte. Il choisit Ho Sai-fui (Nicholas Tse) qui se fait appelé Ghost Jr à qui il reste deux jours de prison à faire. C’est le fils de son père ce qui implique de Ho a une dette de jeu de son paternel à régler à un chef de clan. Ce dernier a d’ailleurs mis la sœur de Ho au tapin pour commencer à rembourser l’emprunt fait quelques années auparavant. Ho Sai-fui refuse d’abord l’offre de Lee mais il se fait salement amocher quand il défend se sœur et se voit contraint d’accepter la proposition contre un million de dollars HK.
Ho doit se faire connaitre et pour ça va rencontrer deux malfrats qui bossent ensemble Tai Ping (Keung Ho-man) et Barbarian (Lu Yi). Il parvient à se faire accepter en gagnant une course de voiture et va devenir le pilote pour un casse de bijouterie. Mais le cambriolage ne se déroule pas comme prévu, un flic est abattu. La hiérarchie de l’inspecteur Lee est désabusée et remet en cause les méthodes du flic. Il est vu comme un homme sans cœur qui n’hésite pas à sacrifier quiconque (dont ses informateurs) pour atteindre le résultat escompté. Le duo de Beast stalker Nicholas Tse Nick Cheung est reconstitué dans The Stool pigeon mais c’est un duo aux rôles inversés.
Comme pour Beast stalker, Dante Lam donne le meilleur de lui-même dans ses scènes d’action, notamment dans une poursuite à pied, au pas de charge, dans les rues d’un quartier populaire. Les policiers en civil suivent Barbarian dans le dédale des rues bondées et des longs passages qui courent d’un immeuble à l’autre. Les flics ne doivent pas se faire repérer et le cinéaste fait preuve de virtuosité pour mettre en scène ces moments presque intimistes. Tout comme est réussie la séquence de l’attaque de la bijouterie où la sauvagerie des cambrioleurs est poussée à son paroxysme laissant Ho décontenancé. En regardant son visage, on a l’impression qu’il se demande si Lee ne souhaite pas cette violence pour pouvoir répondre de la même manière quand il trouvera les malfrats.
En fin de compte, le personnage de Ho apparait bien plus sympathique et positive que l’inspecteur Lee dont le comportement tordu met mal à l’aise tous ses interlocuteurs dans sa pratique du chantage. Dante Lam offre quelques belles scènes à Nicholas Tse dès qu’il rencontre Dee (Kwai Lunmei) et pour laquelle il devient son chauffeur. Elle lui achète un costume, va faire les magasins, prend une photo devant le père Noël, va boire des bières dans un restaurant. Pour la première fois, Ho a l’impression de vivre complètement et il envisage une aventure amoureuse avec elle. Ces moments de tendresse contrastent avec l’inhumanité des autres personnages. Leur histoire ne pourra pas s’épanouir comme on l’espérait.
The Stool pigeon (, Hong Kong, 2010) Un film de Dante Lam avec Nick Cheung, Nicholas Tse, Liu Kai-chi, Kwai Lunmei, Miao Pu, Lu Yi, Sherman Chung, Keung Ho-man

Filmographie : Dante Lam



Dante Lam 林超賢

Option zero (G4特工, 1997) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 27 novembre 1997.
Beast cops (野獸刑警, 1998) Un film de Dante Lam et Gordon Chan. Sortie à Hong Kong : 9 avril 1998.
When I look upon the stars (天旋地戀, 1999) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 9 janvier 1999.
Jiang Hu: The Triad zone (江湖告急, 2000) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 21 septembre 2000.
Hit team (走投有路, 2001) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 22 février 2001.
Runaway (重裝警察, 2001) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 17 mai 2001.
Tiramisu (戀愛行星, 2002) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 28 mars 2002.
The Twins effect (千機變, 2003) Un film de Dante Lam et Donnie Yen. Sortie à Hong Kong : 24 juin 2003.
Naked ambition (豪情, 2003) Un film de Dante Lam et Chan Hing-kai. Sortie à Hong Kong : 30 octobre 2003.
Love on the rocks (戀情告急, 2004) Un film de Dante Lam et Chan Hing-kai. Sortie à Hong Kong : 8 avril 2004.
Heat team (重案黐孖 Gun, 2004) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 24 juin 2004.
Undercover hidden dragon (至尊無賴, 2006) Un film de Dante Lam et Gordon Chan. Sortie à Hong Kong : 6 avril 2006.
Storm Rider - Clash of Evils (風雲決, 2008) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 19 juillet 2008.
Beast stalker (証人, 2008) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 20 novembre 2008.
The Sniper (神鎗手, 2009) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 23 mars 2009.
Fire of conscience (火龍, 2010) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 1er avril 2010.
The Stool pigeon (線人, 2010) Un film de Dante Lam. Sortie à Hong Kong : 26 août 2010.
The Viral factor (逆戰, 2012) Sortie à Hong Kong : 21 janvier 2012.
Unbeatable (激戰, 2013) Sortie à Hong Kong : 15 août 2013.
That demon within (魔警2014) Sortie à Hong Kong : 17 avril 2014.

jeudi 9 décembre 2010

Rouge


Hong Kong, 1934, Fleur (Anita Mui) une courtisane très réputée est admirée de tous les hommes qui paient des sommes folles pour ne toucher qu’un bout de sa peau. Fleur fascine un de ses clients, Chan Chen-pang (Leslie Cheung) qui vient tous les jours pour passer un long moment en sa compagnie. Elle constate bien qu’il veut la séduire, résiste d’abord, puis tombe amoureuse de lui. Ils veulent se marier mais leur conditions sociales sont très opposées, Chan vient d’une famille très riche et ses parents voient d’un mauvais œil qu’il puisse épouser une prostituée.

Hong Kong, 1987. Yuen (Alex Man) travaille dans un journal. Il voit surgir Fleur dans les locaux de son travail, elle porte une de ses belles robes fleuries. Elle veut passer une petite annonce pour retrouver Chan. Yuen a beau fermer la porte du bureau, elle passe quand même. Puis dehors, elle le retrouve. Il comprend qu’elle est un fantôme et décide de l’inviter chez lui. Cela ne ravit pas Chu (Emily Chu), sa petite amie qui croit d’abord qu’il a ramené sa maîtresse. Ils doivent se rendre compte que Fleur est bel et bien un fantôme qui cherche à retrouver son amant.

Fleur constate que tout a changé, que les lieux qu’elle connaissait n’existe plus. La maison de plaisir où elle travaillait est devenue une crèche pour bambins. Tout a changé sauf elle qui croit encore en son amour éternel par delà la mort. Fleur et Chan se sont donné la mort quand les parents du jeune homme se sont mis en travers de leur liaison. Ils se sont suicidés pour se retrouver dans un monde où rien ne pourra les arrêter. Yuen et Chu vont aider Fleur dans sa quête.

Le passage entre les deux époques permet de faire le point sur le romantisme tel que l’envisage Stanley Kwan. Celui de Fleur est exacerbé, il va par delà la vie et ne souffre d’aucun compromis. Fleur se demande pourquoi Chan ne vient pas au rendez-vous. Elle se désespère de sa situation. Elle se rendra compte de ce qui est réellement arrivé en 1934. La vie de couple en 1987 est plus libre. Fleur s’étonne que Yuen et Chu ne soient pas mariés alors qu’ils se fréquentent depuis quatre ans. D’autant que l’amour terrestre de Fleur et Chan n’a duré que quelques jours. Mais c’était une autre époque.

Rouge est aussi marqué par son époque, par son duo de stars, Leslie Cheung et Anita Mui, très amis dans la vie, duo aujourd’hui disparu. Le film est un peu démodé bien qu’extrêmement bien conçu. La partie enquête sur Chan est un peu poussive, sa résolution ne vise qu’à démontrer que le passé était supérieur au présent. Le film tient à l’interprétation magistrale d’Anita Mui qui joue tout en douceur son rôle où la violence des sentiments contraste avec son calme. Rouge est un mélodrame flamboyant qui gagna toute une flopée de récompenses aux 8ème Hong Kong Film Awards.

Rouge (胭脂扣, Hong Kong, 1987) Un film de Stanley Kwan avec Anita Mui, Leslie Cheung, Alex Man, Emily Chu, Patrick Tse, Irene Wan, Lau Kar-wing, Kara Hui.

lundi 6 décembre 2010

Permanent residence


Ce qui est certain, c’est qu’avec les films de Scud, on sait exactement dans quel terrain on se trouve. Jusqu’au risque de lasser le spectateur tant ses trois longs métrages se ressemblent tout en se répondant. On voyait une affiche de Permanent residence dans Amphetamine, on parle du prochain tournage d’Amphetamine dans Permanent residence. Ce film, son deuxième a comme ambition de montrer la vie d’Ivan (Sean Li) de son enfance en Chine jusqu’à sa mort. Le tout en un peu moins de deux heures. Le film commence par un diaporama d’images fixes comme des étapes de sa vie que l’on retrouvera plus tard.

De l’enfance, on peut dire qu’Ivan vécut avec sa grand-mère pour qui il a un grand attachement. Puis, il part à Hong Kong à la fin des années 1980, devient jeune cadre dynamique, réussit dans la vie et s’achète un bel appartement dans lequel il adore vivre nu. A la treizième minute, le premier nu intégral arrive. Il faut dire qu’Ivan est fou de son corps et qu’il l’entretient en allant faire un peu de sport. Il rencontre en salle Windson (Hosman Hung), le fils du vent, avec qui il va sympathiser. Il rencontre sur un plateau télé Josh (Jackie Chow) qui va lui révéler sa propre homosexualité.

Josh devient son mentor, celui qui lui permet d’accéder au plaisir sexuel, mais il n’habite pas Hong Kong. Ivan va fréquenter de plus en plus souvent Windson. Ils vont se promener au bord de la mer et plongent nus dans l’eau et refaire le monde, de nuit, sur une balise en mer. Ils n’ont pas de pudeur à se déshabiller l’un devant l’autre. Cela donner quelques scènes de plage où un vieux couple les surprend à poil sur le sable. Ils s’entrainent sur la terrasse à la boxe torse nu. Ils dorment ensemble dans le même lit, prennent des souches ensemble, s’embrassent un peu. Ivan prend des photos dénudées de Windson et ce dernier n’a qu’une réaction en disant qu’Ivan peut le photographier mais qu’il ne doit pas balancer les clichés sur internet.

Windson accepte l’amour que lui porte Ivan mais refuse de coucher avec lui. Les années passent et leur lien se défait petit à petit. Windson veut se marier et cherche une épouse en Chine. Dans le même temps, la grand-mère d’Ivan commence à vieillir et à perdre la mémoire. Elle regrette que son petit fils ne se marie pas. Ivan va se lier avec les voisins de Windson, un couple de vieux. Puis, Ivan va se désespérer de ne plus voir Windson. Alors, évidemment Scud n’est pas Wong Kar-wai même s’il lorgne vers un In the mood for love gay où les robes de Maggie Cheung et les costumes de Tony Leung Chiu-wai sont remplacés par la nudité des acteurs. Permanent residence est un peu nunuche, comme les autres films de Scud, terriblement romantique et vaguement vain même si le film est sans aucun doute largement autobiographique.

Permanent residence (永久居留, Hong Kong, 2009) Un film de Scud avec Sean Li, Osman Hung, Jackie Chow, Lau Yu-hong.

vendredi 3 décembre 2010

Expect the unexpected


L’une des batailles favorites de l’exégèse autour de la Milkyway consiste à savoir si les trois films de Patrick Yau produits par la compagnie de Johnnie To et Wai Ka-fai ont bel et bien été réalisés par lui. Je ne compte pas m’aventurer sur ce terrain-là. Ce que je remarque est que ces trois films The Odd one dies, The Longest nite et Expect the unexpected sont trois bons films, maîtrisés et qui annonce les chefs d’œuvre à suive de la compagnie.

Un petit restau. En face, une bijouterie. Trois gangsters maladroits (dont Lam Suet) vont cambrioler la bijouterie. Ils sont à visage découverts et bien maladroits. Ils ne parviennent pas à briser les vitrines blindées qui enferment les bijoux. En face, Mandy (Yoyo Mung) observe tout cela. Dans son restaurent, trois clients observent rigolards la fine équipe qui échoue lamentablement. La police est alertée. On entend les sirènes. L’un des trois clients prend son portable, téléphone et le trio quitte le restau. Un de leur complice est dans un appartement en face. Dans leur fuite, les cabrioleurs sont partis se cacher dans cet immeuble.

Le trio de clients est en fait une bande de malfrats qui s’avère très violent. L’homme caché dans l’appartement n’hésite pas à tuer son otage et le trio de gangsters, pour récupérer le complice, abat une douzaine de policiers. Rien à voir avec l’amateurisme de la bande à Lam Suet. Le chef de la section de police criminelle « O » est Ken (Simon Yam). Il est chargé de cette enquête avec Sam (Lau Ching-wan). Tous deux se connaissent depuis l’enfance. Et ils sont aussi amis avec Mandy. Trois célibataires combien de possibilité.

Expect the unexpected joue sur les deux tableaux de l’enquête policière et de l’amitié à trois. Le film se fait très nerveux dès qu’il s’agit des gangsters. Ils violent les femmes qu’ils séquestrent et sont sans pitié envers ceux qui se trouvent en face d’eux. La mise en scène dans ces moments là (les gunfights notamment) est très précise et va droit au but. La désinvolture et la bonne humeur de Sam va à l’encontre du sérieux de Ken mais tous deux se complètent admirablement. Sam est pourtant un homme d’instinct qui parvient à se trouver toujours au bon endroit au bon moment. Ken ne parle pas beaucoup, ne sourit guère et est toujours concentré. Leur caractère respectif apporte un air frais dans cette violence qu’ils combattent.

L’amitié à trois est plus complexe. Sam semble vouloir que Ken se lie avec Mandy et les manigances qu’il prépare ne sont pas très fines. Il avance comme un balourd et cela ne marche pas. Et si c’était Macy (Ruby Wong) qui était amoureuse de Ken comme il le croit ? Dans ce cas-là, pourquoi irait-elle si souvent au chevet de Jimmy (Raymond Wong Ho-yin), flic blessé et qui plait à toutes les filles et à qui il leur rend bien ? Dans une production Johnnie To – Wai Ka-fai, rien n’est simple mais tout est lisible. Les rapports entre les gens sont complexes et la mise en scène est là pour les rendre compréhensibles. Tout sera à la fois tragique et comique dans ces morceaux de vie de quelques policiers ordinaires et si humains.

Expect the unexpected (非常突然, Hong Kong, 1998) Un film de Patrick Yau avec Simon Yam, Lau Ching-wan, Yoyo Mung, Ruby Wong, Hui Siu-hung, Raymond Wong Ho-yin, Bak Ka-sin, Sato Keiji, Joe Cheng, Lam Suet, Lester Chan, Yee Tin-hung, Ricky Lam, Cheung Wing-cheung, Yip Tat-kau, Chiu Chi-shing, Law Wing-cheong.

jeudi 2 décembre 2010

Sorties à Hong Kong (décembre 2010)

Revenge: a love story (復仇者之死)

Un film de Wong Ching-po avec Juno Mak, Sora Aoi, Lau Wing, Chin Siu-ho, Tony Ho. 91 minutes. Classé Catégorie III. Sortie : 2 décembre 2010.






mercredi 1 décembre 2010

City under siege


Parfois dès les deux premières minutes, on sent qu’un film est perdu, que tout va être mauvais et que, jamais, on ne rira devant un tel navet. City under siege n’est pas même un nanar comme peuvent l’être par moment certains Wong Jing (au moins au début du film). Benny Chan n’a jamais été pour moi un bon réalisateur (en dépit de ce que j’ai pu lire ici ou là sur certaines de ses œuvres et de ses nominations régulières au Hong Kong Film Awards), mais là, il touche le fond entrainant son casting dans des abysses rarement atteintes.

Tout commence dans un laboratoire japonais en Malaisie. Des expérimentations sont menées sur des prisonniers pour en faire des surhommes. Aujourd’hui, une troupe cirque est justement à côté de ce labo secret qui a été enseveli. Sunny (Aaron Kwok), jeune benêt est le souffre douleur de ses collègues. Chu (Collin Chou) est le plus méchant avec lui. Evidemment, la petite troupe va tomber sur ce labo et inhaler le gaz qui va les transformer en mutant. Comme Chu est très méchant, il sera un méchant mutant. Comme Sunny est bien gentil les effets augmenteront sa bonté.

Par un concours de circonstance aussi crédible que possible, Sunny se retrouve sur une plage de Hong Kong et est recueilli par Angel (Shu Qi) journaliste de son état qui vient d’être mise à la porte. Elle se rendra compte que Sunny est spécial. Et tandis que les méchants mutants font des braquages de banque, elle s’occupe de la carrière artistique de Sunny. Il devient la coqueluche des hongkongais. Le jeu d’Aaron Kwok devient particulièrement gênant quand il fait de son personnage un grand garçon naïf à la limite de l’imbécillité. Sans doute cela est créé pour compenser le caractère vicieux de Chu et ses sbires, mais d’un côté comme de l’autre, on tombe dans le ridicule.

Alors, ça se bastonne, ça se castagne, ça se fait mal mais très vite on s’en fout parce que les combats se ressemblent tous (CGI à gogo) et sans hiérarchie. Ennui de ce coté là. Ennui aussi dans la partie romantique du film. Chui qui devient de plus en plus monstrueux (genre bodybuilder extrême) tombe amoureux d’Angel qui elle commence à en pincer pour Sunny qui le lui rend bien. Pire que cela, pour aller vers le marché chinois, le film ajoute deux personnages de flics spécialistes des mutants (ils ont tout en Chine). Ce couple, qui attend de se marier, est pris dans les rets de ces affrontements. En fin de compte, City under siege ne raconte rien sur notre monde et sur les relations entre les gens.

City under siege (全城戒備, Hong Kong, 2010) Un film de Benny Chan avec Aaron Kwok, Wu Jing, Shu Qi, Collin Chou, James Ho, Zhang Jingchu, Tie Nan, Yuen Wah, Richie Ren, Ben Wong, Karen Cheung, Terence Yin.

Quatre comédies de John Woo en DVD

Après la sortie des deux premiers films de John Woo début novembre, HK Vidéo sort maintenant quatre de ses comédies. C’est un événement exceptionnel puisqu’elles étaient jusque là inédites en France et qu’elles montrent un John Woo totalement différent de ses polars qui ont fait sa réputation. La comédie cantonaise est l’un des fleurons du cinéma de Hong Kong, le moins respecté pourtant l’un des plus féconds. Dans ces quatre films, l’acteur Ricky Hui a le premier rôle. Avec sa bouille d’imbécile, ses cheveux longs en bataille et ses yeux de cocker, on sait très vite qu’il va lui arriver plein de pépins. C’est un des ressorts comiques des quatre films. Son comique fonctionne en duo : avec Richard Ng dans Money crazy, avec Johnny Koo dans From riches to rags, avec Josephine Siao dans Plain Jane to the rescue et Stanley Fung dans To hell with the devil. Souffre-douleur, maladroit, romantique éperdu, Ricky Hui est le plus inconnu des frères Hui et ce coffret permet de découvrir son burlesque typiquement cantonais.